XXXVI.

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Point de vue Adina.

- Jvais m'en aller Antoine.
- Tu peux pas. Tu peux pas t'en aller comme ça.

Je me sens comme compressée, les larmes courent à la frontière de ses cils et je sais qu'il ne veut pas pleurer.
Son visage rougit quand je me sens pâlir.
Pourquoi ça grouille autant dans mon ventre ? Cette envie de gerber intarissable, démangeante.

Je reste assise le regard braqué sur son âme égarée. Lui reste debout, toujours dans l'encadrement d'une porte jamais dépassée.
Entouré par le lierre sur le mur de brique qui l'entoure.
J'aime pas cette putain de terrasse collée à la cuisine, j'aime pas ces chaises en bois qui collent aux cuisses, j'aime pas cette putain d'odeur autour.

- T'es en colère.
- Ouais jsuis en colère ouais.

Je me lève à mesure que l'adrénaline monte, je la sens cette culpabilité qui lui ronge la peau, cette stupidité qui attendrit toujours ses yeux quand j'approche.

- En colère contre moi, d'y avoir cru. De te laisser jouer à des jeux que tu comprends pas, non tu comprends pas Antoine. Je sais pas ce que tu cherches depuis tout ce temps...
- ... juste toi je cherche rien...
- Arrêtes de parler bordel. Arrêtes juste de parler.

J'aime pas ce romantisme qui plane sur nos têtes, comme si tout était obligé de se finir bien.

- Tu peux pas fuir indéfiniment Adina.
- Tu veux me retenir comment, je commences sérieusement à croire que tu vas finir par me buter.
- Jsuis désolée d'accord ?
- J'en ai rien à foutre.

Pourquoi il y a autant de violence en lui, toujours a deux doigts de me déchirer quand je réponds pas à ces attentions.
Je suis pas le genre de fille qu'on domine, pas le genre de fille qui laisse les choses se faire quand elles me déplaisent.

Par habitude les marques rouges sur mes poignets ont tournées au violet, je me rassure en regardant les griffures ensanglantés sur ses avant bras.
C'est seulement comme ça qu'on survit l'un à l'autre, dans la haine permanente.
J'aimerai pleurer moi aussi, puisque tout n'a jamais été aussi flou.

- Pourquoi t'es venue alors ?
- Pourquoi tu supportes pas le fait que je t'appartiens pas ?
- Arrêtes de retourner la situation.
- Je retournes rien putain.

Je me laisse glisser de la chaise pour m'assoir au sol. J'ai la tremblote et il n'y a rien de plus désagréable.

- Ramènes la bouteille de wiss, dans le frigo.

Il disparaît derrière l'encadrement de la porte.
Pour rester calme il faut que l'alcool me monte à la tête.
Jsuis douée pour me foutre dans les pires situations possibles, il faut encore que je réfléchisses avant de dire que cela me dérange.

J'ai du mal avec l'affection, surtout la sienne.

Je me passe les mains sur le visage et quand j'ouvre à nouveau les yeux il est déjà assis par terre, face à moi, la bouteille de whisky dans une main et les deux verres s'entrechoquant dans l'autre.
Il verse le liquide magique dans les deux verres en cristal.

- On va faire un truc.
- Tu sais que ça me plait déjà.
- À chaque gorgée, on lâche la pression.

Son regard est intéressé mais sacrément niais, je pars du principe qu'il a compris.
Je prends mon verre est descends une première lampée de whisky. L'alcool me pique déjà au nez.

- Je suis pas ta chose.

Il rigole en un soupir et prend son verre en main, il boit et je le sens hésiter.

- Jveux que t'arrêtes de t'enfuir.
- Je m'enfuis pas.
- Bois.

Je me retiens de sourire et vide mon verre en une gorgée. C'est comme ça qu'on vit vraiment il parait.
Je sens les picotements envoûter mon corps et merde est ce que je suis déjà en train de regretter ?

- Jveux que t'arrêtes d'y croire.

Pourquoi est-ce que tout semble si simple maintenant ?

- T'es pas sincère.
- Je suis complètement sincère, je prends mon avion ce soir et tout s'arrête là.
- Dinn' les choses peuvent pas... peuvent pas juste s'arrêter comme ça...tout s'arrangeait.

Je déglutis pendant qu'il arrache le verre de mes mains pour le poser sur le sol.

- Non ça s'arrange pas Antoine. On comble le vide alors qu'on sait très bien toi et moi que c'est terminé depuis longtemps.
- Regarde nous trois secondes, t'es partie avec moi.
- C'est juste trop beau pour être vrai, tu comprends ?

Il attarde son regard sur mes poignets.

- On dirait un film. La brune irrésistible prend son avion le plus vite possible et l'amoureux reste tout seul dans l'appartement vide.
Je me sens con t'es tout ce que je veux putain.
Tu peux pas me dire qu'on y arrivera pas.
- On y arrivera pas.
- C'est le whisky qui parle.

Je ris doucement.
C'est en douceur qu'on se déchire le plus.

Ils l'appellent PalpalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant