J'ai laissé une heure de répit à Robin après avoir appris le destin tragique de la petite sirène. J'ai comme l'impression que la suite de l'histoire ne sera pas plus joyeuse. Cependant, je crois que j'attendrais quelques jours avant d'en savoir plus. Nous serons dans le royaume d'Aspard que dans deux semaines, deux semaines et demie peut-être. Cela me laisse largement le temps d'en apprendre plus sur sa famille royale. Et, avant ça, je compte bien en apprendre davantage sur les deux autres royaumes que nous allons devoir traverser : Thanis et Kaldos. J'espère juste que leur histoire respective sera plus joyeuse que celles que l'on m'a contées ces dernières vingt-quatre heures. J'ai besoin d'un peu de positivité si je ne veux pas perdre totalement mon moral.
Au bout de quelques heures, nous arrivons finalement au point d'Arkhar. Je m'empresse d'ailleurs d'avaler quelques brioches pour conjurer le mauvais sort. Je n'ai pas envie de faire un malaise, pas une seconde fois et encore moins en présence de tous ces hommes. J'ai la certitude que ça ferait bien rire l'un d'entre eux, alors autant éviter.
Nous quittons le ciel étoilé de Faëra pour nous retrouver dans un tunnel illuminé par des torches installées tous les quatre ou cinq mètres. Je me sens déjà moins à l'aise et plus oppressée. Je me dis que ça a également dû jouer à mon évanouissement, pourtant j'ignorais que j'avais une certaine claustrophobie. Visiblement, cette expérience est là pour m'apprendre un tas de choses.
— Combien de temps avant de nous retrouver de l'autre côté ? interrogé-je Robin.
— Environ six heures, Votre Altesse. Est-ce que vous allez bien ?
— Je crois que les espaces confinés, ce n'est pas ce que je préfère.
— Vous n'avez aucune crainte à avoir, me rassure-t-il.
Et si un éboulement se produisait ? Aucun des hommes présents ici ne pourrait faire grand-chose pour ma sécurité.
— Depuis combien de temps cet endroit a-t-il été construit ?
— Près de quatre siècles... Et il n'y a jamais eu aucun problème, ajoute-t-il en percevant ma crainte. Que puis-je dire ou faire pour vous apaiser ?
— Je ne pense pas que vous puissiez faire quelque chose, avoué-je ennuyée. Je serai apaisée qu'une fois rentrée chez moi.
— Je comprends, Princesse Elyne. Il n'y a pas meilleur endroit pour se sentir bien que chez soi.
J'aimerais lui répondre qu'il a raison, mais c'est faux. Je ne me suis jamais vraiment sentie chez moi dans cet appartement et encore moins "heureuse". Je crois que je ne me rendais pas compte de la chance que j'avais avant d'y être arrachée. J'étais trop focalisée sur nos problèmes d'argent et la mélancolie de maman pour profiter de notre relation et des petits plaisirs de la vie, comme la musique par exemple. En dehors de maman et de ma meilleure amie, c'est bien ça qui me manque. Si un génie apparaissait devant moi et qu'il n'était pas autorisé à me renvoyer chez moi, je lui demanderais probablement d'avoir une batterie illimitée afin de pouvoir écouter mes groupes préférés. Je pense que ça, ça pourrait m'apporter un peu de sérénité... et pas mal d'interrogations de la part de mes accompagnants.
Je ris bien malgré moi en imaginant la tête de Robin et Cilhy en pleine écoute de mes musiques favorites. Rien de plus désarçonnant que de faire face à une culture méconnue et "plus avancée". Je n'aime pas trop ce terme, je le trouve rétrograde et limite insultant.
Mon protecteur me lance un regard interrogateur et je ne vois pas comment lui expliquer ce qui vient de me traverser l'esprit. Je préfère donc m'excuser avant de retrouver le chemin de mes pensées. Questions, regrets et souvenirs s'allient et font avancer le temps plus vite. Si vite, que j'aperçois la lumière au bout du tunnel avec beaucoup d'étonnement. Il semblerait que j'ai trouvé la clé pour que ces prochaines semaines me paraissent moins longues !
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Faëra ▬ Tome ✯ © (Les 9 Royaumes)
Fantasy"Il y a à peine vingt-quatre heures, Elyne était sur Midgard, avec sa mère. Aujourd'hui, elle traverse les forêts d'un monde inconnu, en compagnie d'une troupe de bons hommes dont le chef prétend être Robin des Bois. Et bien qu'elle espère q...