Faëra ▬ Tome ✯ © (Les 9 Royaumes)

Seventeen

J'ai décidé de ne plus poser de questions après le chapitre sur les fées. Ce n'est pourtant pas la curiosité qui me manquait, mais la souffrance qui s'exprimait dans le regard d'Arthur m'a dissuadé de poursuivre mes investigations. J'aurais d'autres oreilles à qui confier mes demandes durant ces quatre prochaines semaines et, s'il me reste des questions d'ici là, j'aurais Merlin. Pour l'heure, je crois que mon hôte m'a suffisamment aidée. Il aurait très certainement continué à répondre à mes questions si tel avait été mon souhait, mais ça n'aurait pas été très humain de ma part.

Et puis, j'avais trop faim après ces trente minutes à parler des fées, de Merlin et d'Ambrine. Mon estomac n'allait pas se remplir comme par magie.

Les Princes et la Princesse se sont excusés peu avant que je finisse la fin de mon petit-déjeuner. Je suis donc restée seule avec le Roi et la Reine et nous avons parlé un peu de maman. Parler d'elle, c'est avoir un pincement au cœur, de par notre éloignement et... parce que maintenant, je sais que nous sommes plus toutes seules toutes les deux. Il y a quelqu'un d'autre qui a été très important dans sa vie. Son mari, le roi d'Arkand, mon père. J'aimerais en savoir plus sur lui. Peut-être que Cilhy, ou l'un de ses hommes, pourra m'aider à dresser un premier portrait de sa personne.

Ces questions sur mon père sont sur le bout de ma langue et il me faut me faire violence pour ne pas rompre ma résolution de taire ma curiosité en compagnie du Roi. Je regrette un peu d'avoir pris cette décision quand je me rappelle ses mots devant le tableau de mes parents. Il a été, sans conteste, un de ses très proches amis.

Mon départ est prévu dans une petite heure. Le rendez-vous est fixé dans la cour principale, celle par laquelle nous sommes entrés hier, avec Robin et ses compagnons.

— À quel point avez-vous confiance en Cilhy ? questionné-je le couple royal avec une certaine appréhension.

— C'est un homme d'honneur, tente de me rassurer le Roi. Un mercenaire, peut-être, mais pour vous garder en sécurité, c'est l'homme de la situation. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour que rien ne vous arrive. Vous pouvez avoir confiance.

— Je ne donne pas ma confiance aussi facilement. Je ne lui ai à peine parlé. J'ignore tout de lui... Je vous crois, vraiment, mais... Je me sentirais sûrement plus à l'aise si...

Une idée m'a traversé l'esprit et j'ai peur qu'elle ne soit pas réalisable. C'est sûrement pour ça que je mets un assez long moment avant d'expliquer le fond de ma pensée à mes interlocuteurs.

— Si Robin était là, finis-je par dire en mâchant un peu mes mots.

— Eh bien, réfléchit le Roi en jetant un regard à son épouse, nous pouvons aller lui demander. Si cela peut vous apaiser...

— Oh oui ! laissé-je échapper avec espoir. Ne me demandez pas pourquoi, mais je me sens en sécurité avec lui.

J'ai quelques pistes de réponses. La première, c'est probablement parce qu'à travers les livres que j'ai pu lire sur lui, j'ai l'impression de le connaître. Je sais un peu quel genre d'homme il est. Quelqu'un de franc, de loyal. La deuxième est simple : il a été là ces derniers jours. Il a été un guide et un protecteur pour une jeune fille apeurée dans ce monde inconnu. Le savoir avec moi, c'est me sentir un peu plus rassurée que de devoir faire confiance aveuglément à un étranger. À choisir, j'opte donc pour Robin, son arc et même son fils exécrable si je n'en ai pas le choix. John contrebalancera le caractère désagréable de sa progéniture.

Je suis un peu moins anxieuse par mon futur voyage, mais je le serais beaucoup moins une fois que j'aurais la réponse de Robin. Il pourrait refuser, mais j'espère sincèrement que sa réponse ne sera pas négative. Arthur pourrait certainement le forcer un peu, avec son statut privilégié, néanmoins je ne crois pas que je le laisserais le faire. Robin a une famille, je ne peux pas le forcer à me suivre durant quatre longues semaines... Enfin non, huit. Lui, il doit compter les quatre semaines retours. Je ne peux définitivement pas le séparer de sa famille durant près de deux mois, sauf s'il accepte de son plein gré.