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— Notre Seigneur ne va pas être content...

— Pas du tout...

— Nous n'avions pas connaissance de la situation...

— Personne ne le pouvait...

Ophidius et Septus observèrent leur comparse. Decimus n'était pas loquace, mais même si son physique d'armoire à glace et son silence pouvaient contribuer à le faire passer pour un simple d'esprit, il était de loin le plus intelligent du trio. La jeune femme, éventrée et un bras manquant, fronça les sourcils.

— Pourquoi ? Nos renseignements n'étaient pas fiables ?

— Si. Mais personne ne pouvait prévoir qu'il commencerait à s'éveiller ce soir.

— Tu crois que c'est la lune ?

— Non, Septus...

— Alors c'est quoi ?

— Ses amis... Il s'est battu pour ses amis... C'est à ce moment-là qu'il a commencé sa mue...

— Nous aurions dû attendre qu'il soit seul ?

Decimus dévisagea la jeune femme dont les entrailles reprenaient lentement leur place et dont le bras repoussait, avant de reporter son attention sur Septus dont les balafres sur le visage se résorbaient lentement.

— Le problème, c'est qu'il n'est jamais seul. Même sur son lieu d'étude, il y a des gardes... J'espère simplement que notre seigneur ne nous en tiendra pas trop rigueur... D'autant que maintenant, les siens l'ont récupéré, et ils vont certainement l'instruire sur la vérité à son sujet...

— Je ne veux pas retourner le voir...

— Nous n'avons pas le choix Septus. Mais avant, mieux vaut nous nourrir... Suivez-moi.

Les trois guerriers, pleinement remis de leurs blessures, quittèrent leur point d'observation en se dirigeant lentement vers la ville à proximité.

Dans la voiture des Ard'Ri, un silence pesant s'éternisait. Arthur avait posé sa main sur le front de sa sœur avant de se pencher vers elle, et lui murmurait depuis de longues minutes des suppliques désespérées à l'oreille tandis qu'elle avait sombré dans un profond sommeil. Vortigern était installé de biais sur son siège, son regard allant sans discontinuer de son fils trop longtemps absent à son petit-fils qu'il n'avait pu voir grandir. À chaque fois qu'il dévisageait Uther, il savait ce que ce dernier avait à l'esprit. Il cherchait un moyen d'amorcer la communication. Trop de secrets avaient été gardés, et l'ignorance de cet enfant devait cesser ce soir, bon gré mal gré. Mais, du peu de renseignements que Vortigern avait pu glaner sur Arthur, amorcer le dialogue ne serait pas chose aisée. L'étudiant, bien que cherchant le calme et la plénitude sans relâche, avait son caractère, et pouvait se montrer aussi buté et têtu que tous les autres hommes de sa lignée. Soupirant, le vieil homme se rassit normalement, avant de s'accouder contre la portière et de regarder la nuit par la vitre en silence, jusqu'à ce que Breena les sorte tous de leur torpeur.

— Pour ceux que ça intéresse, je vais mieux maintenant...

Uther la regarda en utilisant le rétroviseur central, un sourire reconnaissant aux lèvres, tandis qu'Arthur collait son front contre l'épaisse chevelure obsidienne de sa sœur en murmurant des mercis. De son côté, Vortigern murmura.

— C'était un sacré défi. Je suis fier de toi.

— Merci Mon... Merci grand-père...

Uther et Vortigern émirent tous deux un petit ricanement, et Arthur les dévisagea tous, complètement perdu.

La Trinité des Monstres - Tome 1 - LouveteauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant