Chapitre 40

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— Ça suffit ? demanda Éléonore face au mutisme de la sorcière alors que la cavité menaçait de déborder.
— Oui ! Nous en avons assez ! répondit-elle brusquement à sa sortie de sa rêverie inquiétante.

Un sang assombrit ne pouvaient rien indiquer de bon. Lilith retira sa main et approcha la blessure de son regard, lorsqu'elle en aurait fini avec Éléonore, elle devrait découvrir la cause de cette étrange affection. La sorcière se concentra à nouveau sur son ouvrage. Elle fixa la cavité et plongea sa main dans le mélange de sang, l'un chaud et l'autre glacé, pour les mêlées parfaitement.

— Muem roc, entonna-t-elle dans l'étrange langue de la sorcellerie maléfique.

Ses lèvres se refermaient à peine, mais déjà, les flammes du premier anneau s'élevèrent de plusieurs mètres dans l'air sombre de la nuit, chassant quelques instants l'obscurité de leurs infernales lumières rougeoyantes et dansantes. Sous leurs pieds, les deux femmes sentirent la terre trembler d'effroi. Les langues de feu toutes droit sorties de l'enfer faiblirent rapidement pour mourir et ne plus laisser qu'une bande de braise fumante.

Pas la moindre once d'inquiétude ne traversa Lilith. La maîtresse de la cérémonie de nécromancie se leva et appela d'un geste à elle, la cage dans laquelle était enfermée la poule.

— Maintenant que avons le cœur, celui-ci doit avoir du sang à faire circuler.

La sorcière attrapa sans ménagement la volaille par le cou. La poule tenta de se débattre de cette étreinte brutale, mais Lilith ne lui laissa pas le loisir de gesticuler très longtemps. Elle se saisit d'un couteau de l'autre main et trancha la tête du volatile. Une effusion de sang jaillit du cou sectionné de l'animal et retomba en une pluie vermeille sur le monticule de terre. La moindre goutte de sang fut absorbée par la glaise.

— Siugnas, déclama Lilith d'une terrifiante voix grave.

L'écho de ce mot résonna un instant dans la nuit avant de mourir avec l'ascension dans l'air sombre, des flammes du deuxième anneau de feu. Un vent violent souffla soudain sur les antiques ruines du temple romain, les longues chevelures des deux femmes furent emportées par ces brusques bourrasques et dansèrent dans l'infernal brasier qui les enveloppaient, jusqu'à ce celui-ci meurt à son tour et laisse l'obscurité gagner un peu plus de terrain.

Lilith resta parfaitement concentré sur sa tâche, et s'accroupi à nouveau, elle emplit le second puits, à l'extrémité du monticule de glaise, de la cire d'un cierge. La substance refroidie rapidement et forma une vasque étanche dans la terre. La jeune femme leva à nouveau la main, cette fois-ci, ce fut la bouteille d'eau bénite qui vola jusqu'à ses doigts. La sorcière déversa abondamment l'eau sacrée dans la cavité.

— Ce corps d'argile est désormais doté d'un cœur et de sang, il lui faut maintenant un esprit, une âme pour lui permettre de revenir à la vie. Pour cela, il faut ajouter l'une de tes larmes ! déclara la sorcière avec sérieux.
— Une larme ? Je ne pleurs pas si facilement ! rétorqua froidement Éléonore.
— Pense à Théolias, pense au manque qu'il t'inspire, à la douleur que son absence te fait ressentir.

La vampire détourna son regard de Lilith, elle se plongea à corps perdue dans ses biens les plus précieux, les souvenirs gardés dans sa mémoire de son tendre époux. Il fallut bien moins de temps que la sorcière ne le craignait, pour voir apparaitre au coin de l'œil de la vampire, une timide perle d'eau salée. De l'un de ses longs ongles, Lilith récolta le précieux nectar de tristesse, scintillant à la lumière des flammes du dernier cercle et laissa tomber la larme dans la cavité.

— Aem amina, récita cette fois la sorcière.

Les flammes du troisième et dernier anneau s'élevèrent à leur tours dans la nuit et accomplirent une danse infernale. Comme pour les deux premiers cercles, le feu mourut après seulement quelques secondes, l'obscurité la plus épaisse et lourde que cette forêt n'avait jamais connu, englouti les abords du temple antique. La terre trembla de retour, un vent glacial assailli de nouveau les ruines, mais amena cette fois-ci dans son souffle, des cristaux de glaces. Éléonore leva brusquement la tête vers le ciel, la neige tombait abondamment sur ses épaules malgré la saison estivale.

Eleonore's SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant