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Arthur s'était figé. Il connaissait cette voix, pour l'avoir entendu la nuit où sa vie avait basculé. Tachant de se maîtriser, il secoua délicatement Viviane qui émergeait de son sommeil et lui fit signe de se taire tout en mettant le téléphone en haut-parleur.

— Votre voix ne m'est pas inconnue...

— Je suis flatté que tu te souviennes de moi. Je me doute que tu as eu une semaine chargée, j'ai dû être le cadet de tes soucis... Sais-tu qui je suis ?

— A vu de nez, je dirais un voleur de téléphone...

Un rire puissant sorti du téléphone avant que la voix ne reprenne.

— Ne fais pas l'idiot, tu veux. Tu as trop à perdre. Et tu le sais...

Arthur le savait, il entendait ses amis gémir derrière la voix, visiblement bâillonnés.

— Tu es de ceux qui nous ont attaqués, mes amis, ma sœur et moi...

— Voilà, brave petit... Que sais-tu d'autre maintenant ?

— Vous êtes des vampires... Et vous en avez après moi...

— Et pourquoi ?

— Parce que je suis le Roi des Lurus.

— Oh ! Tu as été couronné ! Félicitation ! Tu as donc fais ta première mue...

Une certaine colère transparaissait dans la voix, et Arthur en prit note mais ne releva pas la dernière phrase volontairement.

— Merci. Qu'attends-tu de moi ?

— Mais voyons... Ta collaboration pleine et entière ! Sauf si la vie de tes amis ne t'importe plus. Après tout, nous le savons tous les deux, lorsqu'un Lurus rejoint la Meute, il doit dire adieu à sa vie d'avant...

Arthur prit une profonde inspiration. Il savait ce qu'il devait faire, il savait qui il devait servir. Il avait juré fidélité à son peuple et prit des engagements sur lesquels il ne pouvait pas revenir. Il poussa un profond soupire.

— Quelles sont vos conditions ?

Dix minutes plus tard, Arthur martelait la porte de son père en hurlant, ameutant tout le couloir qui commençait à s'approcher en s'inquiétant quand Uther ouvrit enfin la porte.

— Arthur... Qu'est-ce qu'il se pa...

Celui-ci le coupa sèchement.

— Salle du trône, maintenant. Tout le monde, Grand-père, Breena, Maîtres. Tout le monde.

Sans un mot de plus, le jeune roi s'en alla, laissant Uther perplexe. Jamais il ne l'avait vu ainsi. Son regard noir, son maintien, sa mâchoire crispée et son ton froid. Pour la première fois de sa vie, Uther vit son fils en colère, et il en éprouva une certaine peur.

En chemin pour la salle du trône, Arthur s'arrêta, les sens aux aguets. Il venait d'entendre une femme l'appeler. Une voix qu'il ne connaissait pas, mais au ton implorant. L'appel recommença, comme un murmure plus qu'autre chose, et Arthur le suivi, s'orientant en fonction de la voix, pour arriver dans la salle du trône où les autres commençaient à se rassembler. Alors qu'il courait en regardant en tous sens, Sans-Nom et Vortigern l'interpellèrent en vain avant d'échanger un regard lourd de sens tandis qu'Arthur avisait une petite porte dissimulée dans l'angle de la salle pour courir l'ouvrir et se retrouver face à une pierre au sein de laquelle était enfoncée jusqu'à la garde une épée.

Le regard rivé sur cette poignée, Arthur comprit vite à quoi il avait à faire, et pourtant il n'avança pas. La voix s'était tue, et il avait plus important à faire. Si vraiment il était celui qui devait la sortir, ce serait plus tard. Se détournant, il retourna dans la salle du trône sous les regards perdus de son auditoire, et s'assit alors que son grand-père l'apostrophait.

— On peut savoir ce qu'il te prend ? Pourquoi tu n'as pas essayé de sortir Excalibur.

Arthur le foudroya du regard.

— Et pourquoi pas ? J'ai plus important à vous dire.

— Plus important que ça ?

— Oui. Ils ont capturé Nicolas et Lucie.

Et alors que tous semblaient perdus dans l'incompréhension, Breena hoqueta de surprise tandis qu'Uther criait.

— On ne peut rien faire pour eux, je t'avais prévenu !

— Vas chier ! C'est entre autres choses ta faute ! On ne peut pas les laisser mourir pour quelque chose qui ne les concerne pas, et qu'ils ne connaissent même pas !

Sans-Nom frappa le sol de sa canne.

— De qui parle-t-on ?

Breena dévisagea la vieille femme.

— Ses... Nos amis humains...

— Oh...

Depuis son trône, Arthur reprit de plus belle.

— Oui ! Oh ! Ils ne méritent pas ça ! Je ne peux pas le tolérer ! Ce sont mes amis ! C'est mon frère, bordel de merde !

— Non, c'est un humain !

Vortigern s'était avancé en répondant.

— Ils n'appartiennent pas à notre monde. Ce sont d'innocentes victimes, et c'est malheureux, mais en tant que Roi des Rois, j'interdis toute intervention !

Sans-Nom et Myrddin frappèrent le sol de leurs cannes respectives avant d'annoncer en cœur.

— Le Roi des Rois a parlé !

Arthur les foudroya tous du regard en retroussant les lèvres avant de hurler.

— Bande de lâches ! Et vous vous prétendez guerriers et protecteurs de Gaïa ? Minable.

Sans un mot de plus, il quitta la salle alors que Breena, Golbar, Amani et Viviane échangeaient quelques regards entendus avant de se séparer.


La Trinité des Monstres - Tome 1 - LouveteauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant