Chapitre 38

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Émeraude chérie !

Certainement que aujourd'hui tu connais beaucoup de chose, autrement tu n'aurais pas cette lettre entre tes mains.

Certainement que tu as eu ton lot de malheur, autrement tu n'aurais pas cette lettre dans tes mains non plus.

A quoi ressembles-tu à présent ? As-tu toujours tes yeux verts qui brillent aux milles éclats ? Voilà bien la raison pour laquelle Carine a voulu que nous te nommons Émeraude.

J'aurais aimé vivre pour voir celle que tu es aujourd'hui. Oh que oui ! J'aurais aimé te voir grandir. Mais hélas, si tu lis cette lettre, c'est qu'en ce jour je ne vis plus, et que tu as un âge raisonnable.

En effet, aujourd'hui est un jour spéciale, mais toi tu ne sais pas.

Aujourd'hui nous sommes le samedi, et toi tu as cinq ans.

Aujourd'hui j'étais venu te rendre visite un peu plus tôt dans la soirée, sur ta plage secrète. J'avais en effet besoin de te revoir une dernière fois, afin que ton regard innocent reste à jamais gravé dans mon cœur. Je voulais que tu sois, en plus de la plus belle chose qui m'est arrivée, la dernière plus belle chose que j'ai vu avant de mourir. J'étais venu te faire mes Adieux, mais j'avais oublié une chose.......

Comment dit-on adieu à une petite fille de cinq ans ? Surtout lorsque cette dernière est ce que tu possèdes de plus chère. Je ne savais pas comment dit adieu à une petite fille qui me demande la date de ma prochaine visite.

Alors j'ai fait quelques choses de mal. Au lieu de te souhaiter une bonne fin de soirée et une longue vie, je t'ai demandé de me faire un câlin.
Je m'en suis voulu après, mais en ce moment-là, tandis que tu te tenais devant moi, le front plissé, les cheveux au vent, et avec tes yeux verts qui me fixèrent intensément, je n'avais pas pu résister à l'appel du sang. Je sentais que je devais t'embrasser, je sentais que je devais te prendre dans mes bras pour une dernière fois.

Oh carra mio! Je t'ai aimé ! Je t'ai aimé et j'ai aimé ta mère.

Regardes-tu toujours le ciel ? Je doute de n'avoir jamais été d'un secours pour toi.

Ce soir-là, je t'ai quitté. Et j'ai passé des heures à te regarder courir sur cette plage. Ce même jour j'ai enterré ta mère, Carine. Son cœur fragile n'avait pas pu supporter les menaces de Vladimir, alors elle s'est tuée. Je me souvins encore d'elle étendue dans le lit et inconsciente. Notre mariage n'avait même pas encore duré un mois. Ce jour-là j'ai su que je devais faire quelques choses.

Après avoir enterré ta mère, j'avais mise en place mes projets. Je suis venu te rendre visite sur la plage dans la soirée, et tandis que je te quittais, je sentais Vladimir se rapproché un peu plus de toi.
A qui d'autre aurais-je pu confier ma fille pour sa sécurité, si ce n'est à celui qui en a toujours réclamer la paternité ?Je sais qu'avec lui, tu seras certainement privé d'amour, mais pour la majeur partie de ta vie tu seras en sécurité. Triste peut-être, mais en sécurité. Cet homme te réclame parce qu'il voir en toi ta mère, celle qu'il avait toujours voulu qui lui avait toujours résisté.

Mais si aujourd'hui tu lis cette lettre, c'est que tu n'as pas réellement été en sécurité comme je l'avais espéré. Peu importe, aujourd'hui si tu lis cette lettre c'est qu'il est temps de réaliser mon projet.

Émeraude carra !

C'est pour qu'enfin tu sois libre que je me suis tué, car je suis celui que Vladimir n'aime pas voir. Considères toi libre maintenant, car je te rassure, maintenant même je mettrai fin à tout.
En ce qui concerne ta vie, sois forte.
C'est avec un cœur de père que je chéri ton bonheur futur.

............A ma fille ! Émeraude carra..



...........

Émeraude plia le vieux papier en quatre et le serra entre ses doigts. L'écriture penchée et mal assurée qui se dessinait sur la feuille blanche, jaunie par les années, témoignait du mal en point de l'écrivain. Son père ! Ce fameux homme à qui elle avait innocemment donné le nom de pêcheur de pelle.

Debout sur le balcon, la jeune femme releva son le visage en direction du ciel étoilé. La brise qui soufflait, faisant glisser gaiement le satin marine de sa nuisette, n'arrivait guère à la distraire.

Aujourd'hui, tout comme il y avait quinze ans, la revoilà de nouveau la tête tournée vers les étoiles. Qu'espérait-elle? Un signe? Voilà bien des années, que sur le conseil d'un inconnu, un inconnu dont-elle chérissait l'image, elle avait pris pour habitude de contempler le ciel. C'est avec une pointe de douleur qu'elle s'avoua n'avoir jamais reçu d'aide par cette manière.

La jeune femme ferma les yeux et huma fastidieusement l'air frais qui courrait dans la demeure. Voilà bien deux jours que Émeraude n'arrivait à descendre les marches de l'escalier pour rejoindre le séjour. Elle s'était volontairement enfermée dans sa chambre.

Émeraude posa une main sur le petit renflement qui s'était formé dans son bas ventre, lorsque celui-ci frôla la balustrade de pierre. Son enfant! Une larme roula avec nonchalance sur la joue de la jeune femme lorsqu'elle se souvint du fait qu'elle portait la vie. Un bonheur inestimable dont l'avait gracié le ciel en compensation à toutes ses années de douleur et de malheur.

Elle devait être forte songea-t-elle. Être forte pour son enfant à naître. Mais le pouvait-elle réellement ?

La vérité est que, la faiblesse semblerait bien être un déterminisme majeure dans sa famille. Il paraîtrait, selon la lettre que lui avait laissé son géniteur, qu'elle avait hérité, des yeux émeraudes, de la couleur de jais des cheveux de sa mère. Cette femme qui, après mainte agression de la part de Vladimir, avait fini par céder. Sa mère avait choisi la mort au détriment du bonheur que conférait la vie avec celui qu'on aime.

Émeraude avait peur. Elle avait peur, d'avoir hérité outre les beaux yeux, le physique et la chevelure de sa mère, son caractère faible. N'était-elle pas déjà au bout de l'explosion ? Émeraude reconnaissait douloureusement que tout en elle appelait au repos.

Allait-elle fini par se tué comme sa mère ? Abandonnant son mari et délaissant son bébé qui naîtra ?

Émeraude allait-elle fait de l'histoire de Carine Gallo une malédiction pour sa descendance en perpétuant ses erreurs?

Un léger soupir, remplir de chagrin se répandit sur le balcon lorsque Émeraude songea à la possibilité que son enfant soit une fille..

Toujours la tête face au ciel, Émeraude quitta sa torpeur lorsque des pleurs de bébé attira son attention. Toute suite, elle se souvint de Baya, qui était allongée dans la chambre. En effet, Paolo avait fait installer le berceau de la petite fille dans leur chambre, sur la demande d'Émeraude.
D'un pas léger, Émeraude se rapprocha du berceau, elle vit la petite fille qui pleunichait dans son berceau.

Émeraude la pris toute suite dans ses bras, et alla rejoindre de nouveau le balcon. Après un bon cantique, la petite Baya fini par plonger ses yeux gaies dans ceux d'Émeraude. Cela eût l'effet d'un baum au coeur de la jeune femme, et tout devint limpide dans son esprit. Elle n'était pas seulement sur le point de devenir mère, mais elle déjà mère. Peu importe si l'enfant qu'elle porte si fièrement en elle, soit une fille ou un garçon, pour le moment, elle était déjà mère d'une fille. Et si le fait de se battre pour l'enfant à naître était insuffisant pour elle, elle devait se battre, et rester forte pour Baya. Cette petite fille de six mois, qui subit déjà les foudres de Vladimir par sa faute.

- Je serai forte, murmura Émeraude les yeux fixés sur ceux de Baya.

La petite fille enroula un doigt dans les mèches de cheveux de sa mère, tout comme-ci elle avait compris le sens de chaque mot prononcé par cette dernière.


La perle du donjon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant