Le voyage ne dura pas longtemps juste trois quarts d'heure et voilà maintenant les deux amis dans leur ville de cœur, ils habitaient le même quartier, ont grandi ensemble d'où la raison de leur complicité, se donnèrent rendez-vous même le soir chez Idrissa pour boire du thé avec leurs autres amis qui sûrement étaient là vu que c'était la fin du mois et que tous les travailleurs qui vivent loin de leurs familles font de leur mieux pour les rejoindre. Modou arriva le premier chez lui et se sépara de son acolyte qui avait encore un peu de chemin à faire, il sonna pendant quelques instants pour qu'on lui ouvre la porte , chose qu'une de ses petites sœurs fera sans tarder, il trouva son père dans la cour :
- Bonjour Papa
- Bonjour Modou comment ça va ?
- oui ça va bien merci et ici j'espère tout va bien ?
- Alhamdoulilah tout le monde se porte bien et tes collègues ?
- Eux aussi vont très bien d'ailleurs ils te passent le bonjour. Où est Maman ?
- Ah c'est bien ! Ta mère était là il y a pas longtemps elle doit être à la boutique.
- D'accord allez à tout à l'heure.
- L'autre jour je eu au téléphone ton directeur et il m'a dit que tu te debrouillais pas mal , ce qui m'a fait énormément plaisir puisque mon seul souhait est que vous soyez les meilleurs dans vos domaines. C'est pourquoi je suis parfois un peu dur avec vous surtout avec toi car tu es l'aîné de cette famille et tu dois le bon exemple pour que tes frères et sœurs aient envie de faire comme toi. D'après ce que je vois et entends tu es sur la bonne voie et continue comme ça.
- Oui je comprends et je fais de mon mieux pour faire une bonne impression.
- Ça c'est vrai. Il te manque juste une bonne femme pour te casser et être plus responsable.
- J'y pense mais je ne veux pas me précipiter je veux prendre le temps de faire un choix.
- Surtout ça c'est très important prend le temps qu'il te faudra.Modou discuta aussi un moment avec ses deux petites sœurs qui étaient là : il y avait Khadidiatou ( quinze ans) qui était en classe de troisième et la cadette Maty ( douze ans) qui était aussi au collège et en classe de sixième.
Il avait aussi trois autres frères dont deux jumeaux Assane et Ousseynou ( dix huit ans ) qui venaient juste d'obtenir le baccalauréat et qui étaient à l'Université cheikh Anta Diop de Dakar ; ils suivaient des études de philosophie et Bounama un autre qui voulait être footballeur et était dans un centre de formation à Warang.
Bounama était le seul de la famille a ne pas faire des études poussées dans la famille car depuis tout jeune son seul rêve est de devenir footballeur professionnel et il a tout sacrifier pour réaliser ce dernier. Après avoir obtenu son entrée en sixième, il a décidé d'abandonner les études ce que Samba le père et directeur ne voulait entendre parler car lui l'encourageait à poursuivre ses études. Au début c'était trop difficile pour tout le monde , Bounama n'hésitait pas à fuguer du domicile familial pour ne pas aller à l'école et a été confronté toutes formes de correction de la part du daron. Il n'avait des yeux que pour le football et était prêt à tout pour aller jusqu'au bout de sa folie.
Samba malgré son vœu de voir son fils comme un lettré ne pouvait rien faire face à l'entêtement et l'abnégation de ce a voulu l'encadrer et l'a inscrit dans un centre de formation qui appartient à un ancien international sénégalais qui au début promettait d'offrir des opportunités à tous les pensionnaires dudit centre mais force est de constater que de nos jours tout le monde ne peut réussir sur le football.
Bounama qui a commencé à fréquenter cette école de formation pour jeunes talents depuis l'âge de douze ans a maintenant vingt cinq ans et commencent à douter sur sa réussite en tant que footballeur professionnel, il a eu à faire des tests dans quelques clubs européens en vain et joue maintenant dans un club de première division du championnat local où il gagne presque un salaire misérable. Il commence à prendre de l'âge et sait qu'avec ses vingt cinq piges il lui sera très difficile de trouver un club en Europe pour ne pas dire. Les seules choses qu'on pourra lui reprocher en cas d'échec c'est d'avoir : cru en ses rêves de gosse, été trop têtu , trop naïf , eu affaire avec un homme du milieu du football qui savait dès le début que tous les jeunes de son centre ne pouvaient pas réussir mais lui les faisait croire ce qu'ils voulaient entendre et de n'avoir pas tenu un langage de vérité à ses jeunes prodiges et à leurs parents qui ne savent que faire face à cette nouvelle situation, de ne pas avoir continuer ses études ou appris un métier.
Force est de constater que la carrière d'un footballeur professionnel est éphémère car quand on atteint la trentaine on est au crépuscule de cette dernière et il y a aussi une nouvelle vie après qu'il faut préparer avant et durant les moments de gloire. Sur dix jeunes qui pratiquent le football peut être un va réussir dans ce domaine et que vont devenir les neuf autres qui ont sacrifié leur avenir pour une chose dont ils ne sont pas sûr d'être des exemples de réussite ?
D'aucuns parleront certainement de croire en ses rêves et de foncer tête baissée ce qui totalement irréfléchi car rêve et concrétisation c'est comme un jardinier qui plante un petit manguier avec beaucoup de projets qui dépendent des fruits que lui ce dernier et qui l'arrose tous les jours tout en sachant qu'il n'est pas sûr qu'il assisterait au jour où ce dernier produira des mangues. Et que s'il se limitait seulement à l'arrosage sans pour autant chercher d'autres alternatives il pourrait un jour voir son arbre fruitier ne pas grandir et que deviendront ces projets ?
D'où l'importance de la nouvelle politique de certains centres de formation : sport- études c'est à dire tout jeune talentueux qui aspire à devenir un footballeur professionnel doit forcément allier les deux pour en cas d'échec de l'un il pourra continuer l'autre et ceci devrait être expérimenté dans les autres disciplines sportives.
Modou alla dans sa chambre, rangea ses bagages, prit un bain puis se coucha pour se reposer vu qu'il s'est réveillé de très bonne heure et que sa journée était très mouvementée.
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Le mariage n'est pas une fin en soi [ CORRECTION]
Short StoryC'est l'histoire d'un jeune sénégalais qui a l'âge de se marier mais qui tarde à le faire. Il essaie de faire comprendre à son entourage que le fait de se marier ne doit être une obsession pour personne.