P3: Chapitre 2

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Vendredis quatorze juillet. Comme par curiosité, j'ai décidé de retourner sur le toit.
Cette fois, j'ai pris une veste et je suis sobre. 

Comme prévu, Romain est là. Il m'entend m'approcher et dit :

-Je ne pensais vraiment pas que tu viendrais.

-Je me suis énervé avec mes parents et, sur le coup de la colère, je suis parti. J'ai nulle part où aller alors je suis venu.

-Donc tu es juste venu échapper à ta déréliction...

- Heu... Ouais... c'est ça.

Je viens m'asseoir à côté de lui. Il me dit :

-Je suppose que tu as envie de te plaindre.

- Énormément... Mais je ne vais pas t'embêter avec mes histoires.

- Vas-y. Je peux être l'oreille dont tu as besoin.

Je lui lance un regard en coin. Il semble vraiment être à l'écoute. Vu qu'aujourd'hui, je ne suis pas alcoolisée, mon esprit est plus rationnel. Je lui dis :

-C'est... Assez compliqué chez moi. Depuis la... mort... de mon copain... je... me suis beaucoup isolé. Et, le fait que mon père soit de plus en plus absent n'aide pas les choses. Il est de moins en moins souvent à la maison et il s'engueule souvent avec ma mère. Ma mère est énervée contre lui, il est énervé contre moi et je suis énervé contre eux deux. En plus, mon père me reproche de boire trop et de disparaître la nuit. Il... Me reproche de ne plus être comme avant.

-Et... Tu étais comment avant ?

-Avant... J'étais heureux. Je ne peux plus l'être maintenant.

-Je te comprends.

Il ne s'en rend pas compte, mais cette simple phrase suffit à me faire me sentir mieux. Je n'ai pas envie qu'on me dise que tout ira bien ou que je finirais par aller mieux. Je veux juste qu'on me comprenne. Je veux qu'on se mette à ma place et qu'on comprenne que je ne peux pas aller mieux du jour au lendemain.

Romain sort un paquet de cigarettes et glisse une cigarette entre ses lèvres. Il me tend son paquet et me demande :

-Tu fumes ?

-Non. J'ai déjà assez de problèmes à gérer, je n'ai pas envie de gérer une dépendance au tabac.

-Surprenant. D'habitude, les personnes comme toi fument pour se sentir un peu mieux.

-Est-ce que tu fumes pour te sentir mieux ?

-Bien évidemment. Dit-il en allumant sa cigarette.

Il inspire longuement et expire un grand nuage de nicotine, libérant une odeur amère et étouffante.

Un feu d'artifice se lance et explose dans le ciel nocturne. Il avait raison, la vue est parfaite ici. Si j'avais pu, j'aurais pris une photo. Il me demande :

-Tu viens souvent ici ? Pour boire ?

-Oui.. C'est Dallon, un gars de ma classe, qui m'a montré qu'on pouvait accéder au toit de l'école. Un jour, j'ai fait une crise d'angoisse en cours et pour m'apaiser, il m'a ramené ici. Au fur et à mesure, on venait un peu pour... Oublier. Je buvais, il fumait des joints. Puis, j'ai fini par venir seul. C'est ici que je viens pour pleurer sans qu'on me voie. Parfois, je regarde le vide et je me dis que je devrais sauter.

- Et, qu'est-ce qui t'en empêche ?

-J'ai peur... Et j'ai encore un peu d'espoir. Je me dis que, peut-être, un jour, j'irais mieux.

Dans la paume [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant