chapitre cinq pt. deux *

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Les jours qui suivirent furent plutôt calmes. May a pris la fibrose kystique avec son amie Marie. Elles semblent s'amuser ensemble. À part cela, tout est comme d'habitude.

Quelques semaines plus tard, une journée qui semble tout à fait normal, Dylan et moi travaillons sur notre projet. Nous faisons une affiche avec le drapeau LGBTQ à côté de notre titre. Nous ne parlons pas tellement puisque nous sommes concentrés.

– J'ai une question pour toi, me dit Dylan.

J'arrête de faire le drapeau et je le regarde. Il m'observe également de ses jolis yeux.

– Ouais?

– Qu'est-ce que je devrais faire pour que les filles arrêtent de me tourner après? me questionne-t-il.

Je ne suis pas sûr de comprendre ce qu'il dit et il doit le voir, car il reformule sa pensée.

– Depuis que je t'ai parlé, j'ai tout fait pour m'éloigner d'elles. Peu importe ce que je fais, elles reviennent vers moi ou je le fais sans m'en rendre compte.

Il prend une pause. Par son expression, je vois qu'il ne sait pas quoi faire. Je pense à ça question. Pour être honnête, je n'en ai aucune idée. Comment fais-tu pour que les filles se désintéressent de toi? Comment fais-tu pour être bien seul? Je regarde notre affiche.

Une idée surgit dans ma tête, mais je veux l'oublier. Cela ne servirait à rien de lui dire. Malheureusement, Dylan voit que j'ai une idée dans ma tête.

– Quelle est ton idée? me demande-t-il.

– Ce n'est rien, je lui assure. C'est juste une idée stupide qui m'est passée par la tête.

– Je veux t'entendre.

Je résiste. Je ne vais pas lui dire. Il va me juger. Je le regarde droit dans les yeux et je réalise à quel point ils sont magnifiques. Ils sont du même bleu que les caraïbes.

– Je vais te le dire, je capitule, mais tu dois me promettre que tu ne me jugeras pas. Ce n'est qu'une idée qui est passée dans ma tête. Ça ne veut rien dire.

– Très bien, dit-il.

Je prends une profonde respiration. Je ne sais pas ce que je fais. Et je n'arrive pas à croire que je vais vraiment lui dire ça.

– Simule que tu es gay, je murmure.

– Quoi? dit-il surprit.

Je vois pendant une seconde qu'il est dégoutté par moi et mon idée.

– Je n'aurais pas dû te le dire.

À partir de maintenant, il ne va jamais penser à moi de la même façon. Il va croire que je suis gay et que je lui ai dit ça pour qu'il soit en couple avec moi. Je veux juste disparaître et m'effacer de la planète.

– Termine ton idée, il dit doucement.

Je le regarde intrigué. Néanmoins, je lui obéis.

– Comme ça, les filles vont arrêter de te courir après. Elles vont penser qu'elles n'ont aucune chance. Ça marcherait encore mieux si tu prétendais être en couple avec quelqu'un d'autre. Comme ça, tu vas passer du temps avec lui et ses amis pour être plus réaliste. Les filles te laisseront sûrement en paix.

Il hoche lentement de la tête.

– C'était juste une idée comme ça à cause de notre projet. Rien de plus.

– Tu as peut-être raison, il confirme. Mais je sors d'une rupture. Prétendre être en couple va juste être pire.

Son cœur s'est brisé après sa rupture avec ma meilleure amie. Je le vois bien. Si j'étais lui, je serais aussi triste, car May a passé à autre chose la soirée même.

– Si tu veux mon avis, tu as besoin de penser à quelque chose d'autre.

Il hoche de nouveau la tête. Un silence s'insinue entre nous. J'ai l'impression que c'est un froid horrible qui s'accroche à moi et qui monte dans mon corps. Je me remets donc au travail.

Toutefois, je sens toujours son regard sur moi. Je me sens mal à l'aise. Qu'attend-il pour travailler?

– Bon, d'accord. Jordan, veux-tu être mon petit-ami?

Ce fut comme si on m'avait tiré. J'ai peut-être proposé cette idée, mais je n'ai jamais dit que je voulais être celui qui était son amoureux. Ce n'est pas parce que je l'ai dit que je voulais qu'il me propose de l'être et ce n'était surtout pas parce que je suis gay. J'aime les filles et les filles seulement. Je le jure.

J'ai voulu parler, mais aucun mot ne sortit de ma bouche. Je suis littéralement sans mot, mais pas dans le bon sens du terme.

Je lève le regard vers lui.

– En quoi cela t'avantagerait? je lui demande perplexe en mâchant mes mots. Je veux dire, ce sera sûrement plus dur de sortir avec d'autres filles plus tard, non?

Il réfléchit un peu.

– Peut-être, me répond-il, mais je n'aurai plus besoin de me soucier d'elles pendant quelque temps. Je pourrai juste passer du temps avec toi comme si t'étais mon meilleur ami.

Il me regarde intensément et je sens mes mains devenir de plus en plus moites. Je sens également de grosses gouttes de sueur perler mon front et je suis nerveux comme jamais auparavant. Je n'arrive pas à réfléchir normalement. Mes pensées se bousculent dans ma tête.

– Très bien, je finis par dire. On commence quand?

– Quand tu veux, me dit-il.

Je réfléchis calmement. Plus vite que cela commencera, le plus vite cela se terminera, pas vrai? Je prends de grandes respirations.

– Demain, je le renseigne. Je le dirai à May et peut-être à Leah et Felicia aujourd'hui pour être sûr que tout soit correct. Mais nous ne devons pas en parler à personne d'autre à partir de demain. Tu peux en parler à quelqu'un si tu veux, mais il faut que ce soit avant demain.

Il me répond par un sourire. Dans quoi me suis-je embarqué?

Jordan Carter et sa vie en trois motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant