chapitre vingt-quatre *

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Ethan me regarde depuis le mur de ma chambre tandis que je suis assis sur mon lit. Nous ne disons rien. Tout ce que nous faisons c'est se regarder dans les yeux. Le temps parait passer plus vite qu'en plongeant les yeux dans son regard. Il commence à s'approcher de moi lentement. Les battements de mon cœur s'accélèrent à une vitesse folle. Il se baisse pour que nos visages soient à la même hauteur. Je peux sentir son souffle chaud contre mon visage. J'ai la respiration courte. Nos nez se touchent, mais j'en voudrais tellement plus. J'aimerais qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me berce, que nos lèvres se touchent. J'aimerais tellement plus.

Il commence soudainement à m'embrasser avec fougue. Je dépose ma main derrière sa tête pour le sentir plus près de moi. Je tombe sur le dos sur mon lit et Ethan est au-dessus de moi. Nous continuons à nous embrasser. Il enlève son chandail et je commence à le toucher. Je passe mes mains sur son torse, sur son ventre et je remonte à son visage. Il commence à descendre tout en embrassant mon torse, mon ventre jusqu'à mon pantalon. Puis, il le déboutonne et...

– Jordan? demande ma mère en entrant dans ma chambre.

J'ouvre les yeux en paniquant. Je suis à moitié à poil en train de faire... mes choses. Je me relève rapidement et je lui referme la porte dans le visage. Je respire rauquement. Je tremble de tout mon corps. J'espère qu'elle n'a rien vu.

– Je suis tellement désolé, dit-elle. J'aurais dû frapper.

Elle s'en va me laissant seul avec mon désespoir. C'est foutu. Elle m'a vu et j'ai tellement honte. Je ramasse mes vêtements sur mon lit et je me rhabille. Je regarde l'extérieur qui est plongé dans l'obscurité. Ma chambre, seulement éclairée par mes lumières de Noël blanches accrochées sur le mur, me semble étouffante.

Je sors de ma chambre et je descends au rez-de-chaussée. Ma fratrie est en train de jouer avec des jouets et mes parents discutent dans la cuisine. Lorsque j'entre, ils arrêtent de parler.

– Salut, me dit mon père.

Je lui réponds brièvement. Je n'ai pas le courage de dire plus de mots. Je tremble littéralement de tout mon corps comme une feuille. Je reste silencieux et je vais m'asseoir à la table. Mon père commence à faire la cuisine et ma mère vient s'asseoir à mes côtés sur la chaise.

– Maman, je commence, mais aucun son ne sort.

– C'est parfaitement naturel, elle me répond. Tu es un jeune adolescent et tu découvres ton corps. Seulement, la prochaine fois, sois plus discret. Cela restera entre nous.

Elle marque une pause avant d'ajouter:

– Je n'arrive pas à m'enlever l'image de ma tête.

Elle commence à rire et j'ai de la difficulté de l'imiter. Je veux dire, comment suis-je censé rire avec ta mère lorsque vous parlez de masturbation?

Elle se relève et elle va aider mon père à faire notre repas. Nous mangeons quelques minutes plus tard. C'est assez silencieux à la table. Même les enfants ne parlent pas. Ce doit être à cause de la pizza.

– Comment va l'école? je demande à ma petite sœur.

– Très bien, dit-elle. On a fait un bricolage hier avec de la peinture et du carton. J'ai fait une licorne rose avec des paillettes. Vanessa a fait un lion bleu et il était très bizarre.

Je lui souris et je hoche de la tête. Des fois, j'aimerais retourner à cet âge. L'âge où tout semble éphémère et où rien n'est grave. Il n'y a pas d'étiquette pour personne. Les jeunes à cet âge ne sont pas raciste ni homophobe. Ils aiment tout le monde.

Nous finissons de manger environ une heure plus tard. Mes frères et ma sœur vont se brosser les dents et se mettre en pyjama tandis que je sirote ma tasse de jus d'orange aux côtés de mon père.

Jordan Carter et sa vie en trois motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant