Partie seize

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~~~ Point de vue de June

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~~~ Point de vue de June. ~~~

J'ai le cœur lourd quand ma mère m'embrasse tendrement sur le front en positionnant une petite barrette en forme de noeud papillon sur l'élastique de ma queue de cheval. Cette petite marque d'affection me rappelle une enfance extraordinaire qui demeure dans une petite enveloppe au fond de ma tête dans la case ~ souvenirs.

— Pourquoi Jammie n'est pas là ?

Sur le coup, je ne la comprends pas vraiment. Elle a peut-être des nouveaux amis et ne voit pas l'intérêt de revenir aux sources, mais actuellement notre mère a besoin de soutien pour faire face à son divorce.

— Je suis désolé, maman.. tu connais Jammie, elle est toujours aussi têtue qu'avant.

Elle brosse machinalement mes cheveux en fixant le revêtement de la cafetière.

— Une prochaine fois peut-être.. il y a une tarte aux fraises dans le frigo si tu as encore faim.

— Pourquoi tu ne déménage pas ? Nous pourrions être tout le temps ensemble.. cette maison n'est plus vraiment la notre depuis que papa n'est plus là..

— C'est beaucoup trop de travail, June.. s'exclame t'elle en s'affalant mollement sur sa chaise. Je ne veux pas vendre la maison.. je ne suis pas prête à le faire.

— Il ne reviendra plus.

Ses mots me lacèrent le ventre alors que je malaxe ma petite cuillère dans le sirop de la tarte aux fraises.

— Tu n'oublies pas vingt-quatre ans de mariage comme ça, ma chérie. C'est difficile, mais je suis certaine qu'il est plus heureux maintenant.

Je me rappelle du sourire de mon père en regardant ma mère du coin de l'œil quand elle faisait la cuisine et la manière qu'il avait de me dire combien elle comptait à ses yeux. Que s'est-il passé pour que leurs histoires finissent comme ça ? Pourquoi mon père a succombé à la tentation en rencontrant cette sorcière qui ne veut que son argent ?

— Attrape le pop-corn dans le placard, il y a un très bon film à la télévision.

— Coup de foudre à Notting Hill ?

Je ricane en me jetant sans plus de façon sur le vieux canapé grinçant et manque de me prendre l'angle de la table basse dans le crâne.

— Je ne t'emmène pas à l'hôpital si il y a un accident !

Elle hurle depuis le seuil de la porte en me balançant un coussin dans le visage. Bon sang, elle m'avait tellement manqué.

~~~

Minuit moins le quart, le petit salon se transforme progressivement en un lieu cocooning avec des cochonneries sur la table basse, des bouteilles de jus d'orange vides à même le sol et surtout le parfum de dissolvant qui me brûle les narines.

J'vais à la cuisine prendre un truc à bouffer et après j'te raconte une histoire super qui va te ratatiner les couilles genre raisins secs !

J'éclate de rire en constatant que nous avons dit la même réplique du film dans un synchronisation presque parfaite.

— Ok, c'est la soirée la plus cool de ma vie.

— Tu passes du bon temps quand même à l'université ? Enfin je veux dire, les autres sont gentils avec toi ?

Oh bien sûr, l'unique garçon que je connais un minimum est une véritable ordure qui a été conçu sans le moindre cœur et avec un esprit plutôt bagarreur.

— Je ne connais pas beaucoup de monde appart peut-être deux ou trois personnes qui sont plus dans le même état d'esprit que Jammie.

Je sors mon téléphone portable de ma poche et lui montre quelques photos sur Facebook d'Angelina et de Simon.

— C'est un punk ? Me demande t'elle en dévisageant la photo de Simon.

— Arrête, je t'assure que c'est sûrement le moins extravagant.

J'esquisse un sourire en levant les yeux au ciel. J'avais oublié à quel point, ma mère n'apprécie pas la nouvelle mode. Elle effleure du bout des doigts l'écran du portable en s'arrêtant sur le compte de Mason.

— Effectivement, c'est lui le plus excentrique. C'est quoi ses tatouages, bon sang !

Je contemple la photographie en passant chaque détails au peigne fin. Mason, est clairement le plus divin de tous. Sa chevelure auburn est en bataille, ses grands yeux verts s'illuminent quand il sourit devant l'objectif et je ne parle même pas de son style vestimentaire propre à lui-même. Un petit jean délavé noir corbeau et un tee-shirt basique blanc qui moule parfaitement ses muscles bruts et ciselés.

— Je ne te le fais pas dire..

— Tu as des problèmes avec lui ? Si c'est le cas, tu peux me le dire, je ne compte pas faire un scandale, tu me connais.

J'esquisse un sourire en me remémorant des épisodes de mon enfance. Elle est tellement protectrice qu'elle oublie de faire la part des choses entre une simple discussion et un coup de sac à main dans la tête.

— Oui justement, je te connais.. tu te rappelles que tu as foutu un coup de sac à Dan parce qu'il voulait pas faire partie de mon équipe en basket-ball ?

Elle soupire en rebouchant la bouteille de dissolvant.

— Il a dit que tu étais une naine qui n'arriverait jamais à atteindre le panier, si je me souviens bien. Dit-elle dans un grognement des plus sinistres. Il méritait une bonne correction ce petit con.

Au moment où je m'émerveille devant un cliché de Mason au bord de la plage, mon téléphone vibre en m'annonçant un texto.

— C'est qui ?

Il a vraiment du culot de m'envoyer un message maintenant alors qu'il ne m'a plus donné signe de vie depuis plus d'une semaine. Je suis certaine qu'à plus d'une heure du matin, son taux d'alcoolémie a déjà atteint son paroxysme et que c'est la raison de sa réapparition soudaine.

Tu m'en veux toujours ?

Ma mère tente une ou deux fois de lire le contenu du message et je me décale vivement à l'autre bout du canapé.

Non, il n'y a aucun problème. Je suis assez grande pour vivre quelques jours sans toi.

Son texto ne se fait pas attendre.

Je ne parle pas de ça.. tu m'en veux parce que je ne t'ai plus parlé depuis la semaine dernière ?

Félicitation June, tu es clairement pitoyable.

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