Après ce baptême, Modou Ndiaye restera quelques jours avec sa petite famille avant de rentrer chez ses parents à Mbour, là bas il fera la rencontre d'un de ses anciens camarades de classe qu'il avait perdu de vue depuis la terminale, il y presque dix ans.
Leurs chemins se croiseront en plein centre ville alors que Modou y était pour s'acheter une nouvelle paire de chaussures. Ce n'est qu'en arpentant les ruelles de ce marché qu'il connaissait par cœur qu'il entendu quelqu'un crier son nom.
- Ndiaye , Ndiaye , Ndiaye..
Sans même se retourner il saura que celui , à cause de la voix grave qu'il venait d'entendre qui ne peut être autre que celle d'un homme, devrait être un ancien camarade de classe ou un collègue de travail et comme ces derniers habitent tous des villes très loin de la sienne alors la première supposition devrait être la bonne car c'était Modou pour ses amis et proches, Ndiaye pour ses anciens camarades de classe ou de promotion et Monsieur Ndiaye pour ses élèves et leurs parents. Et en se retournant, il verra Claude..
- Claude ! Quelle surprise !
Les deux hommes qui étaient un peu éloignés se retrouvent au bord de la route et continue leur conversation..
- Ça fait un bail !
- J'espère que tu vas bien ?
- Oui ça va. Je vais bien et toi ? Tu es devenu vieux là avec ton barbe !
- Dis plutôt on est devenu vieux car toi aussi tu n'es plus cet adolescent turbulent qui rendait la vie dure à ses professeurs.
- Non je me suis assagi et çà c'était des conneries de gosse. Qu'est-ce tu fais maintenant Ndiaye ?
- Je suis dans l'enseignement depuis cinq ans.
- l'enseignement c'est bien mais quel niveau ?
- Primaire mon ami.
- élémentaire ! Non ne me dis pas aussi moi qui croyais que tu étais devenu un grand diplômate toi qui étais excellent dans toutes les matières !
- Tu sais Claude dans la vie on a pas toujours ce qu'on veut. Tout le monde veut avoir un travail bien payé mais peu de gens l'auront sûrement pas les plus méritants mais il faut juste se contenter de ce qu'on a et ne jamais baisser les bras peut-être qu'un jour les choses changeront.
- On dirait que tu te lamente sur ton sort Ndiaye ?
- Non jamais et mon statut de croyant ne me le permet pas. Je ne me lamente jamais ni n'envie personne mais ce qui devrait pousser les gens à se surpasser ce sont les rêves et les moyens qu'il se donne pour les réaliser même les plus fous.
- C'est vrai. Osons rêver !
- Assez parlé de moi et toi qu'est-ce que tu fais actuellement ?
- Je chôme.
- Comment est ce un élève si brillant en langues étrangères puisse chômer ?
- À l'Université j'ai étudié l'anglais et j'ai actuellement ma maîtrise mais le problème qui se pose c'est qu'il y a trop de professeurs d'anglais dans les collèges et lycées et j'ai beau tenté les concours mais ça ne passe pas . Sincèrement je commence à désespérer car chaque jour je vois des gens moins diplômés que moi qui s'en sortent alors que moi je peine à joindre les deux bouts.
En disant cela Claude ne se rendait même pas compte que son ami Modou Ndiaye faisait parti de " ses moins diplômés " qu'il venait de citer vu qu'il avait arrêté ses études sans pour autant terminer sa licence ce qui montre qu'il n'avait aucun diplôme universitaire par devers lui. Modou lui un peu gêné et peiné par la situation qu'est entrain de vivre son interlocuteur se rendra compte que quelque soit les difficultés que l'on vit, il y a toujours d'autres personnes qui vivent le pire mais aura assez de force pour continuer sa conversation.
- Je te conseille de faire celui des instituteurs car chaque année on recrute un grand nombre.
- On me l'a déjà proposé mais je me voyais mal enseigné à l'école primaire et passé la journée à parler de bobards avec des gamins.
- Alors c'est ça ton appréhension de l'enseignement à l'élémentaire ? Tu penses vraiment que les instituteurs sont ridicules ? Qu'en est-il de tes maîtres à l'école primaire ? Je te croyais plus intelligent ! Tout ce que je peux te dire c'est qu'il n'y a plus noble que l'instituteur qui forge l'âme de jeunes enfants et que tout bâtiment à besoin d'une bonne fondation qui pourra l'aider à tenir debout pendant longtemps. C'est bien aussi de faire la grosse tête et de viser au haut mais faudrait mieux partir du bas et ne pas brûler les étapes. La vie n'est pas une course de vitesse mais plutôt de fond et que seule l'endurance peut vous amener loin.
- Cette situation que je suis entrain de vivre m'a fait comprendre beaucoup de choses et m'a changé. Sache tout simplement que je suis arrivé à un point où je ne refuse plus de boulots mais ce sont ces derniers qui me refusent. J'espère seulement que tu t'es marié ?
- Oui depuis deux ans j'ai même une petite fille.
- Ah je suis très content pour toi Modou !
- Et toi tu t'es marié ?
- On dirait que tu veux détendre l'atmosphère mais ton blague est de mauvais goût. Qui va me m'accorder la main de sa fille tout en sachant que je ne travaille pas ? Et puis avec quoi je vais l'entretenir ?
- Non je ne blague pas. Je suis très sérieux. J'espère juste que tu as une copine ?
- Pour dire vrai après toutes mes déceptions je préfère rester seul plutôt que de m'engager dans des relations sans avenir.
- Déceptions ?
- Oui j'en ai vécu plusieurs mais deux m'ont brisé le cœur : celle avec une musulmane que sa famille a dit niet à notre mariage parce que tout simplement je suis un catholique et l'autre avec une de mes cousines qui après trois ans de relation m'a appelé un bon jour pour essayer de faire gober que son père mon oncle l'a marié de force à un emmigré résidant à Rome. Je pense que la seule explication valable pour ces deux désillusions reste ma situation financière plus que alarmante.
- Non pour la deuxième je pense que c'est une trahison mais pour la première avec la musulmane ce sont les lois de l'islam qui interdisent ces unions.
- Comment est ce possible ? Pourtant j'ai vu de jeunes musulmans Sénégalais bien-sûr fenéants et partisans du moindre effort épouser de vielles blanches toutes bronzées.
- Je ne vais les juger mais sache que l'islam n'interdit pas le mariage d'une femme non musulmane et d'un homme musulman mais l'inverse.
- Je trouve que c'est injuste Ndiaye !
- Qui sommes nous pour dire ce qui est juste ou pas des lois islamiques ou d'autres lois sache que qu'ici bas personne ne doit se permettre de juger quoique que soit ou qui que ce soit nous ne sommes que des êtres humains et qui dit être humain dit imperfections et je te rappelle qu'en matière de religion la formule c'est : crois à la tienne et laisse les autres croire à la leur.Les vielles connaissances restèrent longtemps ensemble avant de s'échanger leurs numéros de téléphone et de se quitter.
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Le mariage n'est pas une fin en soi [ CORRECTION]
Historia CortaC'est l'histoire d'un jeune sénégalais qui a l'âge de se marier mais qui tarde à le faire. Il essaie de faire comprendre à son entourage que le fait de se marier ne doit être une obsession pour personne.