La perle du donjon

Chapitre 16

Les bourrasques de vents se faisaient sentir de manière répétitive, ravageant sur leurs passages des feuilles mortes ramassées au loin. Debout sur le perron et sous le toit qui débordait légèrement, Paolo observait le ciel s’assombri. Les reflets dorés qui teintaient le vaste étendue azure avait laissé place à des couleurs sombres.

-On devrait rentrer pour être confortables, proposa Auguste.

Les deux hommes travaillèrent sur les derniers points cruciaux pour boucler le dossier du cartel en ce qui concernait leur activité dans le donjon.

-Vas-y toi répondit Paolo d’une voix désintéressée.

-Un orage va certainement bientôt éclater, renchérir Auguste.  

C’était bien là ce que craignait Paolo en inspectant si minutieusement le ciel. Il allait sans nul doute bientôt avoir un orage et rien qu’en pensant que la jeune femme retenue prisonnière dans ce donjon serait probablement seule dans sa chambre, dans le noir l’inquiétait grandement. Il entra précipitamment dans le séjour et ramassa une veste suivit de la clé de sa voiture.

-Ne me dis pas que c’est pour aller retrouver cette jeune fille, car tu compromet peu à peu l’enquête et tu le sais, s’emporta Auguste surpris par le comportement de son supérieur.

-Je suis suffisamment mature pour réfléchir seul, répondit Paolo avant d’entrer dans sa voiture.

Il roula aussi vite qu’il pouvait dans le sentier étroit du village en déviant avec grande facilité les arbres qui se pointait au milieu du chemin. Des cordes s’abattaient sur la terre rêche de l’Italie lorsque Paolo gara sa voiture devant le donjon. Il pénétra dans le donjon avec ses affaires en mains. Après avoir contourné quelques couloirs sans faire attention aux personnels qui s’inclinaient pour le saluer, il s’immobilisa afin devant la suite qu’il avait payé pour la sécurité d'Émeraude. À sa grande surprise, celle-ci était fermée. Sortant son trousseau de clé, Paolo pénétra enfin à l’intérieure englouti dans le noir, seul une bougie brûlait faiblement sur la table.

Inquiet, Paolo se rapprocha du lit, et frôla le corps de la jeune femme étendue sur le lit. Sa respiration était saccadée montrant un sommeil agité. Paolo jura des choses anodines dans sa langue natale avant de caresser le visage de la jeune femme. Son cœur se gonfla lorsqu’il remarqua que des larmes mouillaient son visage. Toute suite, il la réveilla en lui caressa les cheveux.

Émeraude ouvrit les yeux aussitôt en frissonnant. D’abord apeurée en pensant que Dimitrio s’était infiltré dans sa chambre malgré qu’elle ait verrouillé la porte, son sang glacé retrouva son aspect normal lorsque le parfum viril de Paolo lui titilla le nez.

-Paolo, cria-t-elle d’une voix troublée en se jetant dans ses bras.

Sans s’en rendre compte, les larmes avaient de nouveau repris leur course sur sa joue. Ses sanglots se joignaient aux bruits de la pluie qui tombait sur le toit, cassant le silence de la chambre. Quant à Paolo, le coeur lourd, il avait enroulé son bras autour de la taille de la jeune femme afin de la rapprocher plus près de lui. Sans se soucier qu’elle ne comprenait sans doute aucun mot de ce qu’il lui disait, Paolo lui murmurait des mots apaisants dans sa langue natale, aux creux de ses oreilles, ce qui avait l’air de marcher.

-Paolo, répéta Émeraude  de sa voix morose.

-Calme-toi chérie, je suis là maintenant, répondit-il de sa voix rauque.

Lovée dans les bras de Paolo, Émeraude bénissait le ciel de sa venue. Après avoir quitté le couloir en courant, elle s’était aussitôt affalée dans son lit suite à des heures de réflexion. Émeraude bénissait énormément le ciel de l’avoir conduire à elle.

-Ça va mieux ? Questionna Paolo inquiet.

Émeraude souleva la tête pour l’observer. Grâce aux reflets faibles de la bougie, Émeraude pût distinguer ses yeux mordorés qui brillaient suivant la dance de la flamme.

-Pourquoi es-tu venu ? Demanda-t-elle chaleureusement.

-J’avais le pressentiment que tu avais besoin de moi, répondit-il.

Émeraude laissa échapper un drôle de rire suite à sa réponse. Elle était d’ailleurs surprise du fait qu’être dans les bras de cet homme pouvait la réconforter. Une chose lui faisait plaisir, Émeraude n’était jamais tombée amoureuse auparavant, mais il faillait être fou pour ne pas se rendre compte que les choses se passaient dans les deux sens entre eux.

-Ainsi donc je te manquais, dit Émeraude. Coup de foudre tu penses ?

Paolo regardait les yeux pétillants de la jeune femme. Il n’avait rien eu à forcer avec elle, les choses se déroulaient normalement. Paolo se rappela des images fugaces de la jeune femme qui avaient inondé son esprit après l’avoir quitté il y avait quelques jours. Juste par obsession de la retrouver près de lui, Paolo avait travaillé sans relâche jours et nuits pour boucler un dossier du donjon afin de s’attaquer à celui d’un autre secteur d’influence du cartel, il ne fallait donc plus se voiler la face se dit-il.

-Certainement cara, répondit-il en capturant avec empressement ses lèvres ouvertes.

Il ne pouvait plus se retenir, le goût sucré qu’avaient ses lèvres l’avait laissé dans un état de dépendance. Quant à Émeraude, elle ne tarda pas à se redresser sur ses genoux afin de mieux se prélasser contre lui. Leur baiser semblait s’éterniser et Émeraude appréciait cela, toutefois, les mains de Paolo ne descendaient pas plus bas que la chute de ses reins, ce qui lui comprimait le cœur. Est-ce par respect ? Ou simplement qu’elle ne l’attirait pas assez ?
Émeraude se décourageait peu à peu dans son jeu de séduction visant à l’inviter plus loin. Paolo décolla ses lèvres des siennes lorsqu’il comprit ce que désirait Émeraude. La jeune femme souhaitait qu’il lui fasse l’amour, ce qui était loin de le déranger, mais Paolo trouvait horrible de posséder son corps dans un lieu pareil. Non, songea-t-il en se levant. Lui fait l’amour dans ce donjon lui donnait l’impression d’avoir acheté son corps.

-Que fais-tu ? Questionna Émeraude d’une voix sourde.

Paolo percevait une bride de fureur dans sa voix, ce qui l’amusait grandement.

-Je suis mouillé, il me faut prendre une douche, répondit Paolo en lui baisant le front.

Furieuse, Émeraude jeta au sol l’un des coussins qui peuplaient son lit. En effet elle avait longuement réfléchi un peu plus tôt ce matin avant de s’endormir. Dimitrio avait les yeux sur elle, c’était une évidence.

Émeraude n’avait donc plus que deux choix à présent et elle le savait. Soit elle s’offrait à l’homme qui faisait battre actuellement son cœur, et profiter d’un moment mémorable soit elle choisirait de garder sa virginité et elle se fera sans nul doute violée par Dimitrio. Entre les deux, Émeraude avait très vite faire un choix. Lorsqu’elle comprit que Paolo avait fini sa douche, Émeraude se déshabilla très rapidement puis se réfugia dans le noir.

-Je suis là, dit Paolo en quittant la douche.

Émeraude attendue que Paolo s’assied sur le lit avant de s’approcher lui. Grâce au parfum naturel de la jeune femme, Paolo pouvait deviner que cette dernière se trouvait juste en face de lui mais hélas, la bougie ne l’aidait en rien à la voir.

Émeraude souleva la main de Paolo pour la poser dans son dos nu. Ce dernier laissa échapper un soupir lorsqu’il comprit qu’elle était nue.

-Émeraude, grogna Paolo d’une voix lourde.

-Oui, répondit-elle innocemment.