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Après avoir mangé et s'être habillé, Arthur reprit le chemin de la cour intérieure, ou plutôt de ce qu'il en restait suite à ses entraînements. Alors qu'il passait devant un des murs effondrés, il vit Sans-Nom assise par terre à méditer, sa canne se tenant droite devant elle comme si quelqu'un la maintenait. Un léger sourire se dessina sur son visage tandis qu'une idée saugrenue lui traversait l'esprit. Étudiant l'environnement, il commença à escalader lentement les décombres et gravats, s'assurant de ne s'appuyer que sur les éléments stables ne risquant pas de glisser, et entreprit d'avancer avec prudence et discrétion pour attaquer son Maître par derrière. Il était redescendu des décombres et avançait à quatre pattes, se prenant de plus en plus au jeu du prédateur, et ne se trouvait plus qu'à deux mètres de la vieille femme. Il s'était replié sur lui-même, prêt à bondir et calculant toujours son angle d'attaque, quand il se décida. Et alors que ses muscles se contractaient, Sans-Nom prit la parole.

— Tu me dis quand tu as fini tes conneries ?

Arthur venait de se lancer tout en essayant de s'arrêter, et ses pieds restèrent collés au sol alors que son corps bondissait en avant, ce qui le fit chuter face contre terre avec fracas. Se redressant en se frottant le menton, il demanda d'un ton piteux.

— Mais comment vous saviez ?

— Ton Éther... Je ne te pensais pas déjà remis, en seulement une heure... Mais je sens aussi que tu y as été aidé...

Alors qu'Arthur se relevait, il s'immobilisa.

— Comment ça, aidé ?

Sans-Nom se retourna avec un étrange sourire aux lèvres.

— Allons, mon petit, ne me prends pas pour une andouille... On a fait des galipettes sous la couette.

Arthur ouvrit grand la bouche.

— Alors ce n'était pas un rêve ?

Le sourire de la tortue s'effaça immédiatement.

— Un rêve, dis-tu ?

Son regard était devenu incisif et son ton inquisiteur.

— Oui... J'ai rêvé d'une femme... Un peu trop entreprenante... C'était même presque un viol...

— Ton corps avait-il des signes de ce qu'il s'est passé ?

— Des signes ?

Sans-Nom soupira.

— Asterios m'avait prévenu que tu pouvais être dur à la comprenette... Avais-tu le sexe gluant, par exemple...

— Non... C'est pour ça que j'ai cru que c'était un rêve...

Sans-Nom reprit son baton et frappa le sol avec en criant.

— Je vais lui botter le cul à cette conne !

Arthur sembla pris au dépourvu avant de demander.

— Mais c'était un rêve ou pas alors ?

Sans-Nom se retourna vers le louveteau pour s'approcher lentement.

— Sais-tu ce qu'est la transe ?

— Un état de corps et d'esprit qui permet de détacher son corps astral du corps physique ?

La vieille femme pinça les lèvres.

— C'est un raccourci rapide, mais pour un non-initié, ça fera l'affaire. Et dans cet état, des Enfants de Gaïa de races différentes peuvent s'accoupler sans risquer d'enfanter des monstres...

— Des monstres ? Comme les métis ?

— Comme Cerbère, ou la chimère.

— Ah, donc des monstres...

— Oui. Mais l'autre point positif de l'accouplement sur le plan astral est la triche.

Arthur plissa les paupières, peu certain d'avoir compris. Soupirant, Sans-Nom reprit.

— Une femme pourrait sembler plus jeune, et un homme plus... Imposant...

En disant cet ultime mot, elle tapota l'entrejambe d'Arthur qui compris soudain.

— Et comme ce sera l'esprit et l'Éther qui influeront sur le ressenti, les orgasmes seront bien plus fort.

— Le truc parfait pour les épicuriens.

— C'est ça. Et qui connais-tu qui soit Maître de Transe et nymphomane ?

Arthur ouvrit de grands yeux avant de hurler.

— Maître Maribel ? Je me suis fait violer par un chacal cougar ?

Sans-Nom rigola avant de répondre.

— Rassures toi, il n'y a pas eu de vrai pénétration, tu es toujours... Innocent...

— Lâchez-moi tous avec ça ! Ca ne se fait pas quand même !

— Et je compte bien lui en toucher deux mots.

— Non ! C'est moi qui le ferais ! Je dois dès maintenant poser mon autorité !

— Bien. Alors dans ce cas je t'enseignerais un petit exercice pour que malgré le manque d'Éther tu puisses garder le contrôle de ton corps.

— Merci Maître. Et on commence quand ?

— Maintenant. Assieds-toi.

Pendant plus d'une heure, ils restèrent ainsi face à face sans bouger, jusqu'à ce qu'Arthur ne bascule en arrière en criant.

— La vache !

Se relevant en craquant des genoux, Sans-nom souria.

— N'est-ce pas. Tu as vu la puissance qu'il m'a fallu pour te vaincre ? Maribel n'a pas ma force Éthérique, mais elle est Maître, elle aura d'autres techniques et ruses. Alors ne baisses pas ta garde. Ou apprête-toi à baisser ton froc.

— Si poétique...

— N'est-ce pas. Allez, on reprend l'entraînement physique. Et cette fois-ci, essaies de m'attaquer aussi...

— Vous avez qu'à m'en laisser le temps !

Sans-Nom se mit en garde en répondant.

— Tu sais que tu as le temps de contre-attaquer. Tu te freines parce que je suis vieille et que tu as peur d'utiliser l'Éther. Mais comment apprendre à le canaliser si tu n'essaies pas ?

Remontant sa garde, Arthur marmonna.

— Je déteste les gens qui ont toujours raison...

Dans les secondes qui suivirent, Sans-Nom partie telle un missile alors qu'Arthur armait le poing.



La Trinité des Monstres - Tome 1 - LouveteauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant