chapitre vingt-sept *

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Ma tête tourne.

Mes pensées se bousculent si rapidement que je ne suis pas capable de rester calme. En fait, elles sont toutes alimentées par de la colère. Comment a-t-il pu me faire ça? Je veux dire, je croyais que je lui avais donné cette idée.

Je me remémore de cette journée.

Jordan, veux-tu être mon petit-ami?

Tu sais quoi? Dylan peut aller se faire foutre. Il n'est qu'un sale con arrogant et prétentieux. Tu ne sais même pas pourquoi tu l'as laissé entrer dans ta vie.

Tu sais très bien pourquoi tu l'as laissé entrer dans ta vie, répond ma deuxième voix dans ma tête. Il est beau, gentil et attentionné. Il était bienveillant et je suis sûr qu'il a une bonne raison. Tu dois seulement attendre et ne pas sauter à une conclusion si rapidement.

Tu n'aurais jamais dû lui faire confiance. Tu aurais dû faire confiance à May. Tu n'aurais jamais dû la trahir. Tu aurais dû penser à elle en premier. Maintenant, ta meilleure amie est moins souvent avec toi, car te voir avec son ex est douloureux. Tu es tellement stupide.

Ça suffit de le rabaisser comme ça! Tu ne vois pas qu'il souffre déjà assez comme ça? Allez, Jordan. Respire lentement. Oui, c'est ça. Ensuite, marche un peu et va te prendre un verre d'eau. Par la suite, tu vas aller chercher Dylan et essayer d'avoir des réponses.

Je hoche de la tête. C'est exactement ce que je vais faire.

Je me lève de mon siège laissant les personnes silencieuses seules. Je marche un petit peu. Je prends de grandes respirations pour calmer mon souffle tremblotant. Je me dirige vers le comptoir et je me prends un nouveau verre d'eau, car je n'ai pas la force de retourner prendre le verre que je m'étais déjà fait. Je prends de grandes gorgées. Je n'avais pas remarqué à quel point ma gorge était déshydratée.

Maintenant que je me suis calmé et hydraté, je suis prêt à aller trouver Dylan et lui demander des explications.

La maison est très vaste. Il y a trois étages. Le sous-sol est inaccessible ce qui m'enlève des possibilités. Ensuite, le rez-de-chaussée comporte environ deux chambres et une salle de bain. Puis, l'étage supérieur est composé de trois chambres, un deuxième salon et une salle de bain.

Je commence par chercher sur le rez-de-chaussée. Je contourne des couples qui s'embrassent, des adolescents à moitié saouls et des personnes qui ne semblent pas avoir bu une goutte d'alcool, mais ils sont assez rares.

J'ouvre la première chambre, et je vois qu'elle est vide, puisque c'est la chambre des parents.

Je me dirige ensuite vers la deuxième chambre et lorsque j'ouvre la porte, il y a des personnes qui commencent à me crier dessus pour que je referme la porte. Je la referme aussitôt.

Je vérifie rapidement si la salle de bain est occupée et je monte au deuxième étage par la suite.

Une fois rendu en haut de l'escalier, je suis à une embouchure. Situés dans le salon, deux couloirs sont de chaque côté. Je décide d'aller à ma gauche.

Pourquoi est-ce que Dylan aurait été dans une chambre? Il est sans doute allé prendre l'air dehors. Je dois perdre mon temps en ce moment.

J'ouvre la première porte et la chambre est occupée par un jeune qui est couché sur le dos.

– Est-ce que tout va bien? je lui demande.

Aucune réponse. J'entre dans la chambre pour le tourner sur le côté. S'il commence à vomir, il ne s'étouffera pas. Je l'accote contre le pied du lit pour qu'il reste en suspension. Une fois assuré qu'il tient, je referme la porte.

J'ouvre la deuxième porte et la chambre est vide. Seulement des boites et quelques objets meublent la pièce. Je referme la porte.

Je retourne sur mes pas pour aller dans l'autre couloir. Je fais face à deux portes. Celle de droite et de gauche. Je décide d'aller dans celle de droite et je tombe sur une chambre.

La chambre est également vide et je pousse un soupir. Je pensais qu'il était peut-être en train de coucher avec une fille, mais je m'étais seulement fait des scénarios comme d'habitude.

Je referme la porte et j'ouvre celle de la salle de bain. Devant moi se trouve Dylan. Toutefois, je remarque qu'il est avec May. Les deux sont à moitié déshabillés et ils s'embrassent passionnément.

– Qu'est-ce que vous faites? je leur demande.

Dylan se retourne nonchalamment. Les deux visages des personnes qui me sont les plus chers à mes yeux sont tournés vers moi.

– Tu ne vois pas qu'on est occupé? s'écrit ma meilleure amie.

– Comment pouvez-vous me faire ça? je leur demande.

– T'es vraiment con, Jordan, commence à m'insulter ma meilleure amie. Tu crois que tu es si important, n'est-ce pas? Tu penses que tu es trahi alors que tu m'as fait la même chose. Si tu veux savoir, ce n'est pas la première fois que je couche avec Dylan. Et si tu veux savoir, te voir souffrir est tellement satisfaisant. Tu mérites tellement ce qui t'arrive. Et pourquoi tu ne vas pas te jeter en bas d'un pont tant qu'à y être? Ça ferait vraiment du bien.

Je quitte la pièce en trombe les yeux embués par les larmes. J'ai l'impression d'être cassé. Après tout, May a raison. Je l'ai trahi et je le mérite.

Je descends les marches qui mènent au rez-de-chaussée. Ensuite, je sors à l'extérieur.

Ethan est assis sur les marches. Il se retourne et il me sourit gentiment. Comment peut-il me sourire alors que je suis un monstre ? J'évite son regard.

– C'est une belle soirée aujourd'hui, me dit-il.

Je ne réponds rien. Je me tiens toujours debout à ses côtés. Il se retourne vers l'avant.

– L'univers est assez étrange, me confie-t-il. Tous ces moments de peines et de colères qui, au final, nous guident vers ce que nous deviendrons plus tard. Toutes ces petites choses qui font ce que nous sommes sont toutes orchestrées par l'univers.

Il se tourne vers moi.

– Dis-moi, Jordan. Qu'est-ce que l'univers t'a réservé?

Je ne réponds rien.

L'univers est cruel. C'est comme s'il s'amusait à me voir souffrir. Je n'ai jamais demandé de souffrir. Je n'ai jamais voulu avoir cette vie et je n'ai jamais voulu être en vie. Je n'ai jamais voulu en arriver jusqu'ici.

J'éclate en sanglots. Je ne peux pas me retenir. Alors, je commence à courir. Aussi vite que je peux, aussi loin de cette maison, aussi loin de ces souvenirs.

Je n'arrête pas de courir.

Si je pouvais décrire ma vie en trois mots en ce moment, ce serait assez sombre.

Tout d'abord, il y aurait médiocre. Ma vie est un échec dans tous les domaines. Je pensais que j'avais un avenir, mais je n'en ai aucun. J'étais voué à l'échec depuis toujours. C'était voué à l'échec avec Dylan et c'était voué à l'échec avec May.

Ensuite, il y aurait catastrophique. Je suis une vraie catastrophe. Je ruine autant la vie des autres que j'ai ruiné la mienne. Je veux dire, j'y ai vraiment cru avec Dylan, mais tous étaient faux. J'ai détruit mon amitié avec ma meilleure amie, avec Leah et Felicia et j'ai détruit tout ce que j'avais autour.

Finalement, il y a déplorable. Il n'y a pas une autre façon de le dire, je suis tellement médiocre. J'ai toujours pensé que je méritais une belle vie, mais il y a tellement de personnes qui en mériteraient plus que moi. Qu'est-ce que j'ai déjà accompli? Rien du tout. Tout ce que j'ai fait, c'est de penser seulement à moi.

Je continue de courir. Je ne sais pas où je me dirige. Toutefois, je sais que je ne veux pas m'arrêter. Je veux souffrir. Je veux que mes poumons brûlent. Je veux tellement souffrir que j'espère que la douleur m'emportera loin de mon corps.

Je ne veux plus de cette vie.

Jordan Carter et sa vie en trois motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant