la réalité pt. deux

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Après avoir jeté le papier dans la poubelle, je m'arme d'un crayon et je me tiens au-dessus de la feuille. Je suis désormais prêt à écrire. Mais rien ne vient. Je me tiens juste devant une feuille blanche fixant sa profonde et glaciale blancheur avec seulement un lourd silence comme compagnie.

Mon professeur de français, qu'on appelle M. Jensen, m'a demandé, si je désirais participer à un concours qui se localisait dans notre région.

Le but initial du concours est d'inciter les élèves à écrire. La plupart des jeunes n'aiment pas ça et ils préfèrent être sur leur cellulaire. Je crois qu'écrire est une bonne chose, car elle t'ouvre sur un monde de possibilités.

Ainsi, chaque école doit choisir un élève qui va les représenter. Ce dernier va devoir écrire un texte aussi long qu'il le désire tout genre confondu. Le gagnant verra son œuvre exposé un peu partout, et peut-être sera-t-il également publié par une maison d'édition.

Je ne cherche pas à être premier. Peut-être troisième si je suis chanceux.

Je dépose mon crayon et je prends mon téléphone. J'ouvre ensuite mon application de musique. Je balaye l'écran de mon doigt, parcourant ainsi les chansons récemment ajoutées. Je ne sais pas quelle chanson mettre. Une liste de lecture apparait et je ne peux m'empêcher de sourire. Je tape sur l'écran et la musique commence. C'était la musique que moi et Dylan aimions écouter. D&J. Dylan et Jordan. Les souvenirs remontent à la surface. Je veux simplement m'étendre sur mon lit et pleurer.

Il est partout. Pendant quatre mois, nous avons tout fait ensemble. Peu importe où je regarde, mes souvenirs avec lui remontent à la surface. Les larmes me montent aux yeux. Je prends alors de grandes respirations. Ces souvenirs sont miens et ils ne disparaîtront pas. Je dois leur faire face.

Tout ce dont j'ai dans la tête, c'est les événements avec Dylan. Je ne peux pas écrire notre histoire une seconde fois. Je ne ferais que retourner le couteau dans la plaie. Je ne peux pas. Je ne veux pas faire ce foutu concours. M. Jensen n'aurait pas dû me choisir. Je n'ai pas de temps à perdre avec ça.

– Jordan! Le téléphone est pour toi, m'informe ma mère de la cuisine.

Je sors de ma chambre je vais la rejoindre. Elle est assise à la table avec plusieurs revues afin de prendre les rabais les plus avantageux. Lorsqu'elle me voit arriver, elle me tend le téléphone.

– C'est qui? je lui demande tout bas.

Elle hausse simplement les épaules. Je fronce les sourcils et je retourne dans ma chambre. Je ferme la porte et j'ose enfin demander qui est à l'appareil.

– Salut mon explorateur préféré, répond une voix que je reconnais.

C'est Ethan. Il est probablement le meilleur ami dont j'aurais eu besoin plus tôt. Quand quelque chose ne va pas, je peux compter sur lui pour me remonter le moral. Depuis que Dylan est disparu, il est très présent dans ma vie. Sans lui, j'irais encore plus mal.

Je commence à avoir la même sensation désagréable que j'ai chaque fois que je pense ou que je parle à Ethan. Maintenant, je suis habitué à l'avoir et je ne la remarque presque plus.

– Bonjour bel inconnu, je dis enthousiasment. Et, en passant, j'étais un aviateur.

J'adore lui parler. Il est mon rayon de soleil dans les lourdes journées nuageuses.

– Comment était ta journée, je le questionne.

Nous n'allons pas à la même école, car il fréquente une école privée tandis que je suis dans une école publique. Par contre, nous allons souvent chez l'autre, car nous habitons à environ vingt minutes de marche.

Jordan Carter et sa vie en trois motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant