Chapitre 10

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Émeraude en oublia presque les douleurs physiques qu'elle ressentait. Toute son attention était fixée sur Tess. Chaque fois que la jeune femme aux cheveux roux assise en face d'elle prenait la parole pour la rassurer, c'était uniquement pour lui dire qu'avec le temps on s'y habituait. Avait-elle réellement finir par s'y habitué ? S'interrogeait Émeraude.

Pourtant la voie morose et l'air triste qu'elle prenait suite à chacun de ses conseils laissaient croire le contraire.

-Ecoute moi Émeraude, commença Tess d'une voix ferme mais joviale.

Quittant sa torpeur, Émeraude riva ses yeux sur Tess.

-J'ai entendu Andrei passer des coups de fil toute la nuit, il est important que tu obéisse aujourd'hui, dit Tess en l'observant droit dans les yeux.

Tess n'avait jamais pris cette impression sérieuse avec elle, alors le cœur d'Émeraude se mit à battre plus fort. Elle se déroba au regard de Tess puis se plaça à côté de l'embrasure. Se hissant sur la pointe des pieds, Émeraude plongea ses yeux verts dans les teintes rosés qui commencèrent à teinter le ciel azur.

Bientôt songea-t-elle, dans quelques heures elle allait devoir confronter un autre homme. Une bourrasque fouetta son visage bosselé par les coups, et écrasa une larme solitaire qui perlait sa joue.

-Ce n'est plus de l'amusement Émeraude, je l'ai déjà vu faire plus que battre une femme, crois-moi tu n'en sortiras pas vivante.

Tess émanait la peur à des kilomètres, quand à Émeraude, elle était telle que glacée d'épouvante. Elle imaginait déjà les horreurs que lui ferait vivre Andreï si jamais elle gâchait la séance d'aujourd'hui.

-Que dois-je faire, demanda Émeraude d'une voie chevrotante.

-Viens laisse-moi te montrer, dit Tess en lui prenant les mains.

Ensemble, les deux femmes restèrent là à converser pendant des heures. Tess comme une sœur, lui prodiguait de précieux conseils sur la séance de ce soir, quand à Émeraude, les joues rosies par la gêne, écoutait néanmoins sans broncher. De temps à autre, elle hochait de la tête, pour encourager Tess dans sa leçon. Le soleil avait disparu derrière les hauts arbres du donjon, lorsque Tess et Émeraude finissaient la leçon.

-Tu peux me reprendre ce que je viens de dire ? Questionna Tess en affichant un faible sourire.

-Je n'aurai qu'à le laisser faire, et fermer les yeux pour surmonter la peur, répéta Émeraude.

-Bien! Je te laisse chérie, j'ai également un rendez-vous. Bonne chance lui dit-elle en lui baisant le front.

Seule dans la chambre, Émeraude regardait les dernières lueurs dorées du soleil s'éteindre. D'un geste souple, elle souleva le tissu moelleux posé sur son lit. En percevant les coups de poing sur sa porte, Émeraude s'empressa de mettre la robe et se plaça devant le gigantesque miroir de sa chambre. C'était une petite robe courte au couleur pale et plaisante. Gênée par les ecchymoses qui jalonnaient son corps, Émeraude avait laissé libre sa longue chevelure noirâtre qui dessinait joliment les contours de son visage aplati par le maquillage. Une écharpe sur l'épaule, elle sortit de sa chambre. Dimitrio était debout sur la porte, le regard brillant d'un désir vorace. En la voyant venir, il se mit en route sans broncher pour la conduire au lieu de rendez-vous. Émeraude, le cœur battant à la chamade, avançait calmement un pas avant l'autre.

-Celui-ci n'est pas venir ivre mort, lui murmura Dimitrio à l'oreille avant de la laisser seule.

Émeraude pris un temps pour observer Dimitrio disparaitre derrière les murs du couloir. Un silence de plomb pris d'assaut le lieu lorsque les talons aiguilles de la jeune fille avaient arrêtés de marteler le sol. D'un geste nerveux, Émeraude fit pression sur la porte qui s'ouvrir aussitôt.

Habillé d'un Lacoste blanc qui épousait les formes de son corps travaillé et dans un pantalon assorti, Paolo était debout devant l'entrée de la salle de bain. Depuis une trentaine de minute, il était déjà présent dans la pièce, sirotant agréablement un verre de champagne. Bien que tout le lieu le dégoute, il prenait un plaisir immense à jouer le rôle d'un simple client. Entant que avocat, combien de fois s'était-il permit de se compromettre ou même de laisser libre court à ses envies folles? Jamais, songea-il.

Les lustres lumineux éclairants la pièce, s'éteignirent d'un coup, juste au moment où ses yeux aperçus une chevelure épaisse et noirâtre. Paolo réprima un cri de gorge, puis silencieux, il suivait la femme censée le distraire, avancer dans la chambre en se servant du bruit que laissait percevoir ses talons aiguilles. Attendant près de cinq minutes, Paolo déposa son verre sur la table dressée près du lit, et décida de débuter le jeu.

Émeraude, perdue dans l'obscurité qu'elle avait créée elle-même en éteignant les lumières, dandinait dans la chambre les bras tendus en avançant. Son souffle se coupa lorsque ses mains rencontrèrent un torse dur et musclé. Une odeur virile l'enivra lorsqu'elle devina que c'était sans doute le torse de son client.

-Oh mon Dieu, marmonna-t-elle confuse.

Prise de peur, ses jambes déjà en coton, se dérobèrent sous ses pieds. Paolo la rattrapa de justesse en enroulant son bras autour de sa taille.

-Dis donc, je m'étonne déjà de votre expertise mademoiselle, se moqua Paolo d'une voix rauque.

La voix était chaude et vibrante. Émeraude était-elle que paralysée dans ses bras. La tête levée, elle cherchait du regard son client malgré l'obscurité qui englobait le lieu.

-Je vais vous déposer sur le lit afin de vous éviter une autre chute, Prévint Paolo avant de la prendre dans ses bras.

Elle était aussi légère qu'une plume remarqua Paolo. Un sourire rehaussa ses lèvres charnues lorsque la jeune femme s'agrippa à son cou par peur de tomber. Un parfum fruité se dégageait de la chevelure de la jeune femme, encombrant agréablement Paolo. Ce dernière freina consciemment les pas pour plus en profiter. Émeraude se sentait planer dans les airs, tellement l'homme qui l'avait soulevé était grand. La peur au ventre, elle se laissa faire sans broncher.

-Que faites-vous ? hurla Émeraude lorsqu'elle se sentie descendre.

-A moins que vous préférez rester dans le noir, moi non. Donc vous allez sagement restée assise sur ce lit le temps que je rallume la lumière, répondit Paolo.

Émeraude bondit sur son bras aussitôt pour l'arrêter lorsqu'il s'éloignait du lit. Elle avait conscience qu'elle prenait un risque, mais elle était certaine, que le pire serait de laisser cet homme allumer la lumière, sans clarifier les choses avec lui. Puisqu'elle n'avait pas le choix, Émeraude avait décidé d'obéir à Andrei mais en retour elle souhaitait une chose. Cette chose-là, s'était avec cet homme qu'elle devait en discuter.

-Je vous trouve bien presser mademoiselle, se moqua de nouveau Paolo.

La poigne de la jeune femme sur son bras était si souple, que Paolo pouvait se dégager d'un simple mouvement, mais il ne le fit pas. Paolo appréciait bizarrement le touché sensuel de la jeune inconnue, mais il n'oubliait pas moins qu'elle était une fille de la joie.

-Vous êtes la perle de ce lieu, comportez-vous comme telle alors mademoiselle, gronda Paolo lorsqu'une colère sourde s'empara de lui.

-Je n'en suis rien, lança Émeraude d'une voix rebuté.

Émeraude compris que les choses commencèrent à dégénérer. Toutefois, ne s'avouant pas vaincue, elle sauta du lit pour se mettre en face de son client afin de mieux le confronter. Elle se hissa sur la pointe de ses pieds afin de pouvoir s'agripper aux biceps de son client, soupçonnant de vaciller d'un moment à l'autre. Comme un reflex, Paolo plaça instantanément son bras dans le dos de la jeune face en jurant au fond de lui qu'elle tremblait de peur, son dos était perlé de sueurs froides.

-Ecourtez-moi je vous en prie monsieur commença Émeraude. Andrei vous décrire comme étant un client prestigieux et il me tuera certainement comme il l'a promis de le faire si je gâche ce moment. Ce moment risque néanmoins d'être gâché car..bégaya Émeraude les larmes aux yeux.

-Car ? Questionna Paolo curieusement.

-Car je suis vierge monsieur. Je suis vierge et je n'ai aucune expérience avec les hommes pleura Émeraude. Je ne vous demande pas de m'épargner, simplement de me ménager. Au moment de prendre pour votre argent, je vous implore, soyez doux avec moi, je ne tiens pas à garder dans mes souvenirs, un viol comme premier rapport sexuel.

La perle du donjon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant