Ils l'appellent Palpal

XIX.

Point de vue Lomepal.

Des milliers d'étoiles dans le ciel noir quand je lève les yeux, et pas une seule qui touche l'autre.
Les humains sont peut-être pareil, on ne se touche jamais vraiment.
On s'exploite, on laisse les mots nous planter dans le coeur.

Elle a planté mon coeur et mon corps par la même occasion.
Une trace indélébile sous le plexus.

Images au ralenti de ses cheveux qui volent, face au vent.

J'ai besoin qu'elle vienne m'aider, qu'elle me sorte de la spirale infernale qui me fait oublier tous les autres visages.
Je me suis cru trop fort, alors qu'elle avait déjà tout détruit, son amour m'a rendu fou, le perdre m'a rendu faible.

En partant hier soir, Roméo m'avait filé son adresse.
Il m'avait dit « mon gars faut la rejoindre, déconnes pas. ».
J'ai pas bouffé de la journée et pourtant la nuit tombait déjà.

Mon joint dans la main et mon portable dans l'autre je me suis penché un peu plus vers le vide, au bord de la fenêtre.
Un mec courrait en fringues de sport.

Faudrait que je me mettes au sport.
Ça sert à rien, moi j'aime pas quand y a trop de muscles sinon j'me sens oppressé.
Bref.

J'ai écrasé la fin de mon joint dans le cendrier et je me suis redressé.

- Tu devrais arrêter ce genre de conneries Antoine.

Je me suis retourné face à Maman, des gros sacs de courses à bout de bras.

- Fumer ?
- Quelle question, évidemment que tu devrais arrêter de fumer.
- Au moins ça me fait penser à autre chose.

Je l'ai suivie dans la cuisine pour ranger tous ses nouveaux achats.
Elle rangeait et organisait le frigo tout en faisant le geste, machinalement, de porter la nourriture du sac au réfrigérateur.

- C'est la fille hein ?
- Jcrois bien.
- Et moi qui te croyais incapable d'être amoureux d'une fille..
- Tu penses que je suis gay?
- Mais non Antoine. J'ai juste pas l'habitude de te voir désespéré pour une fille.

Elle a rit en caressant mon dos du dos de sa main.
Nous avons fini de ranger pendant qu'elle chantait, je n'osais pas l'interrompre.
Je suis sorti de la cuisine et j'ai enfilé ma veste.
J'ai vu ma mère me surveiller d'un œil discret que je connaissais pas coeur.

- Je vais marcher un peu.
- Antoine, je suis personne pour donner un avis sur ta situation amoureuse, mais... Paris c'est pas si grand pour retrouver quelqu'un. Il n'y a que tes propres démons qui rendent le chemin si long.

Je lui ai souris.

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J'ai hésité, face à la porte de son bâtiment.
Le coeur battant, une sorte d'adrénaline incontrôlable pendant que je m'imaginais déjà l'embrasser.
Un mec m'as laissé rentrer, alors je suis monté jusqu'à sa porte.

J'ai sonné, j'ai toqué, j'ai appelé son nom, mais rien.
Je me suis assis sur les marches qui menaient à son palier lorsque la porte s'est ouverte.

- Adi... Angèle ?!
- Antoine tu fous quoi ici putain...

Elle a levé les yeux avec un air hautain bien trop insupportable à mes yeux.
Mais j'ai pas relevé, c'était pas le moment.

- Jviens voir Adina.
- Mais tu peux pas la laisser vivre Adina ?
- Jsuis la pour m'excuser.
- Mais qu'est-ce qu'elle en a à foutre de tes excuses ?! T'as joué et t'as perdu c'est tout, change de disque et passe à autre chose.
- Ça te regarde pas, lâches moi tu seras mignonne.

Elle a lâché son sac et à accouru si près de moi que je sentais son souffle chaud et brutal.
Et merde dans quoi j'étais encore en train de me foutre.

- Elle est pas là, et tu sais pourquoi? Parce que elle, elle a compris que t'étais pas un mec bien.
- T'es sûre que c'est pas plutôt toi qui l'a décidé pour elle ?
- Antoine putain mais tu te rends compte dans quelle merde tu la fous a chaque fois que tu t'approches d'elle! Non t'es pas un mec bien je m'en cache pas !
- T'as d'autres choses à dire? Comme ça au moins tu brailles bien maintenant et après tu te casses!

Angie a reprit son sac.
Elle m'a poussé vivement dans les marches, me faisant trébucher un court instant.
Après m'avoir doublé dans les escaliers, elle s'est retournée vers moi.

- C'est pas parce qu'elle a une emprise dingue sur toi que ça veut dire qu'elle a besoin de toi Palpal.

Ma fierté s'est étalée, dégoulinante, sur les marches.

Quelle connasse. Elle avait raison.

Quelques minutes après son départ, j'ai décidé de sortir et de simplement marcher.
Comme ça, dépendant du temps et de mes pieds.

J'ai pas marché tellement longtemps, m'arrêtant au premier lavomatique sur ma route.
C'était calme et apaisant comme endroit, et à cette heure là il n'y aurait personne.

Jme suis assis contre la fenêtre et j'ai commencé à écrire quelques vers sur mon portable.
En faisant un petit bond de surprise à cause de la vibration, je voyais s'afficher une nouvelle notification sur mon portable.

23:12
De Rom' Le Rome:
Mec,jsuis dans un petit bar avec Lenita..et merde je sais pas comment te dire ça. On a vu Adina, elle était avec un keum
T'es au courant ??

Mon coeur ne battait presque plus tant il avait déjà souffert.
Adina putain.

Dans le ciel couvert je ne voyais plus aucune étoile.