Chapitre 24

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Le soir venu, Émeraude était debout en face de l’une des fenêtres de sa chambre lorsque Paolo entra. Ses cheveux rebelles étaient attachés dans un chignon négligeant au centre de sa tête, laissant échappé quelques mèches. Son regard perçant était rivé sur le paysage aux couleurs harmonieuses qui se peignait sous ses yeux.

-C’est un plaqueminier, commença Paolo en venant se poser dans son dos.

Son corps d’Apollon recouvrit entièrement Émeraude, et instinctivement la jeune femme ferma les yeux. Cette chaleur elle l’avait ressenti il y avait longtemps songea-t-elle. Enfermée dans cette caverne et livrée au froid, Émeraude ne pouvait plus mettre un chiffre sur le nombre de prière qu’elle avait égrainé. Une ; deux ; six….Peu importe conclu-t-elle ! Au début elle les comptait, et à l’aide d’une pierre elle les marqués sur un mur pour ne pas devenir folle. Émeraude secoua légèrement la tête afin de quitter sa torpeur. L’image de Paolo était la seule chose qui lui avait permit de se battre et à présent il était juste là, derrière elle.

-Il est gigantesque, répondit enfin Émeraude.

-Oui il l’est, confirma Paolo en lui prenant la main.

Surprise, Émeraude tourna sa tête sur le côté et rencontra le regard de Paolo. D’un signe de main, il lui ordonna de le suivre. Ce qu’elle fit après qu’il lui ait passé sa veste sur les épaules. Mains dans les mains, Émeraude suivait Paolo dans les couloirs de l’hôpital sans rien dire. Son esprit lui criait de faire demi-tour, mais elle se convainquait en se disant qu’elle ne craignait rien avec Paolo. Aussitôt avait-elle posé les pieds au dehors qu’une bourrasque de vent la fouetta au visage. Quant à Paolo, il avait les yeux rivés sur un panneau enfoncé dans la terre. Quelques lettres semblaient avoir été retranché, rendant difficile la lecture. Il avait le regard peiné, soucieux et Émeraude ne manqua pas cela.

-Tu sembles déjà venu ici, commença Émeraude.

Tiré de ses pensées, Paolo arima son regard au tien avant de lui offrit un sourire sans joie.

-Une merveilleuse petite fille est née ici, répondit Paolo d'une voix traînante en lui désignant le chemin à suivre.

Paolo l’a conduisit sous le plaqueminier, tout en gardant sa main soudée à la tienne. Dans un fond de lumière douce, Émeraude regardait briller les yeux mordorés de Paolo. Elle y vit les multitudes de promesses ainsi que de regret qu’il ne prenait plus la peine de lui susurrer à l’oreille.

-Paolo, commença Émeraude d’une voix douce.

Ce dernier lui mima de se taire puis lui pris la main. Elle ouvrit la bouche pour répliquer mais elle s’y résigna. Sentir le visage de son amant s’y près, donnait un rythme plaisant à son cœur.

-Ne dis rien je t’en prie, lui murmura Paolo à l’oreille.

Ébahie par la douceur de sa voix, Émeraude en oublia presque tous ses péripéties. Dans l’espace d’un court instant, Paolo écrasa ses lèvres sur les tiennes la faisant presque vaciller. Émeraude accueillie les lèvres charnues et chaudes de son amant avec empressement. Oubliant presque le chant des hirondelles autour des branches du plaqueminier, Émeraude enroula ses bras autour du cou de Paolo, qui approfondi aussitôt leur baiser. Le souvenir des touchés fiévreuses de Paolo sur son cœur et des milliers de frissons qui en résultaient, revint en cascade dans les pensées d'Émeraude.  Elle se souvenait à présent de la raison pour laquelle elle était tombée amoureuse de cet homme ; en effet Paolo avait une manière particulière de la faire sentir unique.  

-Je les ferai payer, je te promets, lui murmura Paolo entre deux baiser.

Émeraude redressa la tête pour contempler Paolo. Une lueur de feu brûlait dans ses prunelles, signe qu’il ne prenait rien à légère. Pouvait-elle l’empêcher de ressentir une telle haine envers le donjon ? Non songea-t-elle. Son cœur brûlait au-dedans d’elle rien qu’en pensant à la cruauté dont-ils avaient fait preuve envers elle. Toutefois Émeraude avait compris une chose, dans leur monde le temps passait trop vite, et chaque minute comptait. La jeune femme ne pensait plus à comment se venger mais plutôt à profiter de son amant, car oui, Émeraude était amoureuse, éperdument amoureuse.

-Je désire juste être heureuse, avoua la jeune femme les yeux pétillants d’espoir.

Paolo d’abord surprise la contemplait attentivement. Ce bout de femme dans ses bras venait de passer des semaines à airer dans la forêt. Elle venait de sortir d’un donjon, où elle avait vécu le martyr, et pourtant tout ce qu’elle désirait était d’être heureuse.

-Tu le seras carra, tu le seras, promit Paolo d’une voix solennelle.

De l’autre côté de l’hôpital se trouvaient Sergio et Kate assis autour d’une table. Tandis que Kate avait les yeux rivés sur les deux amoureux qui s'embrassaient langoureusement sous le plaqueminier, Sergio claquait férocement des ordres au téléphone dans sa langue natale.

-Kate vous allez bien ? Questionna-t-il après avoir raccroché son téléphone.

Cette dernière hocha vigoureusement de la tête en essuyant quelques larmes qui perlait son visage. Sergio connaissait le côté hyper sensible de Kate, alors il ne s’inquiétait pas trop.

-Elle est si jeune, dit Kate d’une voix triste.

Sergio hocha uniquement de la tête. En effet oui songea-t-il, Émeraude était une jeune femme. A peine avait-elle atteint la vingtaine que déjà elle avait connu le pire.

-Elle mérite d’être heureuse, commenta Kate avec un sourire triste.

-Elle le sera Kate, elle le sera, promit Sergio solennellement.

Le téléphone portable de Sergio se remit à retentir de nouveau. Kate jeta sur lui un regard interrogateur. Le duc Montefeltro affichait une expression impénétrable mais derrière cela se cachait un bonheur immense.

-Sans nul doute il s’agit de Naama, dit-moi si je me trompe, Commença Kate l’air taquin.

-Figures-toi qu’elle prévoir organiser un dîner à la villa de Milan, se plaignit Sergio.

Kate éclata de rire suite aux propos de Sergio. Elle aimait bien le goût qu’avait la jeunesse en compagnie de ses hommes et femmes. L’amour se conjuguait dans un parfait accord entre eux, et derrière chaque prise de tête se trouvait une déclaration imminente. 

-Je vais devoir m’apprêter pour la fête, ironisa Kate.
 

La perle du donjon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant