P2: Chapitre 9

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D'habitude, les lundis matin, Colin et moi, nous nous rejoignons, nous allons au Starbucks puis nous allons en cours ensemble. Mais ce matin, Colin ne répond pas à mes appels, ni à mes messages.

Il n'était pas en cours non plus.

Alors que je me dirige vers le restaurant universitaire, je sens mon téléphone vibrer. En regardant l'écran, je vois que c'est Colin qui m'appelle. Je décroche sans attendre :

-Colin ? !

-Hey... Elijah... Tu pourrais me rendre un service ? Me dit-il d'une voix basse et rauque.

-Bien sûr. Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je suis malade et j'ai aucun médicament... Je ne peux pas me lever sans faire un malaise, j'ai trente-neuf de fièvre et je me sens lourd... Tu pourrais m'apporter un Doliprane ou un truc du style ?

-Dis-moi ton adresse et je viens le plus vite possible !

⏳⌛

Après être passé dans une pharmacie, j'arrive dans l'appartement de Colin. Je toque et je l'entends me répondre faiblement :

-Entre.

J'ouvre la porte et j'entre dans la pièce. C'est un petit studio d'étudiant faisant approximativement la taille de ma chambre. Je vois que Colin est emmitouflé sous sa couette. Je ferme la porte derrière moi et dis :

-Colin ?

-Humpf. Me répond une voix étouffée sous un tas de couvertures.

Je tire la couverture et vois Colin allongé sur le ventre, torse-nu. Je lui dis :

-J'ai tes médicaments.

Je pense l'avoir entendu me répondre "Merci" dans son oreiller.

D'un côté de la pièce, je vois un lavabo et un verre posé à côté. Je remplis le verre d'eau et sors les médicaments.

Je lui demande :

-T'es toujours en vie ?

Il me répond en bougeant la main.
Je prends sa chaise de bureau et la pose à côté de son lit et je pose une main sur son dos large, brûlant. Il est couvert de tache de rousseur. Je me demande si il est comme ça partout.
Je lui dis :

-Allez ! Prends tes médicaments.

Il se tourne vers moi lentement et je vois son visage fatigué. Il se surélève doucement et me dit :

-Oh... T'as pris des comprimés...

-Quoi. Tu aurais préféré que je te prenne du Doliprane en sirop comme pour les petits enfants?

-Oui...

Je lui donne son verre d'eau et les comprimés. Il les prend malgré tout. Il s'allonge à nouveau et me dit :

-Merci. Je te rembourserais les médicaments demain.

-De rien et, t'es pas obligé.

-Tu ne devrais pas y aller maintenant ? Je ne veux pas que tu sois en retard à cause de moi...

-Je partirais quand tu iras mieux. J'ai déjà dit à mes parents que je séchais.

-Oh non... Ils vont être énervés après moi...

-Mais non. Ne t'inquiète pas.

Il remue la tête sur son oreiller. Puis d'un coup, je le vois sourire. Il me dit :

-Tu te souviens quand je suis tombé malade après qu'on ait joué sous la pluie ?

-Oui... Un peu.

-On avait peut-être huit ans...On était partis tous les deux seuls pour jouer dans la forêt et d'un coup, il s'est mis à pleuvoir. On s'amusait tellement qu'on ne voulait pas rentrer. Il commençait à pleuvoir beaucoup et on continuait de jouer. On se prenait pour des pirates en pleine tempête. Tu m'appelais "moussaillon" et je t'appelais "mon capitaine". On s'amusait à grimper dans des arbres, sauter dans des flaques d'eau et à se jeter de la boue. Je me souviens aussi que tu avais capturé un escargot et que tu l'avais glissé dans mon dos. J'ai hurlé si fort. Quand on est rentré chez toi, on était trempé jusqu'aux os. Ta mère était si paniquée. Elle avait surtout peur de la réaction de la mienne. Elle nous a lavés, elle m'avait prêté tes vêtements et en à peine deux heures, elle a eut le temps de laver les miens et de les sécher avant que ma mère vienne me chercher. Puis, le lendemain, j'étais malade. J'ai dû avouer à ma mère la raison de ma maladie et elle m'avait privé de sortie pendant deux mois. Mais j'en avais rien à faire. J'avais passé le meilleur jour de ma vie.

Je ne peux m'empêcher de sourire face à la nostalgie. Colin est à moitié endormis. Ses yeux sont faiblement entrouverts. C'est comme si il avait raconté cette histoire inconsciemment, dans un état second.

Je pose une main sur son front brûlant et je passe ses cheveux en arrière. Il me dit d'une voix encore plus basse :

-Il faudrait qu'on refasse ça.

-Refaire quoi ?

-Sauter dans des flaques d'eau et se jeter de la boue.

-On refait ça quand tu veux.

-Merci mon capitaine.

Dans la paume [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant