Faëra ▬ Tome ✯ © (Les 9 Royaumes)

Sixteen

« Pourquoi ? »

« Pourquoi ? » me crie une voix dans ma tête alors que je suis là, assise à la table du Roi et entourée par sa famille qui me regarde tous d'un air à la fois désolé et surpris.

Pourquoi ne suis-je pas là où je devrais être ? Pourquoi est-ce apparu pour finalement disparaître ? Que s'est-il donc passé ?

— Je suis désolé, dit une voix parmi eux.

Ma vue se brouille en quelques secondes lorsque des larmes envahissent mon champ de vision. Je ne vois plus rien autour de moi et c'est peut-être mieux ainsi, car je ne veux pas être ici. Je ferme les yeux, laissant s'échapper de grosses larmes qui s'écrasent sous mes joues. Durant de longues minutes, je me mets à pleurer sans arriver à m'arrêter et sans tenir compte des gens qui m'entourent. Jusqu'à ce que l'un d'eux s'installe à mes côtés et m'enlace. Je ne saurai dire lequel est-ce, car il me faut un certain temps avant d'être capable de m'arrêter de sangloter et un moment encore plus long pour ouvrir enfin les yeux.

C'est la Reine Euphémia. J'aurais dû m'en douter. Elle s'est déjà montrée tactile avec moi quelques minutes avant le bal, ce n'est donc pas étonnant.

— Pourquoi ? laissé-je finalement échapper d'une voix brisée. Pourquoi ça n'a pas marché ?

— La magie est malheureusement imprévisible, Princesse.

C'est le Roi qui reprend la parole. Il est déboussolé. Sûrement pas autant que moi, mais il paraît très affligé par l'échec que je viens de subir.

— Je suis sincèrement désolé, ajoute-t-il. J'aurais préféré que vous puissiez retrouver votre mère le plus vite possible. J'imagine que Merlin pourra vous expliquer pourquoi cela n'a pas marché. Il est l'une des personnes les plus averties dans ce domaine. Il pourra également mieux vous répondre que moi à certaines de vos questions.

— La seule chose qui m'importe en ce moment, c'est savoir comment va ma mère. Apparemment, je vais devoir attendre au moins plusieurs semaines pour, peut-être, espérer la revoir.

J'ai dit ces derniers mots avec de la rancœur. C'était plus fort que moi et ce n'était pas tourné vers eux, mais plutôt vers moi. C'est entièrement ma faute ce qui m'arrive. Si je n'avais pas fait ma fouineuse, je n'aurais pas trouvé ce collier. Si j'avais apaisé ma curiosité, je serais avec maman. Je retournerais à ma vie de mensonges si je le pouvais, car une vie sans elle n'est plus une vie. Être séparée d'elle est la pire chose qui pouvait m'arriver. Elle est mon moteur, mon point d'équilibre. Désormais, tout chavire et j'ignore comment affronter ces prochaines semaines sans elle.

— Vous la reverrez ! s'exclame le Roi Arthur avec conviction.

— Comment pouvez-vous le savoir ? l'interrogé-je.

— Parce que j'ai toujours su, qu'un jour, je vous reverrais.

Il essaie de me rassurer, mais je crois que c'est peine perdue pour le moment. J'ai toujours le cœur lourd suite à mon échec et je ne sais pas quand l'optimisme refera surface en moi. Ou même s'il refera surface un jour.

— Dites-moi tout sur mon voyage, dis-je d'une voix ferme. Si je ne peux pas y échapper, autant y être préparé, ajouté-je en soupirant.

— Très bien, approuve le Roi.

Ce dernier s'installe en face de moi. La Reine Euphémia, toujours à mes côtés, se charge de remplir mon verre d'eau et mon assiette de toutes sortes de nourriture. Cette situation ne me donne pas très faim, mais je n'ai pas envie de réitérer l'incident d'avant-hier lorsque je suis tombée dans les vapes à peine entrée dans le point d'Arkhar.