chapitre trente-neuf *

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Si je devais choisir trois mots pour décrire ma vie, ce ne serait pas difficile.

Le premier mot serait solitaire puisque je n'ai littéralement plus d'amis. Leah et Felicia ne me parlent plus pour une raison que j'ignore. J'essaie de les rejoindre, mais j'ai l'impression qu'elles se sont fermées à moi. Je sais que j'ai été beaucoup avec Dylan, mais ce n'est pas une raison pour m'expulser de leur vie. Ensuite, je ne veux toujours pas parler avec May. Ne plus avoir d'amis ne me désespère pas assez pour lui parler. Je ne peux pas lui pardonner. Je n'ai pas d'autre ami. En fait, si, j'ai Ethan. Bon, d'accord, j'ai un ami. Reste que ma vie est plutôt solitaire.

Le deuxième serait probablement ennuyeuse parce que ma mère veut que je lui explique tout ce qui est arrivé. Tant que je n'aurai pas parlé de la journée à cette dernière, je devrai rester dans ma chambre. C'est plutôt ennuyant. Sans oublier le fait que je n'ai pas d'ami avec qui en parler.

Pour finir, je dirais qu'elle est décevante. Toute cette grande attente pour rien du tout. Lorsque j'étais jeune, j'aurais rêvé d'une vie remplie de drame. Pourtant, aujourd'hui, tout ce que je souhaite est de m'en débarrasser. Je veux une belle vie et non une vie que chaque tournant est plein d'obstacles.

Trois coups résonnent contre ma porte de chambre.

– Tu peux entrer, je lui dis.

Ma mère entre dans la pièce.

– Est-ce que ton visage va mieux?

Je hoche de la tête. C'est simplement pour qu'elle me laisse tranquille, car il me fait terriblement mal en réalité.

Ma mère vient s'asseoir sur ma chaise devant mon lit que je suis allongé sur. Je tourne ma tête vers elle. Je n'ai jamais été un grand confident avec ma mère. Elle est plus du genre à être la méchante et mon père le gentil. Toutefois, je ne leur dis plus grand-chose. Bien sûr, lorsque j'arrive à la maison le soir, je leur explique ma journée, mais seulement ce qui a rapport à l'école.

– Est-ce que tu es prêt à en parler? me questionne ma mère.

– Je ne sais pas ce que tu veux entendre, je lui explique. Je te l'ai déjà dit, on s'est chicané un petit peu et j'ai poussé mes insultes trop loin. Je le méritais.

– Pourquoi vous vous chicaniez? me demande-t-elle.

Je secoue la tête. Qu'est-ce qu'elle veut savoir ensuite ? Est-ce que je suis encore vierge?

– Ce n'était rien, je lui dis. Tu n'es pas obligé de connaître toute ma vie.

– Peut-être pas, dit-elle. Sauf que, lorsque je me fais appeler par l'école à cause que mon fils a été impliqué dans une bagarre, je crois que j'ai le droit à quelques explications.

– Très bien, je lui dis. On était devenu très proche. May m'a menti sur quelque chose qu'elle n'aurait pas dû et je ne lui parlais plus beaucoup. Puis, j'ai découvert que Dylan faisait également partie de ce secret et ça m'a fâché. C'est pour cela. Je voulais des réponses et, pour les avoir, je l'ai provoqué. Je lui ai fait ressurgir de mauvais souvenirs que j'étais le seul à savoir et je savais que ça le blesserait.

Après avoir parlé, je ne sais plus ce que j'ai dit. Tout ce que je sais, c'est que tout ce que j'ai dit est un mélange de mensonge et de vérité.

Elle hoche lentement de la tête.

– Merci pour ton honnêteté, me remercie-t-elle.

Elle se retourne vers ma porte. Avant de quitter la pièce, elle me regarde. Je ne sais pas comment réagir. Je ne fais que la regarder avec un air étrange.

Jordan Carter et sa vie en trois motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant