XXVII.

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Point de vue Lomepal.

- Antoine ?

Je retourne les yeux sur elle.
J'avais fini par croire qu'elle viendrait jamais.
Ses yeux plantés dans les miens je pensais qu'elle serait beaucoup plus sur les nerfs.
Il y a un truc pas net presque, elle est beaucoup trop calme.

Je l'interroge du regard, pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu'elle me réponde aussitôt:

- T'as dis que tu voulais qu'on se voit. Alors voilà on se voit.
- T'es sadique maintenant c'est ça ? Tu me craches à la gueule mais tu me retiens quand même.
- C'est pas moi qui t'ai appelé pour te supplier de revenir.

Je pensais qu'elle s'avancerait un peu plus, mais elle reste là, si supérieure à tout mon être.
Tout seul dans le bowl je me sens à découvert, n'importe quel soldat pourrait m'abattre elle serait toujours l'unique bourreau.

Elle ne me regarde même pas, ses yeux perdus dans le ciel pluvieux.
Sous sa capuche trempée je vois sa frange effilée qui goutte seconde après seconde.

Les bras croisés, les deux jambes plantées dans le sol.

C'est pas moi qu'elle regarde.
Elle regarde quoi?
Pourquoi elle me regarde pas?

J'ose même pas me relever, de peur qu'elle m'échappe, comme un papillon de nuit trop effrayé.
Seulement elle n'a pas peur, elle n'a jamais peur.
Elle semble juste horrifiée, dégoûtée.

C'est peut être tout ce que je lui inspire.
C'est peut être pour ça qu'elle me regarde pas.

- Jsuis sous tes yeux et tu regardes ailleurs.
- C'est dingue t'arrive pas à accepter que je sois plus obsédée par toi. T'es pas le centre du monde Antoine.
- Et pourquoi ce serait pas nous le centre du monde, hein ?
- Arrêtes de dire ce genre de conneries. Ça me bouffe, ça me fais chier ok?

Elle descend jusqu'à moi sans prendre de précaution.
Elle aurait pu glisser, rater la pente.
Mais non elle avance, encore, plus, près, de, moi.
Un fin rideau de pluie s'écoule entre nous.
Le mascara ne s'écoule qu'un peu sur ses pommettes.

J'essaie de rester bien droit, pour qu'elle ai ce petit tic nerveux quand elle constate qu'elle m'arrive au nez.
Elle détourne les yeux en fronçant le nez.
Gagné.

- Je comprends pas.
- Que tu sois pas la seule chose intéressante dans mon champ de vision ?
- C'est pas de ça que je te parles.
- Alors de quoi?
- Je te donnes tout, tout ce que tu veux. Jme mets à tes pieds, je t'écris chaque poème, chaque chanson cucu. Jt'appelles, je t'envoies des messages.
Je te donnes tout et tu prends rien.

Elle se détourne de moi, avançant de quelques pas dans le sens inverse, retirant sa capuche.
Les gouttes de pluie tombent sur sa tête mise à nue.
Adina est dos à moi mais j'arrive à deviner ses mains essuyer le mascara sur ses joues quand je vois ses bras s'agiter.

Après un instant elle revient à moi, le regard encore en feu et les cheveux constellés d'eau, dont elle ramène quelques mèches du sommet de son crâne sur le côté.

- J'veux plus rien avoir à perdre. Je supportes plus que t'ai des attentions pour moi...Que tu sois là devant moi à faire toutes les choses que j'espérais de toi avant, quand j'avais pas encore réalisé à quel point tout ce que t'es est juste... je sais pas, malsain.
- Tu comprends pas...

Ils l'appellent PalpalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant