Sa main est dans la mienne. Je la serre très fort. Les sportifs ont le don de me faire sentir inférieur. Je ne veux pas éprouver cela avec Dylan. Peut-être qu'en le tenant fort, cela n'arrivera pas.
Nous pénétrons dans l'imposante bâtisse qui ne cesse de m'épater à chaque pas. Lorsqu'il y a trop de gens qui nous observent, je lâche sa main. Je reste toujours bloqué à ce que vont penser les personnes autour de moi.
Un garçon que je reconnais arrive vers nous et fait une poignée de main avec Dylan.
– Trop content de te voir, Lagowski! s'exclame le sportif.
– Pareil pour moi, James.
Il se retourne vers moi et il fige. Il ne sait pas trop comment réagir avec moi. Alors, je lui souris simplement, ce qu'il fait en retour. Puis, il se penche à l'oreille de Dylan et il chuchote pour ne pas que je l'entende. Je regarde autour de moi.
Dylan se recule et secoue la tête.
– Je vais l'expliquer tout à l'heure, confie-t-il à son ami qui hoche de la tête avant de s'en aller voir d'autres potes.
Je me retourne vers Dylan et le regarde avec de grands yeux. Il esquisse un petit sourire nerveux.
Nous commençons à visiter les lieux. La maison est un vrai palace. Il y a tout ce dont on peut rêver. Le hall d'entrée est comme les châteaux: deux escaliers partent des extrémités pour se retrouver plus haut. Un lustre, fait de cristal, est accroché au-dessus du hall d'entrée. Lorsque l'on continue, il y a un grand salon où se déroule le party. Ensuite, sur la terrasse, il y a une piscine aux eaux nettes comme du verre. Lorsqu'on regarde l'horizon, on voit seulement des arbres.
– Je vais voir des copains, m'informe-t-il avant de me quitter. Je reviens.
Je me retourne et je vois Dylan faire d'autres poignées de mains à d'autres garçons. Je reste planté au milieu de la pièce. Il y a des dizaines d'adolescents qui boivent de la bière et qui discutent. Je ne me sens pas bien. Je ne me sens pas à ma place.
Je décide de sortir sur la terrasse. L'air frais me fouette le visage. Je referme la porte et marche jusqu'à l'herbe. Puis, je me couche sur le sol et je profite du silence presque total. Le party ne semble pas avoir lieux. Je peux entendre les feuilles des arbres fouettés les uns contre les autres. Je me sens bien.
Je regarde le ciel étoilé. Bien que la maison est énorme, elle est situé à la campagne. Le ciel n'est ainsi pas pollué par la pollution lumineuse.
J'adore regarde les étoiles. J'ai l'impression d'être comme elles. Des âmes perdues. J'ai l'impression d'être seul, mais qu'on ne le remarque pas puisque je suis comme les autres. Une étoile comme les autres.
J'entends des pas approcher. Un garçon, que je ne connaît pas, apparaît dans mon champs de vision. Il a des cheveux bruns, presque noirs, frisés et un regard bleu clair. Il me sourit et je ne peux m'empêcher de faire de même.
– Je peux me joindre à toi? me demande-t-il avec une voix qui fait palpiter mon coeur.
Je hoche de la tête.
Il se couche alors sur le sol juste à côté de moi. Je suis d'abord mal à l'aise, mais je m'habitue rapidement. Nous sommes plantés là à regarder le ciel. J'essaie de repérer les constellations. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le cœur qui bat à mille à l'heure comme si je courrais un marathon.
Après plusieurs minutes qui me semblent des secondes, l'inconnu commence à parler.
– Quand je regarde les étoiles, commence-t-il, j'ai l'impression de voir un tout. C'est comme si chaque petite lumière avait son rôle à jouer. Sans l'une d'elle, rien ne serait pareil. J'ai l'impression qu'on est tous comme les étoiles. Il suffit de trouver celle qui fait éclairer le ciel sombre. Il suffit de croire qu'elle est là, quelque part, et tous devient clair.
Je souris. Je n'avais jamais pensé comme ça. Je me retourne pour voir son visage. Il a l'air émerveillé. Qui est ce garçon?
Il se tourne vers moi et me regarde. Je ne peux pas me détacher de ses yeux.
– Je m'appelle Ethan, m'informe-t-il.
Il me tend la main. Je fronce les sourcils, amusé. C'est la première fois que je vois quelqu'un de mon âge aussi ringard. Je décide néanmoins de jouer le jeu. Je lui serre la main.
– Jordan.
Tout d'un coup, un sportif sort de la maison.
– Les mecs, s'écrit-il.
Je bondis sur mes deux pieds. Ethan commence à rire.
– Dylan appelle tout le monde. Il a une annonce à faire.
Je marche vers l'entrée. Je m'arrête après quelques pas. Je regarde derrière moi. J'aperçoit le garçon toujours couché sur le sol à admirer les étoiles. Je souris une dernière fois avant d'entrer dans la maison.
Je vais rejoindre la foule, tout en m'assurant de ne pas me mêler à eux, prêt pour l'annonce de Dylan. Je m'imagine des discours dans ma tête. D'une certaine façon, je me sens fébrile. J'ai hâte qu'il le dise pour qu'on soit enfin débarrassé de tous les faux dires. D'une autre façon, j'ai peur de ce qui va se passer par la suite. J'ai peur de comment ils vont le prendre.
Je vois Dylan arriver avec difficulté. Il monte lentement sur la table avec un verre dans les mains. Ensuite, il se relève droit et commence à regarder tout le monde sans cesser de bouger.
C'est pire que ce que je croyais. Il va faire son discours complètement saoul. Je dois l'en empêcher avant qu'il fasse une connerie.
Je me lève discrètement et me dirige vers Dylan qui n'a pas dit un mot.
– Approchez, dit théâtralement mon petit ami.
Des mains d'applaudissements résonnent partout dans la pièce tandis que certains sortent leur téléphone pour filmer la scène.
J'arrive prêt de mon faux copain. Je lui tire le bras.
– Dylan, je susurre.
Il se penche vers moi et manque de tomber. Heureusement, je le maintiens.
– Ne le fais pas quand t'es saoul, je lui dis.
Il me répond par un geste de la main. Il n'en fait qu'à sa tête. Un sportif restera toujours un sportif. Ils ont toujours besoin d'attentions.
Il se relève maladroitement. Je me dirige au fond de la pièce au cas où tout irait mal. Ainsi, je pourrai vite m'en aller pour ne pas faire face à des conneries.
– Bonjour tout le monde! Aujourd'hui est un jour très spécial. Je suis sûr que certains d'entre vous ont entendu parler de la rumeur stipulant que je suis gay. Je suis ici pour mettre fin à ces maudites rumeurs.
Des applaudissements et des cris explosent dans la salle pour encourager mon copain.
– Je suis bel et bien homo! s'exclame Dylan.
Un silence mortel plane au-dessus de la foule. Plus personne n'ose dire un mot. Personne ne s'y attendait.
– Vous devez tous vous demander ce que je raconte, devine-t-il. Laissez-moi vous expliquer. Vous voyez le charment jeune homme qui se situe juste là-bas?
Tout le monde se tourne vers moi. Je me renfrogne et j'ai juste le goût de disparaître. Je veux devenir invisible et ne plus avoir ces dizaines de regards qui me jugent.
– C'est lui le fameux élu, continue-t-il. Jordan Carter est l'élue de mon cœur et je voulais que vous sachiez toutes les vraies choses.
Un nouveau silence. Et, contre toutes attentes, les gens commencent à applaudir et vont même jusqu'à siffler pour montrer leur support comme s'il était Beyoncé. Ou peut-être pensent-t-ils simplement que c'est un simple coup monté, ce qui, en y réfléchissant bien, est le cas.
Mon ventre commence soudainement à se serrer. Je quitte la pièce et je me dirige vers ma voiture. J'ai besoin d'air.
Je pénètre dans l'habitacle et je laisse tomber ma tête contre le volant. La tension commence à s'apaiser. Puis, je pousse un soupir. Une chose de moins à faire. Maintenant, toute l'école va savoir puisque Dylan s'est fait filmer. Je devrais être heureux.
Pourquoi est-ce que je me sens si mal? Pourquoi ai-je l'impression qu'il nous manque quelque chose?
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Jordan Carter et sa vie en trois mots
Novela JuvenilAvant, toute ma vie avait un sens. Après l'année scolaire, j'allais aller à l'université loin de ma petite ville. Ensuite, j'allais me marier avec une belle fille, avoir des enfants et des petits-enfants. Quand Dylan, l'ex à ma meilleure amie, m'av...