Sincerly Yours•4/4

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Une année plus tard,

Louis,

Enfermé à la salle de bain, j'avale cette petite pilule blanche.

Je serre le lavabo entre mes doigts, la tête baissée, les larmes se mettent à couler doucement, silencieusement.

Je n'en peux plus, ma souffrance m'étouffe, elle me rend fou.

Je ne suis rien, je ne sers à rien, je suis un être inutile.

Et en voyant Charlotte, ma petite sœur, je sais que mon raisonnement est correct.

Elle est l'enfant prodige, celle à qui tout réussit.

Celle que toute ma famille n'a fait qu'admirer et féliciter depuis que nous sommes petits.

Elle était la petite princesse, et moi l'enfant différent, le gosse problématique.

Le gosse qui avait des troubles de l'apprentissage et qui est né grand prématuré, ce qui a ensuite entraîné une hémorragie cérébrale, depuis, le côté gauche de mon corps a toujours dû être beaucoup stimulé avec des séances de physiothérapie.

Ma démarche ne passe pas inaperçue non plus, je le sais, je le remarque lorsque les gens posent leur regard sur moi.

Un temps, je refusais de sortir aux côtés des membres de ma famille, pensant que je leur faisait honte.

Je suis la honte, la rature de ma famille.

Et je suis prêt à parier qu'aujourd'hui, c'est à mes propres enfants que je fais honte.

Mes trois petits pour qui je donnerai absolument tout.

Je me souviens qu'un jour, on m'avait dit que personne ne voudra me donner d'enfant, parce que j'étais différent et que mes parents auraient dû laisser les médecins me laisser mourir.

J'avale une deuxième pilule blanche.

Ils avaient raison, j'aurais peut-être dû mourrir.

Ma famille n'aurait pas souffert du fardeau que je suis, Charlotte aurait peut-être pu briller sans que je ne sois dans son ombre.

J'avale une troisième pilule, les yeux toujours clos.

Je vais finir la boîte si je continue comme ça, mais ça m'apaise, même si je suis conscient que ce je suis entrain de faire est mauvais pour ma santé.

Je le fais pour faire taire cette vie qui me ronge lentement, qui fait de moi son esclave. Contrairement aux autres, à ceux qui n'ont pas d'handicap, ma vie a été décidée par les autres, et moi, je n'avais pas mon mot à dire.
Je devais me la fermer parce que de toute manière, je n'avais pas le pouvoir de décision et je devais subir.

Je suis Alors tombé en dépression.

On m'a dicté ma vie, parce que je suis différent, qu'à cause de mon handicap, je ne rentre pas dans la case que la société aimerait.

Ma famille me disait lors de dispute que l'on ne peut pas toujours faire ce que l'on aime et que c'est comme ça. Qu'on doit passer sa vie à faire un job qu'on aime moyennement, pour s'assurer d'avoir assez pour la fin du mois.

Mais moi, je n'ai jamais été d'accord avec cette manière de penser.

Je préfère être à ramasser à la fin de la journée mais de m'endormir le soir heureux et combler de faire quelque chose que j'aime tellement que ça me prend jusqu'aux tripes, au lieu de faire quelque chose où je ne serai pas trop fatigué mais qui ne me comblerait pas totalement.

Here we go again (one shot & histoires courtes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant