Chapitre 15

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La porte du salon enterré s'ouvrit en grinçant devant la vampire. La vieille femme voûtée qui avait accueilli Éléonore entra la première, elle était suivit d'une magnifique jeune femme de vingt-cinq ans, l'aînée des trois sœurs.

Le corps au divine proportion de Rosaline était vêtue d'une delicate robe de chambre blanche vaporeuse, sur laquelle tombait, en une délicieuse cascade de boucles dorées, sa longue chevelure. Son visage digne des plus belles déesses de l'antiquité était formée de grand yeux bleus surmontée d'épais sourcils clair. Son nez était fin et légèrement retroussé et ses lèvres merveilleusement dessinées, des pommettes saillantes et un port de tête altier terminait de la rendre bien plus belle que tout ce qui l'entourait dans cette demeure miteuse.

Enfin, Ernestine se dévoila à la lumière des chandeliers de la pièce. Les deux sœurs se ressemblaient fortement, elle partageait les mêmes traits de visage, bien que les joues de la cadette était plus arrondie. Celle-ci arborait une chevelure châtains clairs coiffée en deux longues tresses laissées pendre de chaque côté de son cou et était vêtue d'une chemise de nuit large et terne. Un embonpoint certain était logé sur son ventre et ses hanches.

Les trois femme prirent place sur la banquette face à Éléonore.
— Qu'est-ce que cette femme peut-elle bien vouloir au beau milieu de la nuit, chuchota Rosaline à sa mère dans un bâillement.
— Avant que je ne vous révèle la raison de ma venue, laissez-moi me présenter, s'exclama la vampire avant que Régine n'ai pu ouvrir la bouche. Je m'appelle Éléonore et si je ne pouvais attendre le lever du jour pour venir, c'est parce que je suis une vampire.

Les peaux des deux jeunes femmes frémirent en entendant ces révélations. Elles se serrèrent l'une contre l'autre, prêtes à user de leur pouvoirs si nécessaire.

— Les filles, un peu de tenue ! aboya Régine. Nous avons une invitée de marque, montrez-lui le respect qu'elle mérite !
— Si vous accédez à ma requête, je ne vous ferais aucun mal et vous payerait plus que généreusement, reprit Éléonore sans prêter attention à la réaction des deux sorcières.
— Et que pouvons-nous faire pour vous ? demanda Ernestine.
— Rompre une malediction qui pèse sur moi depuis bien trop longtemps, me défaire de ma vie !

Un long silence s'installa dans l'assemblée.
— En quoi avez-vous besoin de nous ? Les vampires ne craignent-ils pas la lumière du soleil et les pieux ? fit Rosaline.
— En effet, mais pas moi. Une puissante sorcière a sacrifié sa propre vie pour que la mienne ne se termine jamais, mais ce qu'une sorcière a fait, une autre doit pouvoir le défaire !
— La sorcellerie ne marche pas de cette façon... Puis vous êtes riche n'est-ce pas ? Vous êtes belle et immortelle, pourquoi vouloir mettre fin à votre vie ? demanda Ernestine.

Éléonore baissa le regard un instant.
— La vie n'est pas seulement matériel, il y a des choses que ni l'argent, ni la beauté ne peut acheter, il y a des choses que seule la mort peut nous faire retrouver... Une partie de mon cœur m'a été arraché, mon sang a été maudit et mon âme pervertit par la rage, c'est le seul moyen pour moi d'être complète à nouveau.
— Vous... vous voulez mourir pour retrouver un homme ? C'est bien ça ? Vous voudriez renoncer à tout ce que le monde peut vous apporter pour une chose aussi futile et passager que l'amour ? s'exclama Rosaline.
— Ces paroles sont celles d'une petite prétentieuse qui n'a jamais connu le véritable amour, qui ne sait pas ce que c'est de se laisser aller dans les bras d'un autre, de ne plus faire qu'un avec lui de corps, mais aussi d'esprit et d'âme. Ce qui reste de moi sur cette terre n'est que la partie la plus abominable de mon être, ce n'est plus qu'une coquille vide d'amour et pleine de rage. Je suis ne plus en vie depuis bien longtemps, mais mon esprit est toujours prisonnier de cette enveloppe immortelle dont je ne peux me défaire seule.

Eleonore's SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant