XX.

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Point de vue Adina.

- Merde merde merde merde!

23:54.
Je devais être au cabaret à minuit, autant dire que c'était raté.
J'avais réussis à me maquiller à l'avance pour perdre moins de temps là bas mais à présent ça n'avait plus aucune utilité.

Le téléphone en équilibre entre le bout du canapé et le vide qui promettait pour lui un gouffre mortel vibrait.

Je décroche, c'est Cally.

- Ouais allo ?
- Bon Nathalie Portman jvois que t'es à la bourre, jsuis devant chez toi avec une bagnole tu viens ?
- Putain qu'est-ce que je t'aime. 3min et je suis là.
- Ok.

Je pouvais pas mettre la main sur mon démaquillant.
Merdier de démaquillant.

J'ai pris ma veste en jean tout en courant a travers l'appartement.
Après avoir manqué de me casser la gueule de nombreuses fois dans les escaliers, je suis arrivée saine et sauve dans la voiture de Roxanne.

Voiture était un grand mot, toute cabossée, la peinture râpée à certains endroits.

Quand je me suis tournée vers elle, j'ai immédiatement vu les traces violettes sur ses bras et les marques sur son cou.

Elle s'est penchée contre sa vitre après m'avoir aperçue.

- Joli makeup.
- Tu devrais partir de chez lui.

Un silence glacé s'est emparé de nous.
J'aurai pas du dire ça.

Merde.

- Excuses moi, c'était con.
- Le maquillage cachera le max, c'est le principal j'veux juste danser.
- Ils laisseront forcément danser la star du show.

Elle m'a sourit puis a allumé la radio.
On a chanté, c'est comme si tout sortait de nous, comme si le mal s'évaporait.

En poussant la porte, nous étions déjà dans cette atmosphère spéciale qu'est celle du cabaret.
La lumière tamisée, la musique vrombissante.
Puis la chaleur cuisante qui venait taper tout contre notre peau.

Le directeur de la petite entreprise clandestine s'est présenté face à nous.
Quel con.
Je l'aimais pas, il m'aimait pas, fin de l'histoire.

Je l'ai vu dévisagé Cally tout en rangeant son portable.

- C'est quoi ça ?

Il a tourné autour d'elle comme le bourreau autour de sa victime.

- T'as perdu ta langue? Je t'avais prévenue non? Ici les filles qui danse sont des princesses, pas des pubs pour sparadraps.
- Vous n'êtes pas autorisé à avoir ce genre de réflexions. Après tout vous êtes directeur d'un lieu non déclaré donc par conséquent illégal alors... encore moins autorisé.

Ses yeux se sont plantés dans les miens.
J'ai senti la colère en lui, encore hébété qu'on lui coupe la parole.

- Manquerait plus qu'elle tombe enceinte et là c'est le pompom.
- Qui vous permets d'avoir un avis sur ma vie privée ?
- Qui te permets d'arriver comme ça à ton lieu de travail?
- Excusez moi, ça n'arrivera plus à l'avenir. Je vais aller danser si vous me le permettez.

Sans attendre de réponse, elle l'a doublé en prenant le soin de ne pas heurter son épaule.
Je l'ai suivie en soupirant.

Avant que je puisses franchir la porte des coulisses, une main m'a retenue violemment vers le fond de la salle.

En tout premier lieu, avant même de parler, j'ai lorgné avec dégoût sur la trace rouge sang sur mon bras gauche.

- Fais pas la maligne auprès de moi Tiny Cat. Surtout pas auprès de moi. Tu penses quoi? Que je vais me laisser balader par des prostituées dans ton genre? T'es là pour me plaire pas pour me faire perdre quelconque crédibilité. Compris ? C'est drôle comme la colère te rend plus sexy remarque, garde ça pour le public...
- Mais c'est quoi votre problème à vous?! Je suis pas une pauvre gamine je sais ce que j'ai à faire ! Jten foutrais de la crédibilité moi, vous ne faites peur à personne ici ! Vous avez  plus à craindre que nous toutes réunies croyez moi.

Un rictus nerveux faisait ressortir une veine sur son front, tandis que sa bouche grimaçait.
Il semblait nerveux mais n'a pas hésité une seconde quand il a fallut dire:

- T'es virée.
- Ok. D'un certain côté c'est cool, maintenant je peux vous dire à quel point vous êtes une merde.

Je suis sortie du cabaret en accélérant le rythme de mes pas a mesure que les regards se tournaient sur moi.

Une fois dehors, il faisait plutôt doux.

On voyait quelques étoiles, jamais je ne les avaient vues aussi proches les unes des autres.
Drôle quand on sait que je n'ai jamais été aussi éloignée de tout mes repères.

Je patientais pour Cally devant la porte du bar tout en essayant de masquer un maximum mon maquillage de scène.
Quel merdier.

Mon portable a vibré dans la poche de ma veste.

00:29
INSTAGRAM:
@sneazzysneazzy à commencé à vous suivre.

Sneazzy? Genre, le vrai?
J'ouvre insta et consulte le profil,
c'est lui.
J'avais croisé ce mec une fois a une soirée chez un ami d'Antoine.
On a du parler a peine dix minutes sans que j'ose jamais lui dire que j'étais complètement fan de ce qu'il faisait.
Trop peur de le faire flipper.

J'envoie un message à Angèle pour lui dire mais elle ne réponds pas.

- Adina ?!

En sursautant de surprise je me retrouve né à né avec Roméo, en train de franchir la porte du bar.

Il se décale très rapidement de l'entrée pour se rapprocher de moi.
Suspect.

- Ah Roméo !
- Tu fous quoi ici ?
- Toi tu fous quoi ici ?

Première règle que je me suis tout de suite donnée en arrivant au cabaret.
Ne pas parler du cabaret.
Je crois qu'il a la même règle que moi.
Il ne sait juste pas très bien s'en servir.

- Ça va pas de traîner toute seule à cette heure çi la nuit?! Puis ici en plus !
- PARDON?! Non mais je rêve je suis pas ton gosse!
- Excuses moi... Pourquoi t'es toute maquillée comme ça ?
- Pourquoi tu viens dans un bar à cette heure çi ?

Vous remarquez l'insistance sur le mot « bar »?
Ne jamais souligner que c'est un cabaret.

- Dis Adina... On peut faire comme si on c'était jamais croisé ?
- Euh, oui pas de problème.

Je suis partie à toute vitesse vers chez moi sans me retourner vers lui qui chuchotait « merde » plusieurs fois de suite.

00:57
INSTAGRAM:
@sneazzysneazzy veut vous envoyer un message.

Drôle de soirée.

Ils l'appellent PalpalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant