La Trinité des Monstres - Tome 1 - Louveteau

27

Dans la seconde qui suivie, une lourde patte balaya Arthur, l'expédiant contre un mur du colisée qui se fissura à l'impact tandis que le public manifestait sa surprise. Se relevant, Arthur se montra malgré tout souriant.

— Ah, c'est un combat de chatouilles ? Il fallait me le dire tout de suite !

Golbar planta ses griffes dans le sol pour affermir sa prise avant de se propulser en avant et de charger la frêle créature qui lui faisait face. Mais alors qu'il allait l'écraser contre le mur d'un coup d'épaule, il ne rencontra pas de résistance et s'enfonça de quelques centimètres dans les pierres du colisée tandis qu'Arthur atterrissait derrière lui avec grâce. Sans se poser plus de question, le Perfectis fendit l'air de ses pattes, toutes griffes dehors, dans le but de lacérer sa victime qui se montra pourtant récalcitrante et esquiva chaque attaque en reculant d'un pas à chaque fois, jusqu'à ce qu'elle se lance subitement en avant, projetant son poing à un endroit particulier de l'abdomen du monstre, lui arrachant un glapissement de surprise et de douleur et le forçant à reculer.

— C'était ta rate. Est-ce que tu veux que nous continuions le cours d'anatomie ?

Golbar reparti à la charge en lançant un puissant coup de poing, et Arthur souria en revoyant la même scène qu'avec Breena se reproduire. Alors que le guerrier retombait lourdement sur le postérieur, Arthur fanfaronna.

— Je n'aurais même pas besoin de me transformer, si tu continues à ce rythme-là...

Golbar hurla de rage en se relevant, avant de sauter sur Arthur qui fit de nouveau comme avec sa sœur, frappant le titan dans la zone pelvienne et tenant la position tandis que le monstre roulait au sol et que le public hurlait de satisfaction. Se tournant lentement vers Golbar, Arthur demanda innocemment.

— Vous avez déjà couché ensemble, ma sœur et toi ? Parce que si ce n'est pas le cas, là tu ne vas pas pouvoir avant un certain temps... Allez, montres-moi comment tu pourras la protéger si quelqu'un en a après sa vie. Allez !

Golbar grogna de rage.

— Fais attention à où tu mets les pieds, Louveteau.

Plein de morgue, Arthur répondit.

— Je mets les pieds où je veux, et c'est souvent dans la gueule.

Golbar se releva en chancelant, et Arthur couru vers lui avant de glisser entre ses jambes pour se relever derrière lui et sauter sur son dos qu'il entreprit d'escalader jusqu'à sa tête, malgré les griffes qui lui lacéraient le dos pour le faire tomber. Se sentant glisser, trainé par une patte plantée dans ses côtes, il affermit sa prise autour de son adversaire en lui mordant l'oreille gauche et en agrippant son visage de sa main, faisant hurler Golbar qui parvint malgré tout à le rejeter alors qu'une immense gerbe de sang maculait le sol. Lorsqu'il put se relever, Arthur vit son adversaire se cambrer de douleur, et lâcha son œil en recrachant le morceau d'oreille qu'il avait dans la bouche, avant de mettre un genou au sol en grimaçant de douleur. Depuis presque la colonne vertébrale jusqu'à son flanc droit, sa peau était lacérée par la patte de son adversaire et le sang coulait en abondance.

Golbar, se ressaisissant vaguement lança de son œil valide un regard fou à Arthur qui le dévisageait comme un dément, avant que les deux n'arment le bras dans un cri de rage, le Perfectis poing fermé, Arthur paume vers sa cible. Les deux combattants s'élancèrent alors qu'Uther, Breena et Viviane hurlaient de terreur, et dans une déflagration tonitruante Golbar fut projeté contre le mur déjà fissuré qui s'effondra à l'impact. Bondissant, Arthur lui dégagea la tête qu'il martela de coups avant de le lever pour le lancer au centre de l'arène. Sonné, Golbar tenta de se relever par fierté plus que par instinct de survie, et Arthur braqua de nouveau la main vers lui. Seulement cette fois-ci, le géant ne fut pas propulsé en arrière, mais tomba à genoux en reprenant forme humaine tandis qu'un veloute de fumée rouge s'échappait de son plexus pour aller s'enrouler autour du bras d'Arthur qui poussait le plus sauvage et le plus bestial des cris et que Sans-Nom hurlait.

— Arthur arrête ! Tu as gagné !

Ivres de colère, Arthur s'avança tout en siphonnant son adversaire de son Éther, et alors que Golbar commençait à convulser, Breena se mit à pleurer et à supplier. Arthur se figea, avant de dévisager sa famille, et plus particulièrement sa sœur. Leur air terrifié le glaça. Tournant la tête, il vit Amani, Asterios et Sans-Nom afficher le même air, et Viviane pleurer en secouant la grille pour sortir de la cellule. Il réalisa alors que le silence qui planait dans le colisée était celui d'un public redoutant la suite des évènements. Il tendit alors de nouveau la main pour se positionner au-dessus de son adversaire et arma le bras pour un ultime coup.

— Je ne veux pas gagner comme ça !

Sa paume écrasa le plexus du guerrier inerte et aux yeux révulsés, et une onde de choc rouge se propagea jusqu'aux murs de l'arène, avant de revenir à une vitesse folle au corps sans vie dans une explosion lumineuse. S'écrasant lourdement au sol, Arthur manqua de perdre conscience, mais se força à se redresser tandis que la sphère blanche décroissait au rythme d'étranges pulsassions. Lorsqu'elle fut totalement résorbée, il se jeta sur son adversaire et contrôla son poult avant de rouler sur le côté. Du coin de l'œil, il vit Breena penchée par-dessus la rambarde et tendit un pouce vers le ciel, lui arrachant un sourire de et nouvelles larmes, de joie cette fois-ci.

Le silence perdura quelques éternelles secondes avant que la foule n'exprime une joie proche de la liesse et que les Maîtres n'avancent en bon ordre vers les combattants. Se penchant vers Arthur, Sans-Nom le dévisagea avec colère.

— Tu avais intérêt à t'arrêter. Et je ne veux plus jamais que tu fasses ça !

— Pas de soucis, Maître... C'est trop épuisant...

Amani et Asterios saisirent le louveteau par les aisselles pour le relever, tandis que les autres hissaient Golbar sur leurs épaules, et alors qu'ils s'apprêtaient à l'emmener vers l'infirmerie, il tourna une tête inerte vers Arthur et ouvrit l'œil droit, le seul qu'il lui restait.

— Merci de m'avoir sauvé... Mon Roi...

Pour toute réponse, Arthur hocha la tête alors que Vortigern prenait la parole.

— Peuple Changeforme, la race Lurus te prend à témoin pour la victoire de son nouveau Roi. Ce soir sera couronné Arthur Ard'Ri, dit Arthur le Second, Cœur de Meute de son nom de naissance.

Le peuple hurla sa joie tandis qu'Arthur marmonnait.

— Cœur de Meute ? C'est quoi ce nom de puceau ?

Amani souria en dévisageant son disciple mais ne répondit pas. Étonné, celui-ci ajouta.

— Les nouvelles vont donc si vite ?

— Oh oui...

Après qu'il fut guidé pour faire le tour de l'arène et être montré au peuple, il fut raccompagné à sa cellule de préparation. A peine fut-il rentré qu'il fut plaqué au sol par Viviane qui venait de lui sauter au cou.

— Tu es vivant !

— Et en plus j'ai gagné.

— Et en restant fidèle à toi-même !

— Oui M'Dame !

Sans se soucier des regards des Maîtres, Viviane l'embrassa avec passion, baisé qu'Arthur lui rendit avec fougue.