Distress•l.s

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Louis est un jeune homme un peu immature et encore un peu impulsif avec des yeux qui ont de l'effet sur plus d'un.

Harry est un quinquagénaire, avec un diplôme de psychiatre en poche, un cabinet, un agenda rempli, deux adolescents qui lui servent de progénitures, une ex épouse qui le regrette et surtout, Harry est extrêmement bien foutu pour son âge.

Louis,

Je ne sais pas l'heure qu'il est, je ne sais pas ce que je fais à son cabinet à bientôt huit heures du soir, là veille des vacances d'été.

Il pleut fort dehors, je suis trempé.

Harry est là, assis en face de moi, comme un automatisme, depuis bientôt sept ans.

« Je peux aller me changer ? J'ai des habits de rechange dans mon sac. »

Je prends son silence pour un oui, alors je sors du cabinet et vais m'enfermer quelques minutes aux toilettes, le temps de me sécher et de changer mes vêtements.

J'en sors, disons à moitié sec.

Je retourne dans le cabinet, et m'allume une cigarette, Je ne demande pas cette fois, c'est devenu comme une routine de fumer ma cigarette à chaque début de séance, Harry n'a jamais rien dit à ce propos.

« Pourquoi vous m'avez amené ici ? Vous ne devriez pas être avec votre famille, à la place ? »

« Est-ce que tu te rends compte de ce qu'il vient de se passer, Louis ? Tu aurais pu mourir, si je n'étais pas intervenu à temps! »

Il se lève et me tient par les épaules, il me crie presque dessus.

« Et. Alors ?! » Je dis, fermement.

Son regard vert est devenu glacial, il n'en est pas moins de mon côté.

Oui, j'ai essayé.

Oui j'ai essayé de me jeter sous un bus, ce soir à 19h20.

Non, je n'ai pas eu peur.

« Tu plaisante, j'espère ? »

« Est-ce que j'ai sincèrement l'air de me fendre la poire Harry, hein ? Vous pigez que j'en peux plus de vivre ? Vous pigez ça ? Ou c'est trop compliqué ?!»

Moi aussi, je peux jouer à ce jeu là.

« Tu change de ton avec moi, jeune homme! »

« Vous changez de ton avec moi aussi! Ça va dans les deux sens! »

Je respire fort, un coup de tonnerre nous fait tout les deux sursauter.

"Vous arrivez à comprendre que je me vois comme une épave vivante ? Que plus rien ne me plaît ? Que je vis dans l'ombre de mes six autres frères et sœurs ? Vous comprenez que je ne serai certainement jamais qui je veux réellement être? Vous arrivez à comprendre que.. la seule envie que j'ai, c'est de tout laisser tomber et de disparaître de cette terre un peu trop bleue ?"

Je reprends mon souffle, je m'empare d'un mouchoir pour essuyer les larmes qui parcourent leur chemin sur mes joues.

"Mais mourir n'arrangera rien, crois-moi."

Je ne le regarde pas.

Mon regard est porté sur la fenêtre, sur la pluie battante et l'orage.

J'ai l'impression d'avoir un vieux sage en face de moi, à l'entendre dire ça.

"Moi je crois que tout serait plus simple si je n'étais plus là. Je suis un fardeau pour tous ceux qui me connaissent."

"Mais qui t'a mis ça dans la tête, mon dieu ?"

Sa voix est si douce qu'elle me donne envie de fondre en larmes.

"Regarde-moi, s'il te plaît."

Délicatement, avec son index, il me fait tourner la tête, nos yeux se rencontrent.

« Comment vous faites, vous ? »

Nos corps sont proches, bien plus que ce que nous devrions.

« Comment je fais quoi ? »

« Vivre. Vous faites comment vous ? Vous avez une bouille d'ange que vous ne cachez pas. Et rien que ça, je trouve que c'est courageux. »

Mes paroles lui arrachent un sourire, ce sourire qui malgré tout, me donne un minimum de goût à cette chose qu'on nomme la vie.

Il m'a lâché les épaules, ma cigarette est finie, l'orage s'arrête petit à petit.

« Tu sais, même sourire parfois, c'est une épreuve. »

« Même pour un médecin ? Même pour vous ? »

« Tu sais, on ne vit pas dans un monde de Bisounours. Alors il y a des jours..qui sont plus durs que d'autres. Même pour moi qui pourtant.. n'ai pas les mêmes problématiques que toi, comme toi, tu n'as pas les miennes. »

Et il me dit ça, un sourire aux lèvres.

Il est courageux.

(Et bien foutu aussi, mais chut. Il le sait déjà. )

J'ai envie de lui faire un câlin, moi d'être triste, j'y suis habitué.

Mais pas mon thérapeute.

Lui, il mérite tout ce qu'il y a de plus beau.

Sans le prévenir, je l'entraîne dans un câlin.

« Hm..Louis ? »

Il rit doucement, je tiens à lui si fort.

"Vous m'aviez dit qu'il y avait des jours plus difficiles que d'autres alors.. j'essaye juste d'aider."

Il rit, en plus d'avoir un beau corps (au moins trois heures de sport par semaine, pas possible autrement)

En plus de ça, il a de beaux yeux verts, des boucles, une bouille d'ange, et un rire qui est un véritable médicament contre les pensées noires.

Son épouse a vraiment de la chance.

"Votre épouse est chanceuse."

Il ne me répond pas, alors je m'arrête là.

"Je ne suis pas exceptionnel, contrairement à ce que l'on peut penser."

Mais il plaisante?

"C'est quand que vous allez arrêter de me prendre pour un imbécile, hein, dîtes?"

"Je ne te prends pas pour un idiot, mais je suis juste..moi. Un humain parmi tant d'autres."

"Je tiens fort à vous, très fort." Je chuchote.

L'orage a cessé, la chaleur est de retour.

"Hey m'sieur?" Je chuchote.

"Quoi ?" Il répond, sur le même ton.

"Je vous en veux un peu, vous auriez pas dû me sauver. Mais bon, on va dire que maintenant, je suis capable de vous serrer contre moi, et c'est vrai que ça me manquerai, si je pouvais plus le faire." Je chuchote.

" Je chuchote

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Here we go again (one shot & histoires courtes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant