Jordan Carter et sa vie en trois mots

chapitre vingt-neuf pt. un *

Ma valise est déposée sur mon lit. Je vide lentement mes tiroirs de vêtements pour les mettre sur mon lit. Tout en chantant la musique qui joue, je dépose ce que je veux emmener pour le voyage.

Quelqu'un frappe à ma porte. J'enlève mes écouteurs et je me retourne. Mon père s'approche lentement.

– Tu es sûr que tu dois y aller? me demande-t-il.

J'acquiesce de la tête. J'avais fait une promesse et je dois la tenir. Si j'avais pu, je n'y aurais pas été. Voir Dylan pendant trois jours sera un vrai enfer, mais c'était notre arrangement. Après la sortie dans les montagnes, on annonce la fin de ce petit jeu. Ma vie pourra enfin retourner comme elle était avant.

– Est-ce que tu veux que je t'aide? questionne mon père.

– J'ai bientôt fini, je lui avoue.

– Très bien. Dans ce cas, on part dans une vingtaine de minutes.

Il quitte ma chambre et je remets mes écouteurs. Je prends le soin de mettre mes vêtements dans le fond et les objets sur le dessus. Ensuite, je mets dans mon sac à dos les choses qui pourraient me divertir dans l'autobus.

Une fois que j'ai vérifié pour la troisième fois d'avoir tout, je me rends au rez-de-chaussée où mon père m'attend impatiemment sur le bord de la porte. Après avoir câliné et embrassé ma famille, mon père et moi sortons à l'extérieur. Je dépose mes bagages dans la valise.

La route jusqu'à mon école est assez silencieuse. Mon père et moi ne disons aucun mot. J'aimerais bien lui parler de tout ce qui se passe, mais j'ai peur. J'ai toujours l'impression que le temps n'est pas approprié.

Nous arrivons dans le stationnement. Nous restons assis silencieux encore quelques minutes. Puis, mon père sort à l'extérieur pour prendre ma valise. Je sors à mon tour et je vais le rejoindre. Il me donne un câlin et je lui en donne un en retour. Après notre étreinte, je prends ma valise et je pars en direction de l'autobus qui attend patiemment.

J'arrive près du chauffeur et des deux professeurs qui attendent à l'extérieur. Elles prennent ma présence tandis que le chauffeur prend ma valise. Ensuite, les professeurs m'invitent à embarquer. Je leur souris et je monte.

L'intérieur est très spacieux. Les fauteuils sont bleus et doux avec beaucoup de place entre les séries de deux sièges.

Je commence à dévaler l'allée. Je regarde les nombreux visages qui me dévisagent. Je monte la tête et je vois Dylan. Il est debout dans une série et il semble seul. Je m'avance lentement vers lui. Il sourit.

C'est à ce moment que je remarque à quel point j'ai été blessé. J'ai commencé à l'aimer. Il est devenu réel. Ce qu'il a fait était stupide, mais je ne peux pas lui en vouloir. Le but a toujours été de le débarrasser des filles qui ne voulaient pas le laisser tranquille. Je n'aurais jamais dû laisser mes émotions entrer dans le jeu. Maintenant, je ne sais pas si je pourrais supporté le voir avec une autre personne que moi.

Je m'avance toujours vers lui. J'arrive à ses côtés. Il m'examine de ses yeux. Je m'approche et je lui donne un petit baiser. Je me force de ne penser à rien puisque c'est seulement pour contribuer à notre arrangement.

Je m'assieds et je sors mes écouteurs ainsi que mon livre. Dylan n'a pas le temps de dire un mot que je suis concentré sur ma lecture avec ma musique qui joue à plein volume.

Le départ est donné et le voyage commence. Nous sommes vendredi matin et j'ai beaucoup d'énergie. J'ai de la difficulté à me concentrer sur mon livre. Dylan regarde par la fenêtre le décor et je continue de l'ignorer en simulant que je lis.