À quand le Mariage ? ( suite )

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Au logement des enseignants, Modou Ndiaye trouva tous ses autres collègues qui étaient déjà présents et aussi au courant de la célébration du mariage de la petite Mairam Sy. Ils étaient tous abattus vu qu'il était presque impossible de faire changer d'avis au père qui était plus que décidé à aller au bout de sa logique; ils savaient tous que ce  jour noir que tout le monde souhaiterais effacer au plus vite de sa mémoire allait tôt ou tard arriver. Modou qui ne voulait plus rien faire ou entendre alla se réfugier dans sa chambre, il la balaya et rangea ses affaires avant de s'étaler sur son matelas qui était à même posé sur le sol.

Dring ! Dring ! Dring !
Modou Ndiaye entendit sonner son téléphone, lui qui était dans les bras de Morphée eut juste le temps de lever la tête et de décrocher cet appel sans même regarder le numéro ou le nom de la personne qui ose interrompre son sommeil.
- Allô
- Allô Modou on dirait que tu dors ?
- Ah Bineta ! Oui je dormais.
- Ça se voit juste avec cette d'ivrogne que tu as actuellement. Alors je vais laisser continuer tes rêves.
- Il est quelle heure ?
- Il est vingt une heure vingt minutes
- Ah bon ! Je suis au lit depuis quinze heures.
- Tu dois être trop fatigué pour dormir tout ce temps !
- Oui je suis un peu épuisé par le voyage mais on peut continuer à parler car il est l'heure de me réveiller et de préparer mes leçons de demain.
- As tu prit le déjeuner ?
- Non je ne me rappelle pas l'avoir prit.
- Tes collègues ne sont ils pas là bas ?
- Si ils sont là mais ils doivent pas avoir envie de manger.
- Comment ça ?
- Parce que ce soir on devait donner en mariage l'une de nos meilleurs élèves.
- Quelle faisait elle ?
- Elle était en classe de CM2.
- Dans tous les villages c'est comme ça c'est pourquoi certains enseignants n'ont plus envie de se sacrifier pour des gens qui peuvent du jour au lendemain arrêter les études et les trois principales raisons de ses abandons restent : les mariages précoces , l'exode rural et les problèmes d'état civil. Tu te decarcasses chaque jour en classe et ce qui est le plus malheureusement ce sont les parents qui font tout pour réduire à néant les espoirs de réussite de leurs propres enfants !
- On est allé voir le père qui trop têtu ne veut pas revenir sur sa décision. Comme tu sais tes parents peulhs sont trop conservateurs et archaïques.
- Sur ce point je suis d'accord avec toi. Je rends grâce à Dieu d'avoir eu un père qui n'était pas trop fan de ces pratiques. Il me disait souvent de penser plutôt à mes études qu'au mariage. D'ailleurs mon actuel beau père pour le railler l'appelait " le blanc de la famille " puisqu'il était contre beaucoup de choses. Il me permettait d'amener les copains à la maison ou parfois de sortir danser dans une boîte de nuit ou de me promener avec eux, c'est pourquoi je l'adorais car il était très ouvert d'esprit pas coincé comme ces vieux peulhs que je côtoie maintenant.
- Tu as de la chance d'avoir un père comme ça.
- Je me rappelle souvent il me demandait souvent de lui parler de mon petit ami et se permettait même de me donner des conseils ou essayait de nous réconcilier. Franchement un père je ne crois pas qu'il y en a beaucoup dans ce monde.
- Ça se voit que vous étiez très proches.
- Oui c'était mon pote, il y avait pas de sujet tabous entre nous.
- J'espère que tu t'entends bien avec tes collègues ?
- Oui très bien  surtout  avecles hommes mais pas avec les filles.
- Combien êtes vous là bas ?
- C'est une très grande école on est treize  ici cinq hommes dont le directeur et huit femmes.
- Et pourquoi tu ne t'entends pas avec les femmes ?
- Elles aimes trop calomnier ce que moi je déteste. Elles sont trop vraies je parle plus avec les hommes qui ont l'air plus sincères.
- Toujours des problèmes entre filles ! C'est pourquoi le climat est toujours délétère dans une école où il y a beaucoup de femmes et quand il n'y a un esprit d'équipe forcément ça se répercute sur les résultats.
- Ce n'est pas tout faux pour ne être là à me chamailler de gauche à droite je préfère rester dans mon coin. Les villageois disent aussi que je ne suis pas trop sociable.
- Décidément je ne sais plus à quel genre de personne j'ai affaire tu es presque critiquée par tout le monde ! Le copinage chez les femmes aussi ce n'est tout le temps sincère, tout va bien quand elles sont ensemble, elles s'appellent même par de petits noms trop gentils genre : ma puce, mon ange , mon amour , ma moitié ... ce qui relève que de la flatterie car dès qu'une des leurs tourne le dos ou et absente cette douceur de transforme en qui connait le plus de trucs à déballer sur cette dernière ? allant jusqu'à en rajouter pour paraître la mieux informée. Cette mesquinerie n'est pas seulement entre femme mais dans pratiquement toutes les relations, on est arrivé à une période où il est très difficile de connaître les gens sincères car tout le monde essaie de montrer des qualités qui peuvent séduire mais ces dernières ne sont que des mises en scène digne d'un film ou d'un théâtre. De nos jours on a comme l'impression d'être toujours en contact avec des comédiens dont tu ne peux différencier le personnage qu'il essaie de jouer dans cette pièce de la personne loin des projecteurs. Tout est presque faux, rares sont les gens véridiques, sincères et prêts à mener des combats à terme sans trahir les autres combattants.
On ne peut pas être l'ami de tous seuls les hypocrites veulent montrer qu'ils le sont.
Et pour être à l'aise il ne faut pas vouloir être dans son coin et ne participer qu'aux batailles qui te tiennent vraiment à cœur mais aussi surtout éviter de faire ce que tu reproches  aux autres.
- Tu résumes bien la situation actuelle et ma manière de faire.
- En tout cas il juste éviter d'être une femme à problèmes.
- Non je ne le pense pas mais je ne me laisse pas faire.
- On dirait que tu travailles chez un opérateur téléphonique, ton appel commence à durer ?
-  j'ai acheté un forfait qui nourrit permet de communiquer pour une durée d'une semaine et pendant Vingt quatre heures sur vingt-quatre.
- Ah je comprends maintenant pourquoi tu n'as pas l'air trop pressée.
- Allez je te laisse à demain inchallah. Nous continuerons notre conversation téléphonique.
- ok à ciao bisous
- bisous bisous je t'aime fort
- Moi aussi je t'aime.

À la fin de cette discussion avec sa toute nouvelle dulcinée, Modou sortit de sa chambre, il trouva ses collègues sous la véranda entrain de boire du thé .
Il était un peu gêné de se réveiller à cette tandis que les autres ne pouvaient laisser passer cette occasion en or qui leur permettait de se moquer de lui. Modou saura qu'au déjeuner son voisin Monsieur Sidibé a toquer à sa porte pour le réveiller en vain et sentant que le nouvel amant devait être tellement fatigué pour ne pas entendre les bruits que faisait son colocataire très robuste digne d'un sumotori l'a laisser continuer ses songes et ronflements qu'il niait toujours.
Modou avait à sa portée deux bols l'un de riz au poisson ( le déjeuner ) et l'autre de la bouillie de mil ( le dîner ) qu'il avait aussi raté, il mangea son dîner et remettra le petit déjeuner a des voisins pour qui il était difficile d'assurer les repas quotidiens puis bu des tasses de thé tout en planifiant les leçons du lendemain mais on pouvait remarquer que malgré les railleries des uns et des autres les gens n'avaient pas encore oublié le cas Mairam Sy qui sûrement à cette heure pareille devrait être entrain de consommer son mariage.

Le mariage n'est pas une fin en soi [ CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant