XXXIV.

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Point de vue Adina.

Qu'est-ce qu'il attendait de moi?
Qu'est-ce que j'étais sensée faire de ce voyage?
À quel appel correspond-t-il ?

Le gouffre en face de moi ne m'a jamais autant tenté.
Mais ce serait pas le bon moment.
Ce sera jamais le bon moment, tant qu'il sera près de moi, peu importe la manière.

Je sais pas, des fois j'ai l'impression qu'il s'accroche à mon cœur comme un parasite, mais c'est comme un putain de virus, j'attends qu'il s'installe et qu'il me détruise un peu plus de l'intérieur.

Je resserre les barreaux entre mes mains et sens les petits pics s'enfoncer dans ma peau.
Il se rapproche encore un peu.

On ressens juste le moment, comme des vibrations qui bourdonnent de la tête aux pieds.
J'ai du mal à réfléchir.
Mais j'ai jamais été aussi bien.

- J'imaginerai bien ma grand mère içi. Dans le lac.
- Jeannine ?
- Ouais. Le soleil est à son zénith, il se reflète parfaitement bien dans l'eau. C'est comme... c'est comme le trésor à la fin de l'arc en ciel.

Je souris, renonçant à me moquer parce qu'il y a quelque chose de si pur.
Cette chose si pure quand ses yeux se plissent pendant qu'il sourit, quand il me regarde aussi profondément.

J'ose tourner la tête vers lui, j'aime sa façon de se prêter au jeu comme j'aime sa façon de parler.
Quand il tourne la tête un bout de terre roule sous ses pieds et il trébuche.
A peine quelques secondes.
Mais je prends sa main puis son bras, mes jambes tremblent aussi vite et je suis comme réveillée de ma mélancolie pourtant si bien installée.

Putain.
Si peu de secondes et pourtant tant d'hypothèses, de sentiments et d'émotions à l'esprit.

Il prend une grande inspiration et se redresse en se retenant à la grille.
Il n'est même pas tombé à terre, rien qu'un petit déséquilibre.

Antoine se tient droit mais ne lâche pas ma main, il la regarde en un sourire.

- Ah tiens.
- Quoi ?
- T'as eu peur.

Je tentes de lâcher ses doigts mais il retient ma main aussi fort que possible.

- Non restes.
- T'aimerai bien.
- Attends sans elle je serais peut être mort à l'heure qu'il est !

Je n'aime pas qu'il se moque de moi, d'habitude c'est moi qui fait ce genre de choses.
Pourtant je me laisse vaguement sourire, il avait raison de se foutre de ma gueule vu la peur que je m'étais foutue toute seule.

Sa main est glacée, où peut être est-ce la mienne qui est vraiment bouillante.
Depuis notre arrivée il n'y a jamais eu un seul contact tactile entre nous, maintenant qu'il tient ma main il n'y a rien de plus naturel.

- T'as faim ?

Il y a un air enjoué dans sa voix qui n'appartient qu'à lui, ce petit air de môme qui casse son côté effrayant.

Je hoche la tête et il court jusqu'à la voiture.
Il ouvre le coffre, ballade ses mains quelques moments à l'intérieur puis en sort un gros sac en carton.
Je ris quand, lorsque le sac est entre mes mains, je vois tous les abricots mûrs.

Ils l'appellent PalpalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant