À quand le Mariage ? ( suite )

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Les deux hôtes s'installèrent confortablement dans le salon qui est immense et très bien décoré par des rideaux rouges et une table en bois au milieu des fauteuils de la même couleur, des photos de marabouts sénégalais et de personnes sûrement des membres de la famille Diallo étaient accrochées aux murs peints en jaunes. Modou et son Ami Idrissa regardaient tout autour d'eux ce beau décor qui forçait l'admiration et continuaient à parler à la maman de Bineta qui les avait suivit jusque dans le salon. Des salamalecs d'usage qui pouvaient durer encore des quarts d'heure durant surtout quand on a affaire avec une personne d'une autre génération et les deux accolytes pour ne pas paraître discourtois ou incorrectes étaient obligés de répondre à toutes les interrogations qui leurs étaient posées même les plus drôles ou insensées, qu'on pouvait résumer en quelques petites questions relatives à la présentation mais aussi montre les qualités de leur interlocutrice. Awa Sow, la mère de la princesse peulh, une quinquagénaire, une très belle dame , très joviale, acceuillante et courtoise qui leurs a mis à l'aise dès qu'ils ont franchi la porte et qui ne cessait de taquiner tout le monde même sa fille devant ses invités ce qui mettait un peu mal à l'aise cette dernière parfois mais faisait rire aux deux frangins.
Bineta sortit un peu du salon avec sa mère et reviendra seule avec deux bouteilles de boissons et des verres pour servir à boire à ses collègues ...
- ta mère est très gentille ! Disa Modou.
- Oui elle est comme toi, c'est une blagueuse .
- Alors d'après cette comparaison je peux en déduire que je suis gentil.
- Non ne va pas trop vite en besogne. Je veux simplement dire que vous êtes tous les deux des farceurs. Je ne pense pas que tu sois gentil.
- Oh lalala ! J'en connais des filles méchantes mais d'après ce que je j'entends là elles ne t'arrivent aux chevilles.
- Tu vois maintenant ce que ça fait d'entendre des jugements négatifs sur soi.
- Ah bon ! Alors c'est pour te venger que tu me dis ça.
- Bien sûr que oui, je sais aussi me défendre.
- D'accord " la femme émancipée".

Idrissa Seck qui lui jusque là était entrain de siroter tranquille son jus d'orange demanda à Bineta l'emplacement de la boutique la plus proche pour acheter du crédit mais sûrement pour s'éclipser un bon moment afin de laisser les deux autres collègues seuls, ce que Modou compris dès le départ. Il sortit avec un petit garçon que Bineta avait mandaté pour lui montrer le chemin.
Avec ce faux prétexte d'appel d'urgence à émettre, les deux tourtereaux continuèrent cette fois ci seuls leur conversation ...
- Comment se fait il qu'avec une maman aussi sympathique que tu sois une fille un peu dure ? Demanda de nouveau Modou.
- Tu penses que je suis peu dure ?
- Trop même je dirais , C'est vrai qu'avec moi tu souris de temps en temps et réponds à mes blagues d'un air taquin mais je sais d'après ta façon de te comporter tu sembles quelqu'un qui a un fort caractère.
- C'est vrai je ne suis pas trop facile d'où peut être la raison pour laquelle je suis toujours célibataire mais je ne me laisse pas piétiner.
- Le fait que tu l'avoues montre que j'ai une certaine capacité pour cerner les gens.
- Ne t'enflammes pas pour un rien du tout.
- 😀😀😀 tu es jalouse.
- Non même pas, peut être c'est parce que je suis enfant unique que j'ai ce sale caractère.
- C'est ce que les gens disent : souvent les enfants uniques sont gâtés et très capricieux pour ne pas dire indisciplinés.
- Non je suis pas indisciplinée mais j'accepte que je ne suis pas trop accessible si je peux le dire comme ça. Tu sais parfois on vit des choses difficiles et ces dernières peuvent nous changer ou nous endurcir.
- Là je suis parfaitement d'accord avec toi mais qu'est-ce qui peut bien te changer comme ça ?

* Modou comprit qu'il fallait saisir l'opportunité que lui avait offerte Bineta car en parlant de choses difficiles vécues elle savait bel et bien que ce dernier allait pousser l'introgatoire plus loin pour avec plus d'informations sur elle. D'où l'objet de cette question pour lui permettre de pouvoir se confesser en toute confiance.

- Je t'ai dit tout à l'heure que je vivais avec ma mère, ses coépouses, des frères et mon beau père qui a épousé ma ma maman après le décès de mon père qui est aussi son petit frère.
Mon père était un célèbre journaliste et écrivain qui m'a eu comme seul enfant et ma mère aussi comme seule. De son vivant, nous étions choyées par lui qui faisait de son mieux pour nous mettre dans de très bonnes conditions. Je me rappelle même n'avoir jamais été dans une école publique mais toujours dans des écoles privées et même très chères de la préscolaire aux études supérieures et qu'après le BAC il avait décidé de continuer à me scolariser dans une école de formation en gestion d'entreprise et finances de la place. J'étais aussi un très bon élève toujours parmi les trois premiers de la classe car ayant eu des professeurs qui me donnaient des cours à domicile.
Pour mon éducation mon père était prêt à tout et je rêvais d'être une très grande chef d'entreprise.
Hélas mon papa mourut des suites d'un cancer des poumons car ayant été un trop grand fumeur et tous mes rêves partirent avec lui. J'ai dû quitter l'école de formation à la fin de ma deuxième année et sans diplôme puisque ma mère qui ne travaillait pas ne pouvait me payer ses études très chères. Je suis restée une année durant en tant que très grande chômeuse et un jour j'entends parler à la radio du concours de recrutement des instituteurs et je décida de le faire sans trop de conviction qu'en même mais quant on a plus le choix on risque de faire les pires choses qu'on aurait jamais faire. Tu vois maintenant ce qui a fait de moi une de tes collègues et ma mère qui aussi après les funérailles fut épouser par le grand frère de mon père qui avait au paravent deux femmes et une quinzaine d'enfants et qui est actuellement à la retraite et est devenu mon beau père.
Mon père au temps des vaches laitières ne pensait pas trop à l'investissement et n'avait même pas de maison, on logeait tout le temps dans de très belles villas climatisées où il y avait tous les conforts du monde parfois même piscine. Et à son décès nous fûmes obligés de regagner le domicile de mon nouveau beau père un peu plus exigu et bruyant que ce qu'on avait l'habitude d'avoir.
Lui un policier à la retraite et l'imam du quartier maintenant tu dois comprendre pourquoi il nous défend d'amener des hommes à la maison ce que mon défunt père qui me prenait pour la prunelle de ses yeux ne me refusait.
Ça fait maintenant cinq ans qu'il nous a quitté et beaucoup de choses se sont passées ou ont changé mais je ne me plains pas trop même si j'ai sa nostalgie ,je ne m'entends trop avec mon beau père trop autoritaire et d'une autre époque quand je vois que ma mère est très heureuse d'être dans une grande famille et a de nouvelles amies avec qui discuter et aussi je suis trop contente d'avoir des frères et sœurs très sympathiques que j'ai trouvé dans cette maison.

À la fin de cette longue confession à la fois sans détours et plein d'enseignements, Modou était triste pour elle mais aussi content de la confiance qu'elle place à lui pour oser lui raconter cette histoire très intime.

Tok ! Tok ! Tok ! On entend quelqu'un toquer à la porte du salon, Modou et Bineta qui étaient maintenant côte à côte pensèrent que c'est Idrissa qui revenait de la boutique, disent en chœur ENTRÉE mais la surprise fut grande quand un homme âgé, très barbu et habillé tout en blanc entra dans le salon et que Bineta s'écria BABA. Modou comprit dès lors qu'il avait en face de lui le beau père de Bineta Diallo , l'ancien policier devenu IMAM de la mosquée du quartier...

Le mariage n'est pas une fin en soi [ CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant