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Arthur se réveilla lentement, dérangé par un bruit particulièrement énervant qu'il mit du temps à identifier. Tendant le bras, il prit la source du bruit qu'il leva à ses yeux avant de se redresser d'un bon. Sur l'écran de son téléphone portable apparaissait le nom de son frère. D'une main tremblante, il décrocha pour porta le combiné à son oreille avant d'interroger d'une voix inquiète.

— Nico ?

— Putain, enfin tu décroches, ce n'est pas trop tôt !

Arthur ne put s'empêcher de sourire quand il réalisa à quel point cette voix lui avait manquer.

— Moi aussi je suis heureux de t'entendre. Comment vas-tu ?

— On est sortis cette nuit. On a repris connaissance hier en fin d'après-midi... Ca a dû être un sacré accident de voiture...

Arthur se remémora l'attaque de ces inconnus et son humeur s'assombrit.

— Oui... Ça a été assez effrayant...

— Et Breena et toi, vous vous en êtes tiré avec quoi ?

Descendant le regard à son flanc droit, Arthur haussa les sourcils avant de répondre.

— Quelques ecchymoses à peine...

— Bien. T'as une voix bizarre, frangin. Tout va bien ?

Un lourd silence s'abattit, alors qu'Arthur réfléchissait à une réponse à donner. Que pouvait-il dire ? il avait encore lui-même du mal à croire à la réalité de tout ce qu'il vivait, et ignorait ce qu'il pouvait communiquer. Alors que Nicolas se montrait insistant, il se décida à répondre.

— Papa... Nous a fait un truc bizarre...

— Bizarre comment ? Il va bien ?

— Ouais... Enfin je crois... Mais au lendemain de l'at... De l'accident, on a déménagé...

— Hein ? Où ça ?

Arthur ne put retenir un soupir.

— Je ne sais même pas où je suis en fait... Le GPS du téléphone ne capte même pas...

— Arthur... Tu ne me dis pas tout.

— ... C'est vrai... Et c'est pour ton bien...

Nicolas hurla, et bien qu'ayant décollé son oreille du téléphone, Arthur entendit même Lucie s'exclamer au loin des suites de sa réponse.

— Comment ça, c'est pour mon bien ? Expliques toi !

— C'est la merde, frérot... Une merde sans nom... Et sans fond...

— Qu'est-ce qu'y a ? Dis-moi. Tu me fais peur...

— Je... j'ai été rattrapé par des affaires de familles que mon père a voulu laisser derrière lui, dirons-nous...

— putain, je le savais, je l'ai toujours su ! Ard'Ri, ça ne pouvait être que ça !

Arthur paniqua. Comment Nicolas aurait-il pu être au courant de quoi que ce soit ?

— La mafia bretonne ! C'est ça Arthur ?

L'intéressé dut se retenir de rire.

— Ouais, c'est ça... La mafia bretonne... Écoutes, il faut que tu saches que je suis désolé pour tout ça...

— Ouais, j'ai compris, je suis supposé te sortir de ma vie, c'est ça ?

Arthur sentit les larmes monter à ses yeux et dans sa gorge.

— Oui...

— Et comment tu veux que j'oublie presque vingt ans d'une bromance aussi intense ? Putain, si t'avais été une femme, c'est avec toi que je vivrais aujourd'hui.

Arthur rigola entre deux larmes.

— La même. Je t'aurais cassé les hanches tous les soirs... Mais je suis obligé de faire ça pour te protéger...

— Et si tes problèmes venaient à moi ?

Arthur redressa lentement la tête. Il venait de réaliser qu'effectivement, leurs assaillants les connaissaient et pouvaient s'en prendre à eux en pensant l'atteindre lui. Il réfléchit vite avant de répondre.

— Ma ligne est active, que je sache. Fais-moi sonner, et je te rappelle. Si ça ne décroche pas, c'est que tu as des soucis, et alors...

Et alors quoi ? Que pourrait-il faire ? Il se senti soudain prisonnier de cette nouvelle vie. Néanmoins, il fit preuve d'autant d'aplomb que possible en montant volontairement à celui qui comptait le plus dans sa vie.

— Et alors j'arriverais ventre à terre.

— Juré ?

— Croix de bois, croix de fer, si je mens, je paie ma bière.

Dans le combiné, le rire de Nicolas lui rendit le sourire. Un sourire malheureux de savoir qu'il l'entendait vraisemblablement pour la dernière fois.

— Mais maintenant, je vais devoir te laisser, Nico...

— Tu n'as pas le choix ?

— Je n'ai pas le choix...

— Tant pis alors... Écoutes, je...

— Oui, je sais... Moi aussi vous me manquerez... Soyez heureux... Je t'aime...

— Moi aussi...

Arthur n'entendit pas la réponse, son doigt pressa l'écran pour raccrocher juste après ses derniers mots. Perturbé, il reposa le téléphone sur sa table de chevet d'une main tremblante tandis qu'à ses côtés Viviane le regardait avec compassion.

— C'est qui ?

— C'est mon meilleur ami, mon frère... C'était...

A plusieurs dizaines de kilomètres de là, Nicolas regardait son téléphone sans comprendre tout ce qui venait d'être dit. Il savait qu'Arthur lui mentait, et ça ne s'était jamais produit avant. En fait, il ignorait même qu'Arthur était capable de dire autre chose que la vérité. Une larme s'écrasa sur son écran tactile alors que Lucie lui demandait des explications qu'il ne pouvait pas fournir, tandis que de l'autre côté du mur, Septus regardait son frère et sa sœur en souriant. La chasse allait pouvoir continuer. Leur gibier était en vie, et ils avaient des appâts de premier choix.


La Trinité des Monstres - Tome 1 - LouveteauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant