Quand tous se sont remis debout, Arthur termine son discours. Bien malgré moi, je n'y ai pas fait attention. Je n'y arrive pas, mon esprit est ailleurs, s'envolant aux quatre coins de la pièce et refusant pertinemment de revenir dans mon corps. Je vois, mais je n'entends rien.
Ma main est toujours posée sur celle du Prince, mes yeux sont rivés sur la foule qui ne me lâche pas non plus du regard.
Puis, d'un claquement de doigts, mon cerveau n'est plus embrouillé et je comprends pourquoi. Je l'ai trouvé, là, au fond de la salle, appuyé sur une des imposantes colonnes de la salle de bal, à observer tout le monde, avec ce regard inquiet qui ne l'avait pas quitté. J'ai besoin d'un point d'ancrage et ce point, c'est Robin.
— Nous avons dépêché des émissaires pour porter la nouvelle aux régents des sept autres royaumes.
La voix d'Arthur se fait de nouveau plus claire, mais je ne quitte pour autant pas des yeux mon protecteur.
— Nous mettrons tout en œuvre pour protéger Son Altesse Royale, s'exclame une voix au milieu de la foule.
Tous les regards se braquent vers l'individu ayant interrompu le Roi, le mien aussi d'ailleurs. Je m'attends à ce qu'un garde débarque et l'arrête, mais Arthur se met finalement à rire.
— Mon cher Cilhy, s'adresse-t-il à lui d'une voix pleine de joie, je n'en attendais pas moins de votre part et je vous promets de revenir vers vous si une telle aide était requise.
— Merci Grand Roi, lui répond-il avec une légère inclinaison de tête avant de se tourner de nouveau vers moi. Si une telle chose devait arriver Princesse Elyne, soyez sûr que mon épée et celles de mes hommes vous serviront au péril de nos vies.
— Je... Merci.
Que puis-je donc répondre à un homme que je ne connais pas, mais qui m'annonce qu'il est prêt à mourir pour moi ? Pour une jeune fille de dix-sept ans, une étrangère qui vient tout juste de débarquer dans ce monde ? Mais comment diable pourrai-je avoir une simple idée de la bonne façon de réagir ? Comment pourrais-je crois qu'une personne prendrait une balle pour moi comme le feraient les gardes du corps d'un président ? Ou plutôt, une flèche ou un coup d'épée.
Alors, je me suis contentée d'un « merci », d'une voix très peu sûre d'elle, mais ayant l'incapacité de pouvoir dire autre chose ou d'être capable de trouver d'autres mots aussi puissants. J'arrive à peine à réciter deux phrases d'un poème devant vingt élèves de ma classe, alors me demander de faire un discours de remerciement à un homme qui veut mourir pour moi, ce n'est pas dans mes cordes. Je ne suis pas le Roi Arthur.
— Faisons de ce bal, reprend le Roi, le début d'une longue ère de réjouissance et de victoire. À la Princesse Elyne.
— À la Princesse Elyne, répète l'assemblée d'une même voix.
Soit je suis devenue rouge comme une tomate au vu de ma timidité face à trop grand nombre de personnes, soit je suis devenue blanche comme un linge face à des responsabilités qui me sont tombés dessus en les entendant tous prononcer mon prénom.
Des responsabilités que je n'arrive pas à comprendre, mais qui s'expliquent par une horrible lourdeur au ventre.
Peu après, tout le monde s'est remis à leur activité de façon plus ou moins concentrée, mais ne résistant pas à la tentation de me lancer des regards de temps à autre.
— Père est très heureux de votre retour.
Je me tourne vers mon interlocuteur, le Prince Émile. Je crois que c'est la première fois qu'il s'adresse à moi. Sa voix est très calme, comme son père et ses yeux sont vifs.
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Faëra ▬ Tome ✯ © (Les 9 Royaumes)
Fantasy"Il y a à peine vingt-quatre heures, Elyne était sur Midgard, avec sa mère. Aujourd'hui, elle traverse les forêts d'un monde inconnu, en compagnie d'une troupe de bons hommes dont le chef prétend être Robin des Bois. Et bien qu'elle espère q...