Mes yeux souvent lentement tandis qu'une main passe dans mes cheveux.
C'est sûrement le matin.Je sens mes cheveux bouger dans un mouvement précis et agile. Je dis à Romain d'une voix rauque :
- Je rêve où t'es en train de me natter les cheveux ?
- Oh... Désolé. Je ne voulais pas te réveiller.
Je me tourne lentement, attrape la pointe de mes longs cheveux et les tire vers moi, admirant une longue natte en épi de blé.
Romain dit alors :
- À chaque fois que je dors avec toi, je me noie dans tes cheveux. Les attacher pourrait être une bonne idée...
- Ou les couper.
- Non... Tes longs cheveux sont importants à tes yeux...
- Je les laisse pousser uniquement, car Colin me l'avait demandé, mais... À quoi ça sert. Il ne les voit même pas. En plus, hier, quand je suis allé chercher mon traitement médical, la pharmacienne m'a appelé au moins cinq fois "Madame" avant de se rendre compte que je suis un homme...
- Agis comme tu le préfères.
- Toi, t'en penses quoi ?
- D'un côté, je suis habitué à tes cheveux longs... Mais si les couper me permet de ne plus me noyer dedans la nuit, ça m'arrange. Mais tu ne dois pas le faire pour moi ou pour Colin. Fait le pour toi.
Je lui jette un regard en coin avant de regarder le plafond. Romain s'approche et m'entoure de ses bras tout en déposant un baiser dans mon cou. Il sent la cigarette. Il a sûrement fumé cette nuit.
Je lui dis :- En tout cas, je ne savais pas que tu savais faire des nattes. La plupart des mecs ne savent même pas comment on met un élastique.
- Avant, ma petite sœur me demandait souvent de lui natter les cheveux et j'aimais bien ça.
- Tu as une petite sœur ? Je ne savais pas. Tu ne me parles jamais de ta famille.
- Je n'ai plus vraiment de famille... Je ne leur ai pas parlé depuis presque dix ans.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il me serre un peu plus contre lui, me signalant qu'il a besoin de réconfort. Je l'entoure donc de mes bras et je pose ma tête contre lui. Je peux sentir les battements de son cœur ainsi que le rythme de sa respiration. Il me dit :
- Mon père... Avait une idée assez archaïque de la masculinité. Il m'a élevé en me disant de ne jamais montrer mes sentiments, car c'est une preuve de faiblesse. En réalité, il m'a pratiquement interdit d'avoir des sentiments. Quand je pleurais, il me donnait une gifle et me disait : "Maintenant, tu as une bonne raison de pleurer". Quand j'ai eu dix-sept ans, mes parents ont appris que je suis gay. Étonnamment, mon père n'a pas essayé de me tuer. Il a accusé ma mère de l'avoir trompé, car, d'après lui, "un enfant comme ça ne pouvait pas venir de lui". Ma mère m'en a alors voulu, car, soi-disant, j'avais brisé leurs couples. Ils ne m'ont pas viré de la maison, ni rien, mais je voyais que je n'étais plus leur fils. Ils ne me parlaient que si ils en étaient vraiment obligés, ils ne m'en préparaient plus à manger, ma mère a arrêté de laver mes vêtements... En un an, j'ai dû dire cinq mots à mes parents. Puis, je suis entrée à la fac, je vivais sans eux, je ne les appelais pas et eux non plus. On n'a jamais repris contact.
- Oh... Désolé...
- Tu n'as pas à t'excuser. Ils ne me manquent pas. Je les ai toujours détestés. J'espère juste que ma sœur va bien. Et puis, quand je suis parti, j'ai rencontré Alex, donc je n'avais besoin de personne.
![](https://img.wattpad.com/cover/173040198-288-k141032.jpg)
VOUS LISEZ
Dans la paume [BxB]
Teen FictionUn ras-de-cou à pique, un crucifix et une bague de fillancaille. Trois hommes qui sont entré dans ma vie un bref instant et qui l'ont changé à tout jamais.