chapitre trente-trois *

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Je débarque de la voiture à toute vitesse et je cours à la recherche de Dylan. Je regarde dans les modules de jeux, dans les terrains de foot. Je le trouve seulement une dizaine de minutes après être arrivé dans le deuxième stationnement, assis dans les marches.

Dylan a les cheveux dans la figure avec son capuchon rabattu sur sa tête. Ses manches sont remontées aux coudes. Son avant-bras gauche et ses mains sont en sang. Il a quelque chose dans sa main qu'il n'arrête pas de frotter contre son bras.

J'arrive plus près et Dylan relève la tête vers moi. J'aperçois des larmes couler le long de son visage. Lentement, je m'assois à côté de lui. Je passe mon bras autour de son cou et j'appuie sa tête contre mon épaule.

J'aperçois ses mains trembler fébrilement. Je comprends enfin ce qu'il faisait lorsque je vois la lame tachée de son sang.

– Tout va bien aller, je lui murmure.

J'abaisse son capuchon et c'est pire que ce que je pensais. Dylan a plusieurs plaies dans le visage, un œil au beurre noir ainsi que les lèvres gonflées.

– Que s'est-il passé? je lui demande.

Il commence à pleurer sans retenue. Je passe ma main dans ses cheveux. Je n'arrive pas à comprendre ce qui s'est passé.

Sa respiration commence à ralentir et ses soubresauts diminuent. Peu à peu, Dylan revient à lui même.

– Dis-moi qui t'a fait ça et je vais aller le battre, je lui dis.

Nous partons tous les deux à rire. Nous savons tous les deux que j'en serais incapable. Juste l'idée de me battre me donne la frousse.

Nous restons silencieux quelques instants.

Je regarde ses mains et je prends délicatement la lame.

– Est-ce que ça fait longtemps que tu fais ça? je le questionne.

Il ne bouge pas. Finalement, il hoche de la tête.

Comment ai-je pu être si aveugle? J'aurais dû porter plus d'attention à lui. Je ne sais pas pourquoi je n'ai rien vu. Je croyais qu'il était fort et qu'il pouvait tout encaisser, c'est sûrement pour cela. En fait, il est juste humain. Un être fragile qui essaie de trouver sa place dans un monde obscur et dangereux.

Le ciel est maintenant orangé et nous voyons mal dans l'obscurité de la nuit tombante. Mes parents doivent être effrayés. Je ne suis pas à la maison et je ne leur ai pas laissé une note.

– Je vais y aller maintenant, j'informe Dylan.

Je me relève et je regarde l'horizon.

Qu'est-ce que l'univers m'a réservé? Je me souviens de la question qu'Ethan m'avait posée. D'une façon que je ne pourrais l'expliquer, l'univers, cette chose qui semble contrôler notre destin, m'a fait traversé un chemin hors du commun. Je me dis que, si j'ai traversé ces moments intenses, c'est pour que j'en retienne des leçons.

Je me rassois.

– Je suis là pour toi, je le rassure. Peu importe ce qui va t'arriver, je serai toujours là pour toi. Si tu ne veux pas me raconter ce qui s'est passé, je ne m'en plaindrai pas. Je veux seulement le meilleur pour toi.

Il hoche de la tête, mais il ne dit toujours pas un mot. J'aurai essayé, je me dis. Je lève pour une deuxième fois. Je le regarde une dernière fois avant de partir.

– Jordan, m'appelle-t-il.

Je me retourne soudainement. M'a-t-il réellement adressé la parole? Je retourne m'asseoir à côté de lui et j'attends qu'il commence à parler.

Jordan Carter et sa vie en trois motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant