La perle du donjon

Chapitre 40

Émeraude attendit patiemment que l'engin se pose sur le tarmac pour descendre précipitamment sans un regard pour Paolo qui lui ordonnait de faire attention.

La jeune femme ferma instinctivement les yeux lorsque le vent glacial, symbolisant l'hiver lui fouetta le visage. Une saveur épicée, lui titilla le nez, comme un avant goût des secrets que refermait la ville de Seattle. Des secrets aussi bien attristant que dangereux. Un coup se fit sentit sur son manteau, et Émeraude baisa les yeux.

-Maman mangé, balbutia Baya d'une voix mâle assurée.

Il n'en fallu pas plus pour éclater de rire. Baya avait à présent presque onze mois, et les seuls mots que la petite disait les plus fréquemment était bien le manger.

-Tu ressembles bien à quelqu'un jeune fille, se moqua Paolo ouvertement.

Sans prendre en compte les plaidoiries d'Émeraude, il posa une main ferme dans son dos pour la faire avancer vers les véhicules garer au loin.

-Tu me le payera celle-là, prévient Émeraude à l'égard de Paolo tout en soulevant Baya du sol.

Il était vrai que depuis l'annonce de sa grossesse, la jeune femme avait un appétit de loup. Toutefois, de là à dire que Baya lui ressemblait, c'était un peu drôle. La petite ne mangeait presque rien, se plaignait chaque jour Émeraude. À chaque fois qu'elle réclamait de la nourriture, si ce n'ai une soupe, elle n'en goûtait même pas une cuillerée. 

Une fois dans la voiture, Émeraude jeta un dernier regard au jet de couleur sombre, reflétant le caractère de son époux, avant de ramener son attention sur le trajet.

Tandis-que Paolo claquait durement des ordres dans un anglais impeccable, Émeraude se contenta d'observer la route. Des milliers d'arbres s'étalaient sur le chemin, tous recouvert d'un manteau blanchâtre. Cela lui rappela sa villa en Italie. Elle imaginait bien encore, le saule pleureur qui régnait dans leur demeure, dont les lianes qui pendaient joyeusement dans la rivière auraient perdu de toute leur mobilité. Elle les voyaient toutes figées sur la rivière recouverte de neige.

La jeune femme quitta sa torpeur lorsque Baya se mit à sauter sur ses cuisses. Un rire s'échappa de sa bouche. En effet la petite avait toujours aimé la neige. Avec Paolo, Baya passait des heures devant la grande baie du séjour à observer les flocons de neige tombés sur le sol.

Le véhicule s'immobilisa devant un vieux manoir, qui imposait l'envie. Toute suite, Paolo vint lui ouvrit la portière et l'aida à descendre de la voiture. La mine crispée de Paolo, ne l'aidait guère à se détendre.

-Bon sang, tu vas enfin me dis ce qui ne vas pas? Voilà bien des mois que je ne t'ai plus vu aussi soucieux, s'emporta Émeraude.

Paolo se passa une main sur le visage, et pris dans ses bras la petite Baya.

-Émeraude je..

-Enfin, je croyais que vous ne viendrez jamais.

Le couple tourna la tête et vit Hannah marchant dans leur direction. Paolo béni secrètement le ciel pour l'arrivée de cette dernière, car il avait besoin d'encore un peu de temps. Émeraude jeta un coup d'œil à son mari qui semblait toujours aussi troublé.

-Crois-moi Hannah, je n'ai pas eu le choix que de l'amener après la trahison dont j'ai été victime, murmura Paolo en feignant d'être attristé.

Tandis-que Émeraude donna un léger coup sur l'épaule de son mari, tout en croyant que tout allait à présent bien, Mathias profita de se moment pour se rapprocher de sa femme.

-Elle a le droit d'être ici avec nous en ce jour, commença Hannah sans se justifier, c'est un dîner familiale après tout.

L'ensemble se dirigea vers le séjour, qui semblait être particulièrement décorer pour l'occasion. Dans un coin de la pièce, près de la cheminée était posé un gigantesque sapin, semblant sortie d'un compte de fée. Les branches blanchies et merveilleusement ornées de guirlandes appelaient au rêve. Certainement qu'elle rêvait, songea Émeraude. En effet, tout avait changé dans sa vie, et tout semblait être nouveau depuis qu'elle avait rencontré Paolo. Dans le monde de ce dernier, outre le luxe à outrance, il y avait un bonheur incommensurable. L'amour et le soutien semblaient êtres les piliers de cette grandiose famille.