~~~ Point de vue de June. ~~~
Les traits de son visage sont inexistants et pourtant quelque chose attire mon attention. Cette façon qu'il a de me prendre la main aux yeux de tous en marchant d'une allure rapide dans le somptueux hall et remarquable venant d'un homme qui n'exprime rien d'autre que la colère à son habitude.
Nous marchons depuis plus de deux minutes dans un silence injuste. D'une certaine manière, j'ai envie de lui dire que c'est un con de ne pas me répondre alors qu'après tout ce qu'il m'a fait, je suis encore là à me prendre la tête avec une vulgaire histoire de sentiments.
— Tu ne peux pas me dire un truc comme ça maintenant.
Il me positionne brutalement dans un petit renfoncement à l'écart de la foule en plongeant ses sublimes yeux jusqu'aux miens.
— Désolée si ça ne te convient pas mais j'ai le droit de te dire la vérité.
Je frissonne au contact de la brique froide me caressant la peau.
— Je ne le fais pas parce que j'en ai envie, June. Me dit-il faiblement en repoussant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Crois moi, j'ai vraiment envie de croire que c'est possible, mais c'est trop dangereux pour toi comme pour moi.
L'oxygène dans mes poumons devient de plus en plus rudimentaire en l'entendant me dire qu'une relation plus que celle-là ne nous apporterait rien de mieux à l'avenir.
— Donc tu te donne juste bonne conscience en restant avec moi ?
Je connais déjà la réponse mais j'ai besoin qu'il me le dise à voix haute.
— Ouais c'est un peu ça.
Je me morfonds dans un silence poignant en fixant machinalement quelques élèves sur le chemin de leurs cours. Si les circonstances avaient étaient différents, je serais déjà en train de fondre en larmes dans les bras de Jammie en lui racontant en détails les dégâts de maudite vie.
— Tu veux que je te dise quelque chose ? Me demande t'il soudainement en se frottant la nuque à multiples reprises. Je ne veux pas être attaché à toi parce que je ne connais pas cette sensation de vivre pour quelqu'un d'autre que moi-même. Putain, c'est vraiment flippant de me dire que je peux être égoïste à te faire vivre un véritable enfer juste pour mon bien-être personnel.
Il relève lentement mon menton en m'emprisonnant de ses prunelles délicieusement acidulées.
— Je ne te crois pas.. tu as déjà dû le vivre d'une manière ou d'une autre.
— Je l'ai déjà vécu, mais jamais comme celle-là.
En dépit de nos différences, je sais que ce que nous vivons depuis trois mois n'est pas facile tous les jours, mais représente la véritable définition de l'attirance entre deux personnes. Il ne sait pas comment s'y prendre pour être heureux parce que personne ne lui a donné d'être vraiment lui-même. Les femmes apprécient les belles choses et ne remarquent pas la beauté intérieure.
— Je croyais que tu vivais un peu plus dangereusement que ça.
Je m'extirpe de son emprise en rejoignant le plus rapidement possible l'entrée principale du bâtiment.
~~~
Je marche lentement jusqu'à la résidence universitaire en ayant la ferme intention de ne plus jamais me faire prendre pour une conne. Jammie prendra ses valises d'une manière ou d'une autre et se trouvera un nouveau domicile chez la plupart des mecs avec qui elle a des relations ambiguës.
J'enfonce la clef dans la serrure en constatant quelques longues secondes les dégâts dans l'appartement. Les culottes traînent sur le parquet, les deux poubelles regorgent de bouteilles vides dans la cuisine et le parfum insistant d'une litière sale me donne la nausée.
— Je ne pourrais pas venir demain, maman. June a des révisions et elle m'a dit qu'elle ne voulait plus venir chez toi pour le moment.. qu'est-ce qu'il s'est passée ? Elle n'a rien voulu me dire.
Je fronce les sourcils en détaillant Jammie en pleine conversation téléphonique, un sac de course à la main.
— Attends, je te rappelle dans cinq minutes.
Elle raccroche soudainement la conversation en me regardant d'un sourire qui dit long sur ses pensées salaces.
— J'ai de la visite ? Alors qu'est-ce que tu veux petite sœur ? Elle parle d'une voix aiguë en reportant son attention sur son cabas.
— Je ne partirais pas d'ici alors je te conseille de foutre le camp si tu ne veux pas faire de colocation.
Jammie range machinalement des boites de conserves dans le placard en prenant soin de ne pas foutre sa manucure en lambeaux.
— Je regrette, je ne partirais pas non plus.
J'inspire de plus en plus profondément en me demandant ce que je pourrais bien dire de pertinent pour la faire sortir de l'appartement. Du coin de l'œil, je contemple le sweat-shirt blanc crème qu'elle porte divinement bien en constatant qu'il ressemble exactement à celui que j'avais emprunté à Mason au tout début de notre rencontre.
— Il est beau, pas vrai ?
Je m'avance jusqu'à elle en attrapant l'encolure du sweat-shirt entre mes mains.
— Qu'est-ce que tu fais avec ça, Jammie ?!
Un courant électrique me traverse entièrement en la regardant me sourire malicieusement comme une idiote.
— Oh mince.. je suis désolé pour toi, June. Elle fait la moue en reprenant de plus belle. Mason l'a oublié à la maison l'autre soir.. tu veux un scoop ? Il est aussi bon au lit que ce que tout le monde dit..
Le sang me monte à la tête en l'écoutant me dire à quel point Mason se débrouille bien dans un lit avec une femme. Je ne peux pas croire qu'ils ont déjà fait quelque chose tout les deux alors qu'il m'avait toujours dit qu'il l'a détestée.
— Je ne te crois pas..
Je me décompose intérieurement en tentant de reprendre mes esprit avant qu'une ruée de coup de poing ne gâche son maquillage.
— Bon d'accord, je savais que tu ne me croirais pas de toute façon.
Elle me contourne en prenant le téléphone portable qui se trouve dans son sac à main et me montre la vérité en pleine figure.
— J'ai envie de te prendre dans toute les pièces de l'appartement, tu as encore de l'énergie en réserve ?
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True Love
Roman d'amourJune, jeune femme timide se retrouve admise à l'université de Columbia dans un lieu diamétralement opposé du sien habituellement. Fête sur le campus, bande d'amis et relation ambigu avec un homme mystérieux et cruel comme Mason révélera l'essence mê...