Vendredis, vingt-deux heures trente. Colin et moi sommes dans le tram. Le WEI, week-end d'intégration, se déroule dans un terrain vague à la sortie de la ville. Colin a l'air impatient à l'idée d'y être. Il a le visage d'un enfant à Noël, mais son visage d'enfant contraste avec sa grande taille. Je lui demande :
-Tu mesures combien ?
-Environ un mètre quatre-vingt-dix. Pourquoi ?
-Non pour rien. Je me demandais juste à quel moment tu es devenu un géant. Avant, j'étais plus grand que toi et maintenant, tu fais une tête de plus que moi.
-Monsieur complexe sur sa petite taille ? Dit-il en s'accoudant sur ma tête.
-Pas du tout ! Je ne suis pas petit ! C'est toi qui est trop grand ! Répondis-je du haut de mes un mètre soixante-dix sept.
Depuis le début de la semaine, Colin et moi avons passé pratiquement tout notre temps libre ensemble. Dès qu'on se voit, on ne fait que parler encore et encore. On a toujours quelque chose à se dire. Il n'y a jamais de silence gênant. En une semaine, on s'est organisé un millier de choses à faire : aller dans un bar, dans un parc d'attraction, courir tous les matins avant les cours, etc. Colin va également m'accompagner en forêt pour que je prenne des photos. On a tant de choses à rattraper. Honnêtement, j'avais un peu peur que, après toutes ces années, nos personnalités aient trop divergé et qu'on finisse par ne plus s'entendre. Mais c'est tout l'inverse. On a le même humour, les mêmes centres d'intérêt, on aime et déteste les même choses et c'est si simple et agréable de lui parler.
Le tram arrive. Nous marchons ensuite une vingtaine de minutes et nous arrivons au terrain vague. Il y a déjà pas mal de monde, dont certaines, déjà bourrées. Des gens se lancent des ballons remplis d'eau, de peinture ou des sachets de poudre coloré, nombreuse sont déguisé ou ont des chapeaux fantaisistes. Il y a de nombreuses activité dont un taureau mécanique et d'autres structures gonflable.
À notre arrivée, des gens crient :
-DES NOUVEAUX ! DES NOUVEAUX !
Puis un gars de mon groupe de photographie arrive. C'est Dallon. J'avais déjà un peu sympathisé avec lui. Il nous dit :
-Elijah ! Putain, broooo, je pensais pas que tu viendrais !
-Salut Dallon. Il n'y a pas beaucoup de monde, on dirait.
-T'inquiètes. Les seniors, on prit des bus et ils sont partis réveiller tous ceux qui sont dans les dortoirs. Quand il arrivera, on pourra vraiment s'amuser. Maintenant que vous êtes là, il y a des règles à suivre. Premièrement, interdit de sortir d'ici propre. Physiquement ou mentalement... ou les deux.
En disant ça, il nous donne des ballons remplis de peinture et continue :
-Il y en a plein d'autre là-bas. Ensuite, on respecte les seniors. Enfin, on ne tue personne.
-Pourquoi cette dernière règle ?
-On sait jamais. Un meurtre est vite arrivé. Oh ! J'ai oublié une règle ! Vous devez offrir un vêtement en offrande à la déesse des WEI.
-Quoi ? Demande Colin.
Dallon montre un immense feu de camps et dit :
-Vous devez brûler un vêtement. Ça peut être un truc nul comme une chaussette, mais plus le vêtement est gros et mieux est l'offrande. Certaines filles ont brûlé leur soutien-gorge ! Après vous n'êtes pas obligé. Les seniors ne diront rien si vous ne le faites pas mais c'est quand même marrant. Bon, j'y vais !
Dallon part en courant et lance un ballon sur quelqu'un. Colin et moi, nous approchons du feu. Colin enlève sa veste. Je lui demande :
-Tu veux vraiment le faire ?
Il acquiesce mais semble hésiter quand même. Il me demande :
-Qu'est-ce que je vais dire à ma mère quand elle verra qu'il me manque une veste ?
-Tu lui diras que tu l'as juste perdu ou oublié.
-Mais elle va me disputer parce que je suis tête en l'air !
-Mieux vaut ça que te faire disputer parce que tu as brûlé ta veste.
-Tu as raison. Dit-il en lâchant sa veste dans le feu.
Quant à moi, je me contente simplement d'enlever le bandana que j'avais mis et je le jette dans le feu. Colin me regarde, sert les poings et me dit assurément :
-Maintenant, je veux de l'alcool !
-Minute papillon. On vient d'arriver et AH !
Quelqu'un vient de me lancer quelque chose à l'arrière de la tête ! Je passe ma main dans mes cheveux et je me rends compte que c'était un sachet de poudre coloré. J'ai plein de poudre rose et bleu dans les cheveux. En me retournant, je remarque que l'auteur du crime a disparu. Colin, quant à lui, se moque de moi. Je le regarde, vexé, et lui dit :
-Tu rigoles, mais t'en a plein la figue.
Il touche sa joue et ses doigts se couvrent de poudre. Il regarde sa main et ris de nouveau. Au même moment, quelqu'un avec un pistolet à eau asperge Colin qui crie. Heureusement, sa taille imposante me protège de l'eau.
Je lui dis ironiquement :
-Au moins on a validé la première règle.
Je regarde Colin et je regrette de ne pas avoir pris d'appareil photo. Les taches rose et bleu se mélange avec sa peau couverte de taches de rousseur et quelques mèches de ses cheveux trempés passent devant ses yeux. Quelques petites gouttes tombent. Avec en fond le crépuscule bleu, rose et jaune, j'aurais pus faire une belle photo. Colin me dit :
-J'ai changé d'avis ! Maintenant, je veux un pistolet à eau et après de l'alcool !
J'explose de rire. C'est vraiment un gamin.
La nuit tombe petit à petit. Colin et moi faisons le tour du terrain vague et nous obtenons des bracelets fluorescent, d'autres boules de peinture et Colin réussit enfin à avoir un pistolet à eau qu'il utilise immédiatement sur moi.
-Hey enfoiré ! Répondis-je en essuyant l'eau qu'il m'a envoyé.
En guise de vengeance, je lui envoie deux boules de peinture.
Il court avant que je ne remplisse mes munitions. Je prends une dizaine de ballons et je lui cours après tandis qu'il tente de m'asperger en courant.
Finalement, on est tous les deux des gamins.

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Dans la paume [BxB]
Novela JuvenilUn ras-de-cou à pique, un crucifix et une bague de fiançailles. Trois hommes qui sont entrés dans ma vie un bref instant et qui l'ont changé à tout jamais.