Chapitre 20

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Debout dans son bureau, Paolo observait de loin les feuilles du saules pleureur dansées avec le vent. Le claquement des volets contre les murs solides de la maison, ne faisait qu’augmenter sa colère. Un orage se préparait et le ciel était déjà teinté de couleur sombre. De loin, il percevait des bruits d’animaux provenant de la forêt.

Exhalant un énième soupire, Paolo se retourna brusquement puis renversa dans un mouvement rapide le mémorable vase de galet qui trônait sur son bureau. Le vase se brisa en mille morceaux éparpillés sur le sol de marbre. Bouillonnant de colère, Paolo promena son regard dans toute la pièce à l’affut d’un objet sur lequel il pourrait de nouveau faire passer sa colère. S’apprêtant à décrocher du mur l’honorable œuvre d’art peignant une vierge, une main l’arrêta fermement dans son élan.

-Paolo ! Interpella Auguste.

Paolo retira brusquement sa main puis s’éloigna vers la baie vitrée. Des soupirs voilant une rage immense se faisaient entendre de sa gorge.

-Garde ton calme Paolo, implora Auguste, nous la retrouverons.

Paolo poussa un juron puis un rire amer.

-Plus d’une semaine déjà que je garde patience, j’en suis à bout, avoua Paolo en calant sa tête contre la vitre.

-Les recherches vont de bon train, ne t’inquiète argumenta Auguste si vite qu’il se trahissait lui-même.

Paolo se retourna puis lui face. Une partie de lui s’en voulait de se comporter d’une manière si peu professionnelle devant son collègue et assistant mais il ne pouvait se retenir. Le juge Bianchi n’avait pas honte du fait que ses sentiments prennent le dessus sur sa carrière. D’ailleurs, même sa conscience était en accord avec lui sur cette route glissante.

-Comme avocat je trouve que tu m’en très mal, commenta Paolo pour voiler sa colère.

D’abord déboussolé, Auguste chercha vainement ses mots afin de se rattraper auprès de son supérieure et ami. Sachant que c’était une peine perdue, il se résigna alors et haussa les épaules. Il avait conscience que Paolo méritait son titre de meilleur juge, alors il essayait d’être aussi efficace que possible à ses côtés.

-J’essayais juste de te…

-Je sais ce que tu essais de faire Auguste, le coupa Paolo. Mais me mentir ne me réconfortera aucunement.

Paolo plia les manches de sa chemise, et pris entre ses mains la tasse de café déjà froide. Il n’avait pas réellement envie de le boire, mais il en avait besoin pour rester en éveil, encore. Émeraude avait disparu il y avait exactement neuf jours, et l’on pouvait compter le nombre de jour de sommeil que s’était permit Paolo. De nombreuses cernes violacées encombraient les entours de ses yeux marron, prouvant qu’il avait abusé des nuits blanches. Après deux et trois gorgées, il posa de nouveau la tasse sur la table puis s’abaissa.

-Voilà des jours déjà qu’elle a disparu et je n’arrive toujours pas à la retrouver, dit Paolo les yeux perdus sur le sol.

Auguste releva les yeux sur Paolo accroupis sur le sol puis exhalant un soupir de compassion.

-Les recherches se poursuivent toujours Paolo, répondit Auguste.

Pour toute réponse, Paolo hocha simplement de la tête. Auguste profita de son silence pour s’éclipser du bureau. Un roulement de tonnerre se fit entendre et Paolo ferma aussitôt les yeux. Le parfum fruité d'Émeraude lui manquait. Ses cheveux noirs aussi doux que la soie lui manquait. Son visage morne qui souriait quelques fois mais qui n’avait pas la force de rire lui manquait. Le cœur de Paolo se comprima lorsqu’il entendit la pluie s’écroulée en cascade sur le toit. Ses pensées voguaient aussitôt vers Émeraude.

La perle du donjon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant