Partie trente huit

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~~~ Point de vue de June

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~~~ Point de vue de June. ~~~

Nos lèvres se frôlent machinalement comme deux aimants qui s'attirent l'un à l'autre. Je dois bien l'admettre, en le regardant même les yeux mi-clos, il n'y a pas un sentiment plus puissant que celui qui me submerge du fond de ma gorge jusqu'au creux de mon estomac.

— Je ne veux plus être loin de toi, June.

Ses bras fort et musclés me bercent dans un rare moment où rien ne semblent nous atteindre. Venant de lui, des simples paroles comme celles-là sont inévitablement les plus belles qui soit même quand les circonstances ne me permettent pas de lui dire vraiment ce que je pense de notre relation. Une relation ? J'aimerais tellement que ce terme soit possible.

— Ne serait-ce pas une petite déclaration déjà toute prête ? J'enroule mes jambes autour de sa taille, en souriant de plus belle.

— Non pas du tout, c'est juste une constatation.

Je fais une moue boudeuse en m'agrippant encore un peu plus à sa nuque. Sous mes doigts, sa veine jugulaire palpite d'une allure incandescente.

— J'espère que nous n'aurons plus à vivre ça encore une fois. Je soupire en posant mon front contre le sien. Je ne te demande rien de plus que d'être honnête.

— Il n'y a rien que tu ne saches pas en ce qui me concerne.

Exerçant une légère pression sur les cordelettes de son sweat-shirt blanc, il m'attira contre lui en égarant ses lèvres délicieusement chaudes contre les miennes. Je ne voudrais pour rien au monde que ce moment inoubliable s'arrête et quelles que soient ses raisons, je suis certaine qu'il tient bien plus à moi qu'il ne veuille bien l'admettre.

Ses doigts experts s'agrippent dans une brutalité absolue derrière ma nuque en approfondissant notre embrassade nocturne au cœur de la pièce à vivre bercée d'une lumière douce et tamisée.

— Ne me regarde pas comme ça, tu cherches vraiment la merde ou quoi ?

Sa voix rauque emplit la pièce d'un courant foudroyant qui m'électrise d'une puissante décharge.

— Arrête de te plaindre, à l'évidence tu es plutôt content que les choses tournent dans le bon sens pour toi non ?

Je descends sur la terre ferme en ricanant d'une manière théâtrale. Je suis soulagée, qu'il n'est pas perdu le sens de l'humour surtout en considérant qu'il est resté plus de quatre heures dans ce maudit pub à boire des coups.

— Ouais, c'est plutôt cool vu comme ça. Il me lance une clef de voiture à la volée en souriant malicieusement. On doit fêter ça comme il se doit alors, il n'y aucune autre alternative possible.

— Il est presque trois heures du matin, c'est vraiment pas une bonne idée.

A ma grande surprise, je le vois franchir le seuil de la porte en me faisant signe de le suivre.

— Tu vas où comme ça ?!

Il déverrouille la portière en s'installant confortablement dans le siège de la berline opaque.

— Je te laisse le choix, ça commence vraiment à me foutre les boules d'être tout le temps dans cette baraque.

— Tu n'y est presque jamais, je te ferais dire.

— Bon tu montes dans cette putain de bagnole ou je me barre sans toi ?

Le moteur vrombit dans le calme platonique du lotissement. Je n'aime pas vraiment cette idée, mais il semble tellement insouciant que je n'ose pas le faire redescendre de son petit nuage. Je monte dans la voiture, attache ma ceinture en acceptant de le rejoindre dans sa folie démesurée.

— Ok, bon tu m'emmènes où ? Je serre de plus en plus fort le siège sous mes doigts en ressentant l'accélération soudaine.

— Chez mes parents.

Je fronce les sourcils en apercevant le panneau indiquant la sortie principale de Manhattan. Ses yeux d'un vert puissant me scrutent avec insistance en cherchant sûrement une réaction spontanée pouvant se lire sur mon visage.

— C'est une plaisanterie ? Je croyais que..

Il reste silencieux en reportant son attention sur la route.

— Minute papillon, tu vas mieux comprendre dans quelques minutes.

Il est encore ivre mort, je ne vois pas une autre possibilité plus rationnelle que celle-ci. Il y a tout juste quelques heures, il m'affirmait que son père n'était plus de ce monde et que sa mère avait fichue le camp en le laissant seul avec sa petite sœur.

Je me renferme sur moi-même en essayant désespérément de combattre la fatigue qui me cloue contre le dossier du fauteuil. Je lutte, mais j'échoue lamentablement en fermant les paupières une minute ou deux.

— Mason ?

Je papillonne des cils en observant le siège vide à côté du mien. Où est-il ? L'aiguille de ma montre m'indique un peu moins de cinq heures du matin, cela voudrait donc dire que j'ai dormi plus d'une heure dans cette voiture où Mason n'est même pas à mes côtés ?

Je l'appelle une deuxième fois consécutive en cherchant du regard un signe de sa part. Il me répond presque instantanément au bout de la première sonnerie.

Juste en face de toi.

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