Lasse de faire des efforts, Paolo referma le dossier qu’il examinait il y a peu et se tourna totalement vers Émeraude. La jeune femme était allongée dans un sofa dans le bureau de Paolo, et tenait entre ses mains, un vieux dossier qu’elle avait ramassé sur l’escabeau en face. De temps à autres, le jeune juge l’épiait, incapable de résister contre le rouge de ses lèvres pulpeuses. Était-elle inconsciente de sa beauté ? Se questionna Paolo en se passant une main sur le visage.
Au même instant, Émeraude s’étira puis déposa le dossier. La jeune femme redressa la tête, et rencontra le regard de Paolo qui la fixait intensément, ce qui la fit rougir de la tête aux pieds.
-Tu as besoin de quelques choses ? Question Émeraude pour détendre l’atmosphère.
Voyant que Paolo ne cilla guère et ne lui répondit pas non plus, Émeraude fut troublée au plus haut point. C’était bien la première fois que Paolo portait sur elle un regard aussi brûlant et possessif à la fois, remarqua-t-elle. Les autres fois, il se contentait d’un regard profond, mais qui ne durait pas assez longtemps afin de la déstabiliser. La mettait-il à l’épreuve ? Se questionna Émeraude la tête baissée.
Mais de quoi ? Jamais il n’avait adopté cet air si sérieux à son égard.Aucun sourit n’illuminait son visage, il était là, mains dans les poches et debout en face d’elle avec sa carrure imposante. Rouge comme une pivoine, le cœur d'Émeraude rata presqu’un battement lorsqu’elle vit l’ombre de Paolo la recouvrit entièrement.
-Un café ! Voilà tu désires certainement un café, balbutia Émeraude en se frayant un chemin à pas de course.
Adossé au mobilier de son bureau, Paolo observait la jeune femme fuit littéralement. Il aurait pu en rire si seulement, la flamme qui le consumait en son sein était des moindres. D’un geste rapidement, il arrêta Émeraude en enroulant une main autour de sa hanche. Paolo serra convulsivement les dents, lorsque la finesse de la taille de la femme lui revint en tête.
Émeraude avait le cœur qui battait si fort qu’elle craignait que Paolo ne l’entende. La jeune femme se souvint avoir fait l’amour avec lui plus d’une fois mais jamais songea-t-elle, jamais elle n’avait jamais été aussi proche de lui qu’en ce moment. Vu de si près, Émeraude remarqua que la couleur mordoré qui brillait dans les yeux de Paolo, tendait plutôt sauvagement vers le noir. Ses sourcils étaient épais, bien alignés et une petite cicatrice brillait juste en dessous de ses yeux. Émeraude ramena délicatement ses yeux sur les lèvres de Paolo qui n’étaient que deux fentes rosées.
Tandis que son front butait contre le torse de Paolo, Émeraude posa délicatement une main sur l’épaule de ce dernier pour ne pas s’évanouir, car la jeune femme sentait déjà ses jambes l’abandonnées. Émeraude avait l’impression d’être dans les bras d’un inconnu, alors elle posa une main sur son ventre, afin de caresser la masse qui s’y trouvait.
-Pa…Paolo ! Balbutia Émeraude.
-Oui, répondit-il de sa voix grave.
Les yeux plongés dans ceux de la jeune femme, Paolo n’arrivait pas à se détourner de son regard. Il se plaisait bien à contempler les rougeurs qui s'étalaient sur le visage pale de cette dernière.
-Qu’est-ce qui se passe ? Questionna-t-elle.
Un sourit se dessina sur les lèvres de Paolo suite à la question d'Émeraude. A présent il comprenait le comportement de ses amis à l’égard de leurs femmes. Il était complètement fou de ce bout de femme qui l’observait avec un regard apeuré.
-N’ai-je pas le droit de profiter de ma femme ? répondit Paolo en se redressant entièrement.
Sa femme ? Émeraude sentit son cœur fait un bon dans sa poitrine. Paolo l’avait dit d’une voix si franche que la jeune femme se demandait s’il s’était rendu compte de ce qu’il venait de dire.
-Pa..Paolo ! Balbutia de nouveau Émeraude cette fois plus confuse que la première fois.
Paolo ne pris pas la peine de lui répondre mais il posa aussitôt ses lèvres dans le cou dégagé d'Émeraude. Cette dernière hoqueta presque en sentant les lèvres chaudes de Paolo sur son corps tendu. Debout comme un piquet, elle subissait les assauts de Paolo sans pouvoir l’arrêter. Mais voulait-elle l’arrêter ? Émeraude ferma les yeux lorsqu’elle se sentit soulever dans l’air. Instinctivement elle enroula ses jambes autour de Paolo, qui l’amena avec lui dans le large sofa juste en face d’eux. Allongée de nouveau dans ce sofa, Émeraude sentait le tee-shirt rouge qu’elle avait troqué contre sa robe un peu plus tôt dans la matinée se soulever. Allait-il lui faire l’amour ? Se demandait Émeraude.
La jeune femme sentait une chaleur embrasée son ventre, et son corps tout entier. L’enfant dans son sein reconnaissait-il la présence de son père ?
Paolo venait de poser ses lèvres sur le galbe de ses seins avec une main posée sur le renflement au niveau de son bas ventre lorsqu’Emeraude ouvrit les yeux. Leur enfant, pensa-t-elle les yeux tout à coup assombrirent par les larmes.
-Ta mère n’acceptera jamais mon enfant, dit Émeraude d’une voix cassée.
Paolo qui s’apprêtait à rompre les agrafes qui retenaient encore le soutien-gorge d'Émeraude en place se figea aussitôt. Il se redressa en émettant un grognement mais rien de plus. Émeraude qui avait attendu plusieurs minutes qu’il dit quelques choses, sentit son cœur se comprimer.
-Paolo ! Interpella-t-elle.
Ce dernier qui s’était complètement redressé, tourna son regard sur Émeraude. Cette dernière avait les yeux gorgés de larme, ce qui déplu grandement Paolo. D’une main, il rattrapa une goutte de larme qui c’était faufilée sur la joue d'Émeraude.
-Je t’ai enceinté Émeraude, commença-t-il, et j’assume la responsabilité.
-C’est tout ? S’emporta Émeraude en se levant.
Cheveux entremêlés et à moitié nue, Émeraude se leva avec fureur sur le regard vide de Paolo. Se sentant bafouer, elle quitta le bureau à pas de course et les larmes aux yeux.
Paolo se plaça devant la baie vitrée les mains dans les poches. Ses yeux se perdirent sur le saule pleureur au loin tandis que ses pensées s’envolèrent vers ses jeunes années passées ici. Paolo se souvint des années où, les jeunes filles du village, se plaisaient à le désigner comme étant l’auteur de leur grossesse. Bien qu’elles mentaient toutes, il se souvint encore du traitement que sa mère réservait aux plus courageuses, qui soutenaient leur mensonges au point de venir se présenter à elle dans leur villa. Il ferma ses yeux lorsqu’il se souvint de la jeune Sara, qui avait perdu sa grossesse suite à une chute dans les escaliers de leur villa. Dame Bianchi l’avait battu à un point où la jeune femme avait défaillir dans les escaliers. Paolo se souvint d’être rentré à la maison en ce moment, il avait été témoin du sang du fœtus qui coulait goutte à goutte sur les marches de l’escalier. Paolo avait quitté la maison cette nuit-là même, et il avait attendu le lendemain pour prendre l’avion pour Seattle.
Debout sur le balcon de sa chambre, Émeraude resserra les cordes de son kimono lorsqu’une bourrasque de vent la fouetta au visage. Le visage encore mouillé, la jeune femme pleurait encore, en repensant au regard vide et absent que Paolo avait posé sur elle avant de la laisser quitter son bureau. Toute la journée elle avait espéré le voir apparaitre dans leur chambre pour se faire pardonner, mais rien. Seul les éclats de sa voix lui était parvenus, assénant des ordres claires et dures dans la maison. Émeraude s’avoua le cœur lourd qu’elle était tombée enceinte d’un maniaque du boulot. Était-elle si invisible à ses yeux ? Se questionna douloureusement la jeune femme.
Pendant toute la journée, toutes les phrases qu’elle avait pu entendre de lui, parlaient toutes du donjon. Le donjon et encore le donjon. Verra-t-il pousser son ventre ? Se questionnait Émeraude. Paolo verra-t-il grandir leur enfant ? Ou sera-t-il un père absent comme le tien ?
Une autre larme roula sur sa joue lorsqu’elle se souvint que son père prétendait également être débordé au boulot afin de justifier ses absences. La vérité était que Émeraude espérait que Paolo s’implique plus dans la construction de leur futur et de celui de leur enfant.
Tandis que les éclairs de la foudre se dessinaient dans le ciel, Émeraude vit la voiture noir de Paolo quittée la demeure tard la nuit, en se faufilant dans le sentier au milieu des arbres bordant le chemin. Ainsi donc il n’allait pas passer la nuit avec qu’elle songea Émeraude. Enroulant ses bras autour de son ventre, Émeraude regagna son lit avec une pointe de jalousie dans son cœur.
![](https://img.wattpad.com/cover/179570923-288-k435210.jpg)
VOUS LISEZ
La perle du donjon
RomanceÉmeraude était assoiffée de liberté, bien qu'elle ne se l'avouait pas. Hélas la jeune femme commis l'erreur de répondre à cet appel irrésistible de connaitre le monde et elle se brûla les ailes. Capturée et enfermée dans une maison close, Émeraude s...