Partie douze

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Point de vue de June

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Point de vue de June.

En sortant de sociologie, après deux heures assise à côté d'un garçon qui sentait un mélange de cigarette et de transpiration, après une heure de produit en croix et une bataille de boulettes dans la salle d'art plastique, je suis redevenue tout à fait calme et heureuse de ne pas vivre des journées comme ça tout les jours.
J'ai besoin d'une bonne douche bien chaude, et surtout mettre Netflix en me goinfrant de cochonneries.

J'attrape les clefs de ma petite coccinelle rouge et commence à descendre quelques marches quand la sonnerie de mon téléphone portable retentit.

Encore une minute et je me barre.

Un soupçon d'adrénaline m'envahit entièrement alors que je cherche du regard, le destinataire du message. Je ne peux pas dire qu'il est vraiment doué en matière de générosité, mais il a un facilité à dire ouvertement ce qu'il pense même quand certaines choses doivent être dites avec des pincettes. Si les circonstances étaient différentes, je lui dirais de se faire foutre, mais égoïstement j'ai vraiment besoin de le revoir.

C'est pas la meilleure façon de me dire que je te manque.

Il est tout simplement extraordinaire dans son jean sombre vaguement troué et délavé. Ses abdominaux sont parfaitement ciselés sous son tee-shirt gris pâle et la ligne de sa mâchoire carré est sans doute le charme supplémentaire d'une beauté saisissante comme la sienne.

Putain, tu peux descendre ou je dois te faire venir de force ?

Je descend les quelques marches, en m'acclimatant difficilement à sa façon de prendre les choses en main.

— Tu ne connais pas la délicatesse ?

Mason est accoudé contre le capot de sa voiture, mains dans les poches et son petit regard sournois qui me donne envie de le faire redescendre d'un étage.

— Non, je ne connais pas.

Je le regarde incrédule, en croisant les bras contre ma poitrine.

— Bon, qu'est-ce que tu veux ? Lui demandai-je en me recevant la fumée blanchâtre de sa cigarette dans le visage. J'ai pas vraiment de temps à perdre.

Il sort de sa poche un petit ticket argenté qu'il agite sous mes yeux comme un trophée.

— Dommage, il me reste deux places pour un concert de Leny Kravitz, mais c'est pas grave, je suis certain que tu as mieux à faire.

Je ne suis pas vraiment une grande fan de ce chanteur américain, mais il est tout de même très talentueux. Ai-je vraiment envie de prendre le risque de foutre une journée de littérature et de science à la poubelle pour ce genre d'événement ? J'ai envie de dire oui, juste pour qu'il continue à sourire comme un idiot heureux sous mes yeux.

— Non, en fait ça me ferait vraiment plaisir de venir.. j'ai rien de prévu de toute façon.

— Ok, je passe te prendre dans deux heures, et par pitié ne te ramène pas avec cette tenue.. tu ferais fuir un mort comme ça.

Un sourire insolent s'élargit sur son beau visage.

— Venant d'un vieux mec qui porte un jean troué et tout délavé, c'est vraiment pitoyable ton conseil.

— Bordel, tu es de l'ancien temps ou quoi ? S'esclaffa-t'il en passant une main dans ses cheveux. C'est un truc un peu à la mode, tu vois le truc ?

Je regarde aux alentours et effectivement la plupart des étudiants ressemble tous à une copie conforme des petits cons qui ne se préoccupent que d'eux-mêmes. Ceux qui dénigrent le bon fonctionnement de l'université, ceux qui rigolent d'une manière perverse quand tu traverses le hall devant eux et ceux comme Mason qui n'ont aucune pitié à te rendre la vie difficile.

Il n'y a pas à dire, je suis vraiment différente.

— Moi ce que je trouve ringard, c'est de ne pas avoir sa propre personnalité, c'est plutôt la mode du troupeau de moutons.

— Je ne suis pas a ton goût, June ?

Ses paroles résonnent dans ma tête encore et encore alors qu'il me regarde avec insistance. Tout chez lui m'attire, inexplicablement, et
cette sensation est vraiment saisissante.

— Non, mais redemande-moi une prochaine fois et peut-être que ma réponse sera différente.

— C'est bien ce que je me disais.

Il sourit, reprend son assurance de départ et remonte dans le véhicule en me laissant seule sur le bord du trottoir.

~~~

Jammie applique un jolie trait d'eye-liner sur mes paupières, augmente la dose de laque sur mes ondulations et termine par un rouge à lèvre rouge pour une finition parfaite. Le résultat est vraiment bluffant et je n'arrive pas à croire que la petite June si fragile habituellement devient une vrai femme juste pour la soirée.

— Adieu les petites robes à fleurs, bonjour la femme fatale !

Elle applaudit comme une enfant en cherchant une tenue dans son armoire.

— Je te ressemble un peu comme ça.

A la base, notre ressemblance avec Jammie est déjà plutôt flagrante, alors maintenant, il est certain que je suis aussi une copie conforme de ma grande sœur.

— Attend, regarde le résultat final.

Elle sort du placard, un short taille haute bleu foncé avec une petite chaîne ainsi qu'un tee-shirt basique noir remontant légèrement.

— Oublie, je ne vais pas du tout être à l'aise. Dis-je en hochant la tête négativement.

— Tu vas a un concert pas à la bibliothèque. Putain, il faut vraiment tout t'apprendre, June.

Jammie sort une paire de Dr.Martens blanche et quand je me regarde dans le miroir, j'aimerais paraître aussi assurée qu'elle.

— Et puis arrête de te mettre la pression, c'est pas la mort non plus.

Au moment où je suis en train de me dire que cette idée est de loin la plus mauvaise de toute ma vie, la sonnerie de mon téléphone retentit sur le canapé. La cadence de mon cœur s'accélère et j'ai du mal à tenir debout, bordel c'est vraiment trop dur d'être comme tout le monde.

Je suis devant.

Jammie se tient devant la porte en me vaporisant du parfum un peu partout dans la nuque. J'espère que le fond de teint sur mes hématomes tiendra toute la nuit.

— Bonne chance pour le rancard, attention quand même ton rouge à lèvre c'est vraiment de la merde niveau fixation !

— C'est pas un rancard, arrête de dire ça..

Elle me sourit comme une idiote en m'embrassant sur le front.

Vive le calvaire, vive ma vie.

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