C'est une froide journée où le ciel est recouvert d'épais nuages. Je marche lentement en écoutant la musique. Je regarde les alentours de la rue plus silencieuse qu'à son habitude. Des flocons de neige tombent du ciel pour atterrir sur le sol.
J'avance me balançant au rythme de la musique. On dirait qu'il n'y a plus d'humains sur Terre comme s'ils avaient tous disparu subitement.
J'arrive devant une jolie petite maison dont le revêtement extérieur est composé de bois. Je monte le porche et je vais cogner à la porte. Je fais mon plus beau sourire.
Une jeune femme ouvre la porte. Elle est un peu plus petite que moi, mais elle est resplendissante. Elle porte une belle chemise rose et elle me sourit de toutes ses dents.
– Jordan, dit-elle surprise. Je ne croyais pas que tu venais.
Je hausse les épaules.
– Je n'avais rien à faire alors je me suis dit que j'allais faire un tour chez ma deuxième famille préférée.
Elle commence à rire et je l'imite. Elle est comme un rayon de soleil tout comme son fils. Tellement de bonheurs et de positivisme. Je sais de qui son fils retient cette bonne humeur.
Un homme la rejoint derrière elle et lorsqu'il me voit, il me serre la main.
– Ne reste pas là, s'exclame-t-elle. Rentre donc.
Je leur souris et j'entre dans la chaleureuse maison. Les mur sont recouverts d'une tapisserie fleurie tandis que le plancher est fait de bois. Leur maison est tellement accueillante.
– Il n'est pas encore arrivé, mais ce ne devrait pas tarder, m'informe-t-elle. Pourquoi ne resterais-tu pas à manger?
– Je ne veux pas vous importunez.
– Tu ne seras jamais importunant, s'exclame spontanément l'homme.
Je hoche la tête et j'accepte. Je téléphone ma mère pour lui avertir que je ne serai pas là ce soir. Elle me souhaite de bien m'amuser et je raccroche.
Je discute avec les deux fiancés qui me demandent comment allaient l'école, mon couple et toutes ces choses que votre mère est censée demander, mais qu'elle ne le fait pas. Je leur parle ouvertement sans me gêner.
Je n'ai pas dit à mes parents que je suis gay. Je n'ai jamais eu le cran de leur dire. J'ai peur de décevoir mon père qui a eu quatre enfants. Que penserait-il de moi? Pour ma mère, je n'ai pas peur de lui dire. Cependant, je ne peux pas lui dire sans le révéler aussi à mon père.
Soudain, la porte d'entrée se ferme à la volée. Je regarde le couple devant moi avec de grands yeux avant de me lever de ma chaise. Je me dirige dans la pièce voisine où j'aperçois mon amoureux.
Il est un peu plus grand que moi, mais à peine. Il a des cheveux bruns, presque noirs, bouclés. Son sourire est toujours authentique et cela me fait craquer. Il a des yeux bleus clairs qui semblent contenir tout les secrets de l'univers.
Je vais le rejoindre et le serre fort contre moi. Après quelques secondes, je me décolle. Je vois qu'il a de la difficulté à comprendre ce qui se passe. Il essaie de parler, mais il est tant confus qu'aucun son ne sort de sa bouche.
– Je n'avais rien de prévu, je lui explique simplement.
Il me regarde d'un regard doux. Je vois qu'il est heureux de me voir. Après tout, nous ne nous sommes pas vus depuis une semaine. Je prends son sac tandis qu'il serre ses parents dans ses bras. Ensuite, nous nous dirigeons dans sa chambre. Je dépose son sac sur le sol tandis que je me lance sur son lit. Il commence à rire. Il ferme la porte avant de venir me rejoindre.
Nous sommes maintenant allongés sur son lit. Je dépose ma tête sur son torse et je le regarde attentivement. Je mémorise toutes les parties de son visage. Je ne veux pas le perdre comme Dylan. Tout se qu'on peut entendre est notre souffle synchronisé.
– Comment avance ton livre? me demande-t-il.
J'expire fortement. Lorsque je lui ai parlé de ce stupide concours, il m'a fortement conseillé de le faire. Selon lui, cela mettrait peut-être fin à mes démons si je les retranscrivais. Cependant, j'ai seulement l'impression de repasser le couteau dans la plaie.
– Je ne sais pas, je l'informe. D'une certaine façon, cela avance rapidement. J'ai terminé le début jusqu'à ma fête.
Il me sourit chaleureusement comme pour me réconforter. Je tourne mon regard vers le mur.
– Tout dégénère rapidement peu après, pas vrai?
Je hoche faiblement la tête pour approuver. Je me souviens parfaitement de ce moment où j'ai l'impression que tous mes pieux me lâchent comme si mon monde s'écroulait. J'ai souffert, mais c'était un dur moyen pour grandir.
Après quelques secondes de silence, il le rompt.
– Je pourrais le lire? me questionne-t-il.
– Pas avant que j'aie terminé le livre et que j'ai fait des corrections! je m'exclame. Bien que je me base sur ma vie, il faut que je fasse attention pour ne pas me perdre ou me tromper dans mes mots. Mais d'un autre côté, j'ai l'impression d'avoir tout faux. Je ne peux pas continuer.
Mon copain me regarde intensément.
– Tu ne peux pas abandonner tout de suite. Je sais que ça semble compliqué et submergeant, mais au bout du compte, tu seras fier de ce que tu as accompli. Quand j'ai fait la compétition de course et qu'on m'a demandé si je voulais aller plus loin, j'aurais aimé que quelqu'un me pousse pour que j'accepte. Je ne ferai pas cette erreur avec toi.
Il me serre fortement contre lui et je ferme les yeux. Je ne veux jamais oublier ce souvenir. Son odeur délicate qui ressemble aux fleurs au printemps lorsqu'elles fleurissent. Le sourire sur son visage qui fait toujours le bonheur dans ma journée. Son optimisme qui me rassure quand j'ai l'impression que tout est contre moi. Son corps chaud qui me réchauffe lorsque j'ai froid et que je suis perdu.
Je relève ma tête pour le regarder. J'ai tellement envie de l'embrasser. J'aimerais sentir ses lèvres contre les miennes. J'aimerais que tout s'écroule autour de nous, nous laissant les deux derniers humains sur Terre sans aucune contrainte.
Je tourne la tête et je vois Dylan qui me regarde avec un regard fixe. Je me redresse rapidement. Son visage est comme figé dans la pierre. Il ne bouge pas. Son visage recrache du dégout.
– Tu me laisses pour ce minable? me demande-t-il.
Mon souffle commence à s'accélérer. J'ai l'impression que mon coeur est en train de se faire écraser. Je suis incapable de bouger et les larmes me montent aux yeux. Tout semble lointain. La douleur que j'éprouve n'est plus qu'une sensation désagréable. J'ai l'impression de quitter mon corps tandis que Dylan me dévisage.
– Jordan, murmure une voix lointaine.
Je sens de grosses gouttes de sueur tomber de mon front. Ma respiration qui s'accélère dangereusement comme si elle ne pourrait jamais ralentir. Tout commence à danser autour de moi.
– Jordan, dit brusquement Ethan, ce qui me ramène à la réalité. Regarde-moi.
Je regarde toujours Dylan avant que mon copain me tourne la tête pour détourner mon regard. J'essaie d'éviter ses yeux. Il respire lentement et son souffle me parvient. Son souffle lent et doux me calme. Son doigt est sous mon menton et il me lève la tête pour que je le regarde dans les yeux. Une fois fait, je me perds dans son regard. Si rassurant et réconfortant. Il me lâche lorsqu'il voit que je vais bien.
Je tourne la tête et je vois que Dylan n'est plus là.
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Jordan Carter et sa vie en trois mots
Teen FictionAvant, toute ma vie avait un sens. Après l'année scolaire, j'allais aller à l'université loin de ma petite ville. Ensuite, j'allais me marier avec une belle fille, avoir des enfants et des petits-enfants. Quand Dylan, l'ex à ma meilleure amie, m'av...