Chapitre 15

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Aujourd'hui était l'un des jours particuliers qu’Émeraude détestait vivre. C'était le jour dédié pour le cours de sexologie. Maîtresse Agatha était devant, fouet à la et dispensait le cours. Si on oubliait un peu le cadre, cette scène correspondait parfaitement à ce qu'avait vécu Émeraude pendant la majeure partie de sa vie, les cours. Assise au fond de la salle, avec Tess à ses côtés, Émeraude songeait. La vie au dehors lui manquait. Prendre une glace à saveurs variées, des friandises. Dans ce lieu pourri, elle était presque en régime tous les jours. Il fallait se faire peser chaque fois dans le bureau d'Andreï afin qu'il s'assure du plaisir des clients. Une bourrasque souleva la masse de cheveux d'Émeraude, et elle batailla pour y mettre de l'ordre de nouveau. Le temps changeait songea-t-elle. Ça faisait deux semaines qu'elle vivait dans cette maison close et pourtant la vie au dehors ne semblait pas changée pour autant. Les saisons continuèrent de faire leur ronde convenablement, le soleil surplombait toujours royalement le ciel, tandis qu'elle, elle mourrait peu à peu dans ce lieu immonde.

-Je t’ennuie Émeraude? Questionna maîtresse Agatha de sa voix trop oppressante.

Émeraude qui avait la tête tournée vers l'extérieur, ramena enfin ses yeux sur maîtresse Agatha. La haine voilait toujours son visage.

-Je t'ai pose une question hurla maitresse Agatha.

Allait-elle lui répondre, réfléchissait Émeraude. Pendant les quelques jours qu'elle avait passé hors de son joug, Émeraude avait eu le temps d'apprendre beaucoup plus sur elle grâce à Veronica. En effet, le titre de maîtresse, elle l'avait gagné en se retrouvant dans une situation exactement comme la tienne. Un homme avait pris goût à ses atouts sexuels et l'avait mis au large pour en faire sa favorite. D'où elle avait gagné le titre de maîtresse en compensation à celle de la perle. Hélas, l'homme s'était lassé d'elle au bout d'une semaine. Suivant la logique, Émeraude pouvait également être appelée maîtresse, puisqu'elle était également mise au large par Paolo. Émeraude se demandait si Agatha méritait une réponse.

-Non je ne suis pas ennuyée Agatha, répondit-elle.

Ce fut la totale pour maîtresse Agatha. Ce manque de respect elle n'allait pas le toléré. Quant à Émeraude elle n'avait guère peur, calmement assise sur son banc, Émeraude observait maîtresse Agatha se décomposer au milieu de la salle.

-Répète ça un peu, ordonna-t-elle.

Émeraude échafauda un léger sourire. Elle s'apprêtait à se répété lorsque Tess se leva brusquement sans manquer de tomber.

-Elle voulait dire maîtresse, rectifia Tess d'une voix hystérique.

Émeraude la regardait surprise. Toutefois, elle ne fit rien pour la contredire. Après quelques minutes passées à lancer des éclairs à Émeraude, maîtresse Agatha retourna à son cours. Quant à Émeraude,
elle priait silencieusement que ce cours prenne fin. Et une fois que ce fût le cas, elle se précipita dans le bureau d'Andreï. Après avoir asséné deux ou trois coups à la porte, la voix d'Andreï retentit à l'intérieur.

-Entrez, dit-il sèchement.

Émeraude inspira très fort pour amasser le plus d'air que possible. Chaque fois qu'elle croisait Andreï, ses poumons semblaient ne plus fonctionner et les souvenirs du jour où il l'avait battu presque à
mort se mettaient à couler dans son esprit tel un torrent. Quittant sa torpeur, Émeraude entra dans le bureau.

-Bonjour monsieur, marmonna-t-elle.

Andreï baladait ses yeux pervers sur Émeraude sans vraiment penser à elle. Ses longs cheveux noirs lui donnaient toujours envie d'y glisser les doigts. Carine était une belle femme songea-t-il.

-Que veux-tu? Questionna-t-il durement.

-Vous.. Enfin vous m'aviez dit le jour de ma venue ici, que si mes comportements vous satisfont, vous me ferez également plaisir, commença Émeraude.

Andreï Markov la regardait d'une manière imposante, il semblait réfléchir.

-Et je crois bien t'avoir entendu dire que tu n'avais que faire de mes faveurs, donc cette grâce n'est plus disponible pour toi, répondit-il sèchement.

Les yeux se mirent à la piquer tout à coup. Le regard dur d'Andreï lui brûlait le cœur.
En effet, Émeraude avait songé profiter du fait qu'elle était mise au large afin de changer de chambre à sa meilleure amie, Tess, hélas. Comment avait-elle cru qu’Andreï tiendrait promesse.  Les yeux mouillés, Émeraude hocha simplement la tête puis lui fit dos pour fuir de son bureau.

-Un instant jeune fille, ordonna Andreï.
Le timbre de sa voix était si fort qu’Émeraude s'immobilisa sans le vouloir.

Andreï se leva de son siège et vint se mettre debout près d'elle, le regard toujours aussi sévère.

-Ne t'habitue pas trop à ton client car crois-moi, aussitôt qu'il se lassera de toi, aussitôt je te mettrai dans le lit d'un autre, prévint Andreï d'une voix menaçante.

Émeraude crû d'abord s'effondre suite à sa menace. Prenant ses jambes à son cou, elle dévora les longs couloirs à pas de course. Essoufflée, les yeux en larmes, elle s'adossa contre un mur et se laissa glisser sur le sol. Elle pleurait sa tristesse, elle pleurait sa malchance, son malheur. En effet Émeraude tombait de haut. Elle pensait être en sécurité mais il en était rien. Tandis qu’Émeraude était assise sur le sol et pleurait son malheur, une autre hurlait et agonisait juste dans la chambre en face.

Émeraude se leva aussitôt lorsque des brides de larmes venant d'ailleurs lui parvinrent aux oreilles. Délicatement, elle se rapprocha de la chambre, les cris se multipliaient, accélérant ainsi son rythme cardiaque. Le cœur battant, Émeraude poussa la porte et retint un cri d'horreur.

La perle du donjon ne sût lorsque, son dos cogna lourdement le mur. Dimitrio était là. Il était nu, d'une main, il retenait fermement les poignets d'une jeune femme étendue au sol. De l'autre, il lui assénait des coups pour qu'elle arrête de bouger. La jeune fille avait arrêté de hurler, ses yeux vitreux fixaient profondément ceux mouillés d'Émeraude. C'était un regard suppliant, un regard qui implorait à l'aide.
Un regard qui appelait à une prise de conscience. L'évidence était qu'elles allaient toutes y passées, y compris elle, songea Émeraude. Le viol était inévitable dans ce lieu. Dimitrio se leva du dessus la jeune fille en sueur. Cette dernière était étendue sur le sol, inconsciente. Quelques gouttes de sang perlaient le carrelage, juste en dessous du sexe de la jeune femme. Émeraude eut le haut le cœur en comprenant que cette dernière était certainement vierge avant le viol.

-Ton tour ne saura tarder jeune fille, le rêve de Cendrillon a pris fin avant minuit, menaça Dimitrio avec un sourire large sur les lèvres.

La perle du donjon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant