Jordan Carter et sa vie en trois mots

chapitre un

J'ai toujours cru que ma vie pouvait être décrite en trois mots. Ces mots n'étaient pas toujours les mêmes. Toutefois, il n'y en avait jamais plus de trois.

J'avais commencé cela plus jeune avec une fille dans mon autobus. Chaque semaine, nous résumions notre vie avec trois mots. C'était un bon moyen de rires de nos vies.

Elle s'appelait Olane, un nom assez hors de l'ordinaire. Nous avions toujours pensé que dramatiser tout nous aiderait à passer à travers les moments les plus difficiles.

Lorsque ma grand-mère est décédée, notre petit jeu avait réussi à me sortir de la misère. Aussi stupide que ce l'était, je savais que ma vie ne pouvait être si pire.

Toutefois, quelque chose a changé notre jeu pour toujours.

C'était une journée tout à fait normale. Un ciel bleu, un soleil éblouissant et l'herbe aussi verte qu'un brocoli.

En entrant dans l'autobus, Olane n'était pas là. C'était étrange, car elle était toujours dans les premières à s'asseoir. Malheureusement, elle n'a jamais posé les pieds dans un autobus après cette journée.

Par notre professeur, nous avions appris qu'Olane avait une maladie très rare et dégénérative qui la rendait très malade. Il ne lui restait plus beaucoup de temps parmi nous.

Je lui ai rendu visite chaque jour à l'hôpital. Elle était ma meilleure amie. Je savais que ce n'était pas réciproque, mais cela ne m'importait pas.

Chaque fois que je lui rendais visite, je lui disais les trois mots qui décrivaient ma vie. C'était amusant. Lorsque je finissais, c'était à son tour et elle était drôlement optimiste. Nous n'avions jamais joué ainsi. Se concentrer sur les points positifs. J'aimais ça.

Un jour, je suis venu lui rendre visite. J'étais arrivé et je me rendais vers sa chambre comme à mon habitude, mais les madames n'avaient pas voulu me laisser la voir. J'étais en colère.

Moi et ma mère avions attendu dans la salle d'attente jusqu'à ce que je puisse la voir. J'avais besoin de lui parler. Elle était ma confidente et une amie précieuse.

Pendant que ma mère allait chercher quelque chose à grignoter, la maman d'Olane est venue me voir. C'était une belle femme avec la peau brune et des cheveux noirs bouclés.

Elle s'est assise à côté de moi et elle m'a souri. Je la regardais avec de grands yeux. Je me demandais ce qui se passait.

– Est-ce que je peux la voir? je lui avais demandé.

Sa mère avait passé sa main dans mes cheveux. Puis, elle s'était baissée pour être de ma hauteur.

– Olane nous a quittés tantôt, me confit sa mère dans une voix cassée. Elle est partie dans le ciel.

Ma lèvre inférieure avait commencé à trembler.

– Je ne la verrai plus jamais? je lui avais fébrilement demandé.

– Bien sûr que tu vas la revoir, dit-elle dans une petite voix. Tu n'as qu'à fermer les yeux et t'imaginer qu'elle est juste là avec toi. Olane n'est plus physiquement ici, mais elle sera toujours présente dans notre cœur.

En larmes, j'avais fait un câlin à cette mère si gentille. Je ne pouvais m'imaginer ce qu'elle ressentait. Je ne peux toujours pas le faire.

Notre jeu prit un tournant bien différent. Comment pouvais-je trouver quoi que ce soit de positif à propos de cette tragédie? Elle était partie avec l'espoir d'une vie meilleure. Malheureusement, l'univers lui avait tout pris, incluant sa vie.

À partir de ce jour, j'avais continué de décrire ma vie en trois mots et je trouvais cela difficile. Je n'avais plus rien à dire. Ma vie était devenue déprimante.

Néanmoins, May est arrivée dans ma vie. Enfin, elle est revenue dans ma vie. Sa présence avait peu à peu remplacé la perte d'Olane.

Cette dernière avait peu à peu disparue de mon esprit. Cependant, les trois mots que je disais étaient toujours là pour que je ne l'oublie pas. Je me sentais plus près d'elle.

Je n'ai jamais arrêté de jouer à ce jeu. Encore aujourd'hui, je le fais. Cela me rassure et je garde de bons souvenirs d'Olane.

Je trouve toujours les bons mots. Puis, il n'a jamais rien qui nécessite plus de trois mots. Ma vie n'en a pas besoin de plus.