J'aurais voulu poster plus tôt, mais j'étais trop occupée à me décolorer les cheveux... anyway, bonne lecture ^^
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Je me gare et coupe le moteur avant de descendre de ma voiture et d'ouvrir le réservoir pour faire le plein quand une tape sur l'épaule me fait sursauter.
"Oh putain Éos j'en étais sûr que c'était toi !"
Immédiatement je sens mon visage se décomposer, reconnaissant la voix d'Alix. Sur toutes les personnes que j'étais succeptible de croiser, c'est sur Alix qu'il fallait que je tombe.
"Heu ouais... salut... Je... Euh j'ai pas trop le temps là, je passais ici par hasard."
"Oh aller, déconne pas ! T'as bien le temps de passer à la maison boire un verre, ça fait presque un an après tout !"
"Non, vraiment je crois pas que ce soit une bonne idée, j'ai pas envie de m'attarder ici."
"Juste un verre, ça prendra pas longtemps. Allez, en plus y'a personne à la maison de toute la semaine, mes parents sont partis avec mes soeurs et mon frère, tu pourrais au moins me tenir compagnie cinq minutes, non ? Pour un vieil ami ?"
Résigné, et parce que je n'ai pas la force de me battre avec lui à l'instant, j'abdique :
"Ok. Juste un verre. Pas plus."
Le garçon aux cheveux bleus saute de joie avant de me dire :
"Je passe un coup de fil et on y va ok ?"
Je soupire et acquiesce, de toute façon je n'ai plus trop le choix. Je vais payer l'essence, priant silencieusement pour que ma carte passe, je n'ai mis que le minimum dans le réservoir, juste pour rentrer chez moi, et ne plus jamais revenir, cette fois-ci était une erreur. Une de plus.
Quand je ressors de la petite boutique, avec en prime un paquet de cigarettes -je ne peux plus me passer de cette drogue et j'ai fini tout mon paquet sur la route pour venir tant j'étais stressé- je vois Alix plus souriant que jamais appuyé contre ma voiture. Le voyant sourire ainsi, je ne pu m'empêcher d'être saisi d'un mauvais presentimment, sachant qu'il est impossible qu'il soit si souriant rien qu'à l'idée de prendre un verre avec moi.
Je roule tranquillement jusqu'à la maison du bleu, et je suis étonné de constater à quel point rien n'a vraiment changé. Les mêmes jouets sont abandonnés ça et là dans la pelouse proche du bac à sable, la même façade claire... Comme si seul moi avait changé, et qu'ici tout était resté tel quel.
Nous descendons de ma voiture et Alix passe devant moi, peinant à retenir son sourire. Il déverrouille la porte et me laisse entrer.
"Je te sers quoi ? Un chocolat, un café ?"
"Un café. Ça ira." Je souffle, peu enchanté d'être là, trop près de tous ces souvenirs que je tente vainement d'enfermer dans un coffre fort que j'irais enterrer après avoir jeté la clef, comme on se débarrasse un corps sans vie qui nous pèse.
Le garçon commence à faire couler un café quand la sonnette de sa porte retenti. Il lève la tête, feignant un air surprit.
"Tu peux aller ouvrir, j'ai les mains prises." Mande Alix avec un sourire chafouin.
Je soupire. S'il m'a fait venir pour faire ses corvées je devrais partir directement.
Je déverrouille la porte et tombe dans le regard joyeux d'Élias. J'aurais dû me douter qu'Alix l'appellerai... Je lui serre la main et quand il rentre, alors que je vais pour refermer la porte, j'entends un petit couinement étouffé. Je me tourne de nouveau vers dehors et tombe sur une silhouette filiforme, figée, une main sur la bouche et les yeux écarquillés. Je me fige à mon tour. Ça ne se peut. Alix n'a pas pu me faire ça ! Si ?
Le châtain enlève doucement sa main de devant ses lèvres roses, faisant face à la surprise, alors que ses yeux brillent sous l'émotion. Toujours scotché sur place je ne peux esquisser un seul geste alors que lui m'offre un doux sourire, celui duquel je rêve depuis un an déjà.
Il fait un pas vers moi, puis un autre et la panique m'envahit. Je suis complètement flippé.
Comme pour me protéger, je croise mes bras sur ma poitrine.
Je recule, trébuche et manque de tomber, alors qu'Andrea m'approche doucement, comme on le ferait avec un animal apeuré. Les rôles s'inversent, je suis désormais la proie et lui le chasseur. Je peine à trouver mon souffle. Ma bouche s'assèche et mon cœur a des ratés. Je me retrouve alors acculé contre la table du salon, la porte d'entrée toujours ouverte, mais ce n'est pas ce qui occupe à présent mon esprit. Non, je suis obnubilé par le châtain, qui est devant moi, tellement réel, tant que je pourrais le toucher, rien qu'en tendant la main. Mais je ne peux pas. Il ne faut pas. Je lui ferait encore du mal, comme un enfant qui sert un papillon dans ses petits poings pour lui éviter de s'envoler, lui brisant ses ailes fragiles.
Alors que je veux toujours fuir, à deux doigts de la crise de panique, pour le préserver de moi-même, le châtain m'appelle de sa voix étranglée :
"Éos... Éos, s'il te plait." Il plonge ses yeux, luissants de larmes qu'il tente de refouler, dans mon propre regard et ajoute : "Laisse-moi te toucher."
Il tends la main vers mon bras, et je regarde presque avec horreur la pulpe de ses doigts longs et gracieux entrer en contact avec mon épiderme, me provoquant un frisson démentiel, la chair de poule recouvrant ma peau, et c'est à cet instant que je craque.
J'attire mon châtain dans une étreinte, sachant pertinemment que j'enfreind mes propre règles, mais la vérité c'est que rester si loin de lui alors qu'il est pourtant si proche est impossible, une vraie torture.
Il fond en larmes et moi aussi. Tant est si bien que je serais incapable de dire lequel de nous deux soutient l'autre pour ne pas qu'il s'effondre.
Je me laisse aller dans son étreinte, respirant son odeur qui m'appaise autant qu'elle blesse.
Je l'entends soudain murmurer tout contre ma peau un petit :
"Je suis désolé... Je t'aime Éos."
Et c'est ce qui me brise entièrement. Mes jambes se dérobent et je me retrouve au sol, toujours dans les bras du châtain qui a accompagné le mouvement.
Il ne peut pas être désolé, c'est moi qui doit l'être, c'est moi qui doit porter la responsabilité de ses actes, s'il ne m'avait pas parlé ce matin-là dans le bus, rien de mauvais ne lui serrait arrivé, tout est de ma faute, à moi et mon incapacité à comprendre ce qui m'entoure. Je suis le coupable, je dois être désolé, pas lui. Et il ne peux pas m'aimer non-plus ! Pas alors que je veux prendre mes distances et le laisser tranquille, pour plus le blesser.
Je suffoque, les pleurs encombrent ma gorge et je ne sais plus comment on respire, je m'étouffe.
Et au milieu de tout ce merdier, la voix d'Andrea, claire, limpide, apaisante. Et il trouve encore le moyen de me consoler alors qu'il pleure lui aussi. Je sens sa main glisser dans mes cheveux, un geste que j'ai tant aimé par le passé, et alors j'abandonne. Je sens mes forces me quitter tandis que mon esprit refuse de lutter plus longtemps et je m'endors -ou plutôt je sombre- contre mon châtain, complètement vide de toute énergie, faute aux cauchemars à répétition et aux soirées trop fréquentes, a la vie toxique que je mène. Et comme si mon esprit était enfin apaisé de le sentir près de moi, je glisse, dans un vrai sommeil, sans rêve mais doux et réparateur.
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𝐴𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝐸𝑐𝑙𝑎𝑡𝑠, 𝑝𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑒
Novela Juvenil-Suite de Comme un papillon dans un bocal, attention, ce résumé peut contenir des spoils du tome 1- Cela va faire un an. Un an qu'Andrea est sorti de la vie d'Éos, et un an qu'il ne le sort plus de sa tête. De l'autre côté de l'Atlantique, le châta...