X.

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Point de vue Adina.

Un fou rire comme j'en ai rarement eu.
Les larmes aux yeux et les pieds qui claquent au sol.
Assis sur le banc c'est comme si nos rires le faisait vibrer. Le téléphone qui se tenait en équilibre sur ma cuisse, pendant qu'en émanait le rire d'Angèle, menaçait de tomber.
Je me suis retournée vers lui et il a passé sa main au milieu des boucles infernales de ses cheveux, tout en luttant contre les larmes de rire qui descendaient d'elles mêmes le long de son visage fin.

- Jsais j'ai l'air conne mais jamais vous m'avez dit que vous vous étiez embrasser ce jour là! Din' me l'a jamais dit mais alors jamais !
- Ah bah ça on avait bien compris !

Il s'est remis à rire, plus doucement.
Nous nous sommes calmés puis je repris le portable entre mes mains.

- Non mais sans deconner quoi, regardez vous ! A cette époque vous auriez été le meilleur couple du monde... pfff déçue...
- Qu'est ce que t'es conne espèce de cupidon pété!

Pablo s'est levé du banc d'un seul bond et m'a fait signe de la tête de le suivre.
J'ai dis un dernier au revoir à Angèle avant de me lever.
On a rit une nouvelle fois dans la rue, puis dans le métro, puis devant les tas de gens qui deviennent carrément étonnés de voir qu'on peut encore rire comme ça. Qu'est ce que Paris déprime.
Face à toute cette atmosphère morne j'avais l'impression qu'il n'y avait plus que nous.
Face à la porte de mon immeuble il a remonté les manches de sa veste en cuir puis passé sa main dans ses cheveux.

- J'ai l'air con mais c'est drôle.
- de quoi ?
- La nuit.
- La nuit te fait rire maintenant ?
- La nuit avec toi. Devant ta porte d'immeuble, là maintenant.

J'ai laissé un rire gêné s'échapper entre mes lèvres.
Il n'y avait rien de si spécial, je ne voyais rien de spécial. Lui moi la lune ma porte.
Rien de drôle. Je réfléchissais peut être beaucoup trop. Putain qu'est ce que je devais comprendre?

- C'est drôle parce que la dernière fois qu'on était sous les étoiles tous les deux, on s'est embrassés.
- Moment nostalgique, qu'on mette Billie Jean en fond, qu'on se rappelle de ce bonnet que je mettais juste pour cacher l'acné. Non remarque, évitons de nous en souvenir...
- J'aimais pas ce bonnet, j'voulais passer mes doigts dans tes cheveux.
- Tes cheveux sont bien plus fascinants que les miens, t'avais qu'à te le faire tout seul si c'était une si grande pulsion.
- T'es plus fascinante que tu le crois.

J'ai reculé d'un petit pas, comme si ces mots me poursuivaient, armés et dévastateurs. C'est pas ça que je voulais, du moins je crois.
Je me suis souvenue de ce soir en question, le frisson quand il a caressé ma nuque, le sentiment quand ses lèvres ont touché les miennes. Mais ce n'était rien, c'était pour rire, c'était parce que c'était le moment d'embrasser quelqu'un.

- Fascinante?
- Merde, je devrais peut être fermer ma gueule.
- Je comprends pas Pablo je te mens pas je comprends pas.
- C'est pas en quelques années dans le sud que je vais oublier ce qu'on était l'un pour l'autre. T'as toujours été fascinante à ta façon et, tu le reste à mes yeux. T'es pas pareille c'est tout.
- L'un pour l'autre ?

Il a rougit et s'est mordillé la lèvre.
Plusieurs fois il a tenté de prendre la parole mais c'est comme s'il en était incapable.

- Pablo ?
- On était amoureux, non?

Quoi? C'est comme si je ne suivais déjà plus la discussion, happée par le simple mot « amoureux ».

- Tu étais amoureux de moi ?
- Wow ca voulait vraiment rien dire pour toi. J'étais rien pour toi.
- Dis pas ça...
- J'ai raison, avoues que j'ai raison.

De quoi j'avais l'air ? Une pauvre conne.
Il a reculé d'un ou deux pas.

- Excuses moi je devrais pas t'agresser comme ça. Mais, Dinn'... Dans le sud j'ai pensé qu'à toi, même à Bruxelles je pensais déjà qu'à toi.
- Je pensais pas du tout je...
- C'est pas la peine, te fais pas de mal pour rien. J'ai cru, je me suis trompé, fin de l'histoire.

Il m'a sourit, il s'est avancé si proche de moi que j'en ai eu des frissons puis, comme si il avait renoncé, il a rit tendrement.

- Jsuis con, et dire que je pensais pouvoir t'embrasser sous les étoiles encore une fois.

Je voulais l'embrasser, comme pour finir le cycle de nos enlacements spontanés. Mais tout semblait m'en empêcher, comme une barrière entre nos deux corps frêles et maladroits. Si je l'embrassais ce soir là, ce ne serait plus un jeu comme je l'imaginais, non, ce serait de l'allumage clair et net. Nos respirations se mélangeaient, s'accordaient presque tandis que le silence commençait à prendre un peu de place. Et merde qu'est ce que c'était encore que ce bordel. Sans que je puisses avoir le temps de répondre, il s'est retourné, partant dans la nuit noire.

Ils l'appellent PalpalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant